« Nous aussi, nous pouvons exister dans le sport automobile »: dans le paddock des 24 Heures du Mans, qui débutent samedi, de plus en plus de femmes tentent de se faire une place dans un milieu encore majoritairement masculin. Plusieurs d’entre eux ont raconté à l’AFP leur parcours :
. Sarah Bovy, de la fête foraine à la première victoire
C’est une fête foraine qui a emmené Sarah Bovy sur le circuit sarthois. « J’ai découvert le circuit sur une petite piste ovale avec des karts, et j’ai adoré »se souvient le Belge de 35 ans, pilote des Iron Dames, la seule équipe 100% féminine engagée au Mans cette année. » Le coup de foudre « Actrice, Sarah Bovy a troqué à l’âge de 13 ans ses baudriers d’escalade – qu’elle pratiquait en compétition – pour des volants de kart. « Mais on a tout de suite vu avec mes parents que ça allait être compliqué faute de moyens », se souvient-elle aussi. La jeune femme peut cependant compter sur son père, ancien pilote, pour entrer dans un milieu très fermé. « Si je n’avais pas été une fille »elle explique « mon père n’aurait probablement pas autant insisté »parce qu’être une femme dans ce milieu « attire plus de lumière » pour les sponsors. Depuis une vingtaine d’années, la Liégeoise participe à quelques courses par an, parallèlement à ses études. Diplômée en marketing et gestion, elle devient chasseuse de têtes puis, lassée des bureaux, se lance dans le toilettage canin. Arrivée aux Iron Dames en 2021 suite « d’un email envoyé après avoir constaté qu’un pilote allait s’absenter »la voici une semaine plus tard installée dans un siège qu’elle ne quittera plus – remportant même sa première victoire en WEC dans la catégorie GT – le championnat du monde d’endurance automobile dont font partie les 24 Heures du Mans – à Bahreïn à la fin de 2023.
. Élise Bauquel, « mécanicien » dans l’ensemble
« Quand je lui ai dit que je voulais devenir mécanicien, mon père m’a dit non. Je lui ai dit ‘je ne te le demande pas’. Arrivée dans le monde du sport automobile en 2008, Elise Bauquel vit aujourd’hui au rythme de sa passion qui l’emmène aux quatre coins du monde, du Mans au pied du Mont Fuji au Japon, du Qatar au Brésil. Pourtant, rien ne prédestinait cette mécanicienne de 41 ans, actuellement chez Porsche Jota, à cette carrière, les mains sales. « Dans ma famille, personne ne s’intéresse au sport automobile, ni même aux voitures en général », elle explique. Partie travailler dans un bureau d’études, la jeune femme explique avoir suivi une amie qui faisait des courses de côte et s’est dit » pourquoi pas ? « . Sorti des bureaux, le Nancéien intègre l’Ecole de Performance de Nogaro (Gers), réputée dans le monde de la compétition, en 2006, avant de rapidement se former. Aujourd’hui seule mécanicienne de l’équipe, cette Lorraine volontaire nous assure : « Je ne me vois absolument pas faire autre chose ».
. Laura Wontrop Klauser, l’ingénieur devenue réalisatrice
Sous ses ordres : plusieurs centaines de personnes. A 35 ans, Laura Wontrop-Klauser occupe depuis 2021 le prestigieux poste de chef d’équipe, ce qui fait d’elle la seule femme à ce poste dans la catégorie reine aux 24 Heures du Mans. Directrice des programmes d’endurance Cadillac et Corvette depuis 2021, l’Américaine a débuté sa carrière en 2008 chez General Motors, le groupe auquel appartiennent les deux marques. D’abord stagiaire au sein du géant automobile, cet ingénieur de formation a passé du temps «les huit premières années de sa carrière dans la production automobile». En 2016, la jeune femme poursuit son ascension en rejoignant la branche sport automobile du groupe – gravissant les échelons jusqu’au sommet de la pyramide. « Quand j’ai décroché le poste et commencé à travailler, je me suis dit que c’était exactement là que j’appartenais ».
. Lisa Weishard, le visage de la sécurité
Déléguée sportive à l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), organisateur des 24 Heures du Mans, Lisa Weishard a une priorité : « assurer la sécurité de tous ». A 33 ans, la jeune Metzoise est également chargée de faire respecter la réglementation sportive. Une mission que cela « passionné de sport automobile depuis que je suis petit » je n’abandonnerais pour rien au monde. « J’ai toujours voulu faire ma vie dans les paddocks, alors j’ai fait tous mes choix d’études en fonction de ça »elle dit. « Je voulais être ingénieur mais je n’aimais pas la physique, alors j’ai fait une école de commerce et suis entré à l’ACO par le marketing avant qu’un patron ne me fasse suffisamment confiance pour me faire +passer+ au sportif ». Qu’est-ce qui l’impressionne encore aujourd’hui ? « La recherche de la performance ultime certainement ! »