« Pierre Gagnaire est ma plus belle rencontre »
Comment s’est passée la finale ? Avez-vous pu réaliser les plats que vous aviez en tête ?
« Le test final ressemble plus à notre travail quotidien. On arrive dans une cuisine, on a une équipe, un menu et il faut déplier, servir, il y a beaucoup d’assiettes à réaliser et tout doit être parfaitement expédié. J’avais mon menu sur papier, mais, comme d’habitude, j’ai beaucoup réfléchi instinctivement et j’ai modifié quelques éléments pendant le test. Je n’avais fait aucun test auparavant, j’ai donc dû m’adapter. Même si ce que l’on a en tête n’est pas toujours ce qui ressort, je suis content du résultat. »
Si vous deviez refaire cette finale, changeriez-vous quelque chose ?
« Non, je ne changerais rien, c’était un super moment, je me suis beaucoup amusé et je n’ai aucun regret. »
Vous avez affronté Jorick, un candidat dont vous avez été proche durant l’aventure. Était-ce difficile de faire face à votre ami ?
« On était un trio avec Jorick et Valentin, on avait déjà atteint la demi-finale et c’était très sympa, même si on savait que l’un de nous allait devoir partir. Finalement, la finale était la cerise sur le gâteau, nous méritions tous les trois d’être là. C’est toujours mieux de rivaliser entre amis, parce que c’est sain, on se souhaitait le meilleur et on voulait que ça se passe bien pour nous deux. »
« Le chef Gagnaire est très généreux »
Comment avez-vous vécu la brigade cachée ?
« Au début, j’avais vraiment la flemme de rentrer, puis ma copine m’a secoué en me disant que je ferais mieux d’aller tout démolir, parce qu’elle gérait tout à la maison. J’ai eu une assez bonne expérience car ça s’est plutôt bien passé pour moi, je n’ai fait que deux essais, c’était rapide. C’était une très belle surprise et c’est une motivation supplémentaire de dire que nous allons partager la suite de l’aventure avec Pierre Gagnaire. Je pense que c’est le chef avec qui j’ai passé le plus de temps, pendant la compétition, mais aussi dans les moments « off ». Il est très généreux de son temps, nous avons beaucoup parlé de cuisine et de la vie en général. Malgré notre différence d’âge, nous avons beaucoup de points communs. »
Dans quel état d’esprit étiez-vous lorsque vous avez réintégré la compétition ?
«Je suis revenu en me disant : tu es Excellent chef Une fois dans sa vie, beaucoup de gens aimeraient être ici, ta copine s’occupe de tout à la maison pour que tu vives ton aventure, donc tu dois tout donner. Du coup, je suis revenu à la compétition avec un état d’esprit totalement différent, je n’étais pas très compétitif avant, mais je me suis dit, que ce soit mes amis ou pas, j’y retourne et je gagne Excellent chef. »
« Dans ce genre d’aventure, les émotions sont exacerbées »
Était-ce difficile de garder le secret de la brigade ?
« Ce n’était pas facile car les autres posaient beaucoup de questions. J’ai dû leur mentir et ce n’est pas facile, d’autant que dans ce genre d’aventure, les émotions sont exacerbées. Un soir, j’étais dans une chambre avec Valentin, je devais reprendre l’avion le lendemain pour Copenhague, il me disait au revoir, il y avait une vraie sincérité dans ses émotions, alors que je lui mentais et que la compétition était pas fini pour moi ! »
Comment s’est déroulée votre aventure avec les chefs de la brigade grise ?
« Avec le chef Paul Pairet, on s’est vite sympathisés tous les deux, déjà parce que je pense qu’on a tous les deux des carrières internationales, ça a des points communs, on se comprend facilement. En dernière chance, j’avais cuisiné un poulet du Sichuan, il m’a dit que c’était parfait, mais qu’il fallait faire attention, car je m’adressais aux palais français. Il a réussi à me recadrer. Et puis il y a eu la rencontre avec Pierre Gagnaire qui a été très fluide, c’était ma plus belle rencontre en tant que chef. »
« Ce n’est pas la cuisine que je fais, ce que j’ai fait dans « Top Chef » »
De quel plat êtes-vous le plus fier ?
« Mon dernier plat. Je sais qu’il a beaucoup plu. Et celui qui me remet en compétition avec le chef Gagnaire, le plat sur les feux de forêt dans les Landes. Ce sont les deux plats que je retiendrai de ce concours. Il n’y en a pas eu beaucoup pour être honnête ! » (des rires)
Comment avez-vous vécu votre aventure ?
«Je n’étais pas dans ma zone de confort en train de faire Excellent chef, je ne cuisine pas en me disant « tu vas revisiter un avocat crevette », ce n’est pas ma façon de penser. Je n’utilise pas trop de produits génériques, j’utilise beaucoup de choses que je récupère. Il y a une âme et une réflexion qui vient petit à petit, ça ne vient pas en cinq minutes devant un produit sur un étal. Il faut que je réfléchisse plusieurs semaines avant de tenter le coup. Les épreuves en binôme ont aussi été difficiles, il faut s’adapter, faire des concessions, se mettre d’accord et communiquer dans un temps très très court. Ce n’est pas la cuisine que je fais, ce que j’ai fait à Excellent chef, mais je ne regrette rien, je savais aussi dans quoi je m’embarquais. »
Quel test vous a posé le plus de difficultés ?
«Je crois que c’est le test de porno alimentaire. Je n’étais pas du tout inspiré ! »
Quel est votre meilleur souvenir de la compétition ?
« Pour moi, les meilleurs moments ne sont même pas le temps passé en cuisine, ce sont les rencontres, notamment avec Valentin et Jorick. Nous avons passé beaucoup de temps tous les trois à discuter, à refaire le monde. Ce sont de très très bons souvenirs. »
« Je ne savais pas que j’en avais la capacité »
Qu’attendais-tu de Excellent chef ?
« Déjà, j’espérais ne pas me tromper ! La première épreuve fait peur à tous les cuisiniers qui le font Excellent chef. Dans le restaurant dans lequel je travaille depuis plusieurs années (NLDR : à Copenhague, Danemark), il y a peu chiffre d’affaires, nous ne travaillons qu’avec des machines de guerre qui sont très talentueuses et il est difficile de se rendre compte de leur niveau. Je suis arrivé à Excellent chef, il y avait 16 candidats, je me suis dit que si je partais septième ou huitième, c’était déjà bien. La finale est un rêve, mais je n’avais pas réalisé que j’en avais les capacités. »
Qu’as-tu appris ?
« Concernant ma méthode de création, je n’étais pas capable de créer comme je crée habituellement. J’ai dû chercher autre chose que je n’avais pas exploré jusqu’à présent. J’ai dû puiser dans des souvenirs personnels pour donner une orientation à ma recette. »
« La cuisine se partage »
Est-ce que c’est ça Excellent chef ça a changé quelque chose dans ta vie professionnelle ?
« Nous avons deux restaurants à Copenhague, j’ai accepté de gérer la cuisine de l’un d’entre eux. C’est un endroit que j’adore, où nous faisons notre jardin, notre cueillette. J’étais content d’aller me cacher là pendant l’émission, parce que j’avais un peu peur que les gens me reconnaissent dans la rue, je savais que j’allais être papa, je voulais profiter d’être loin de tout ça. Quand je suis revenu en France, les gens étaient tous très sympas, c’est tout positif, même sur les réseaux sociaux, les gens sont sympas. C’est ce qui change un peu mes projets, et ayant eu un fils en même temps, j’ai envie de me rapprocher de ma famille en France.
Et pour remercier les téléspectateurs qui me soutiennent, je me suis dit que le meilleur moyen était de leur préparer à manger. Je m’approvisionne beaucoup lors de mes cueillettes au Danemark et l’objectif est de revenir en France en septembre et de faire découvrir la région scandinave aux Français. Il est temps pour moi de penser à ouvrir un restaurant, et avant cela, pour me remettre dans le bain, je ferai probablement des dîners, des pop-ups, des événements. »
Avez-vous des conseils culinaires à donner à nos lecteurs ?
« Peu importe ce que vous mangez, ce qui compte, c’est avec qui vous mangez. La cuisine est partagée. Et puis, ce n’est pas forcément ce qu’on met dans l’assiette, c’est l’intention qu’on met dans un plat qui compte. »
Excellent chefla finale de la saison 15, ce mercredi 19 juin, à partir de 21h10, sur M6.