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Top 14 – « Il a dégoûté beaucoup d’équipes » : Levani Botia (La Rochelle) raconté par les Rochelais avant son 200e

Ce samedi, contre Toulon, Levani Botia fera sa 200ème apparition sous les couleurs de La Rochelle. Phénomène physique à la puissance presque animale, le Fidjien terrifie les défenses du Top 14 depuis maintenant 10 saisons. Ses anciens coéquipiers et entraîneur nous parlent du phénomène destructeur.

Présent sur les terrains de France depuis maintenant 10 ans, Botia disputera donc ce samedi son 200ème match avec La Rochelle face à Toulon. «C’est une étape tellement importante pour moi» confia le flanc moustachu. Habituellement, je ne fais pas attention à mon nombre de matches, je veux juste jouer et profiter du moment présent sur le terrain, mais atteindre 200 matches est l’un des plus grands exploits que j’ai réalisés dans ma vie et dans ma carrière. « Leps » sera à l’honneur dans sa résidence secondaire, à Marcel-Deflandre, où il a disputé son deuxième match professionnel.

La première ? C’était à Colomiers, un samedi de mars, à la première place de centre. Romain Sazy, avec qui Botia a partagé 152 feuilles de match, s’en souvient comme si c’était hier. « Quand je suis rentré aux vestiaires juste après la promenade d’avant-match sur le terrain, je l’ai vu mettre un bandeau comme un numéro 8, raconte l’ancien capitaine de La Rochelle. Je me suis dit : « mais qu’est-ce qu’il fait ? » J’avais presque envie de rire et de me moquer de lui. Bizarrement, après l’échauffement, j’ai compris l’animal que nous avions recruté et je ne riais plus du tout. J’étais très heureux qu’il soit avec nous ! Je me souviendrai toujours de son premier tacle dans ce match. Il y a eu un bruit énorme, très fort. Même visuellement, l’énergie dégagée était impressionnante. ». Une puissance naturelle et pure, qui a déferlé tel un tsunami sur les pelouses de Pro D2 et de Top 14. À l’image de cette fameuse percussion sur Alexis Palisson, ailier du Stade toulousain en mars 2017.

« Il a dégoûté beaucoup d’équipes »

Symbole de la progression constante du Stade Rochelais, Botia incarne cette Rochelle qui écrase, qui blesse les carcasses, cette Rochelle qui gagne, avec évidemment les deux titres en Champions Cup 2022 et 2023. Flânant entre les positions de centre et de troisième ligne, il a finalement élu domicile dans l’aile du peloton suite à une décision de Patrice Collazo. Plus qu’un choix gagnant. Sa spécialité, les concours de jeux au sol, a fait de lui l’un des meilleurs grattoirs au monde. On dit même que l’extraire d’un ruck est une force extraordinaire, proche de la divinité. « Il a besoin de marquer l’adversaire, de le dominer, explique Sazy. C’est un joueur aux qualités extraordinaires. Quand il baisse les mains, c’est fini, impossible de l’enlever. Il a dégoûté beaucoup d’équipes. »

Levani Botia contre Lyon
Levani Botia contre Lyon
Sandra Ruhaut / Icon Sport – Sandra Ruhaut

Par exemple ? La Section paloise qui avait subi la foudre du tout nouveau pensionnaire du rugby français. Son incroyable doublé lors de la demi-finale de Pro D2 en 2014 pour ses premiers pas en France reste encore dans la mémoire du numéro 8 de ce match, Kévin Gourdon. « Lors de cette demi-finale, c’était dingue, il a traversé le terrain, de haut en bas et à travers le terrain. J’ai rarement vu une performance individuelle comme celle-là, » dit l’homme aux 19 sélections. Vous vous en doutez, en seulement huit matchs sa première année, il figurait parmi les nominés pour le titre de meilleur joueur de Pro D2. C’est dire à quel point il était fort. Lors de son passage à La Rochelle, pour moi, il était clairement l’un des meilleurs troisièmes trios au monde. »

Sa simple présence comme ascendant psychologique

Au-delà des prédispositions physiques, il y a un aspect mental très important dans la carrière de ce boulet de démolition sur pattes. Sa simple présence a un impact dans la bataille psychologique d’avant-match. Avant d’affronter La Rochelle, les adversaires savent bien que ce ne sera pas amusant si Botia est sur le banc. 101 kg de muscle pour une explosivité étonnante : l’international fidjien cumule un rapport poids/puissance dévastateur, à tel point qu’il est obligé d’en garder sous les pieds lors des entraînements.

« Même dans les vraies séances d’opposition, ce n’est pas leur philosophie (les joueurs fidjiens, ndlr) de se donner à 110% dans les phases de contact, explique Xavier Garbajosa, son ancien entraîneur (2014 à 2019). Et c’est bien, car ils peuvent vous tuer, mec. Ils sont obligés de se contrôler, sachant qu’ils détiennent ce super pouvoir naturel. A chaque intervention, il blesse les hommes. Lui et Josua (Tuisova) constituent de réelles menaces. Défensivement, ils sont capables de briser une action en désavantage numérique en effectuant un gros tacle offensif. Ce sont des séquences qui vous apportent une bouffée d’air frais. Pour s’entraîner, c’est le top, ils écoutent et absorbent beaucoup de conseils. Dans les placements, le jeu debout, là, ils donnent tout par contre. Pour ma part, c’est le premier nom que l’on coche sur sa liste, quel que soit le poste. ».

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Un joueur extraordinaire sur le terrain mais aussi dans la vie. Ses coéquipiers ou ex-coéquipiers soulignent qu’il est exactement le contraire de ce que l’on voit sur le terrain. Papa poule de sa fille prénommée Rochelle, il est « extrêmement gentil, d’une humilité sans pareille et profondément amoureux de son club ». Ce samedi, il sera aligné en troisième ligne avec la volonté de mettre sa deuxième famille en bonne position pour se qualifier pour la phase finale. Alors qu’à 35 ans le crépuscule de sa carrière n’est pas loin, il n’a plus de temps à perdre !

Jeoffro René

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