Philosophie. Quand la parole devient action

Barbara Cassin, chercheuse médaille d’or au CNRS et académicien, occupe une place à part dans le paysage intellectuel français. Cet « immortel » ancré dans les débats actuels autour de la langue, de l’hospitalité ou encore de la démocratie a un double visage. A la fois philologue et philosophe, elle a consacré ses recherches à la traduction et au commentaire des écrits des philosophes et des grands sophistes, antérieurs ou contemporains à Socrate. Ce même peuple qui, après Parménide et Platon, a donné à la pensée occidentale sa base conceptuelle et la première étincelle de ce qui, des siècles plus tard, deviendra la science telle que nous la connaissons depuis Galilée et Descartes. Sans parler du rôle qu’ils ont joué, de Gorgias à Aristote, dans la transformation du questionnement politique sur l’homme et ses possibles dans la cité.
On ne peut donc que se réjouir de voir son travail enfin réuni dans un volume joliment intitulé « Ce que les mots peuvent faire ». Certains étaient devenus introuvables, comme « Parménide, le langage de l’être ? ou « Aristote, la décision du sens ». Ils entament ici une seconde vie, révélant au passage qu’une série de traductions de grands classiques, surtout lorsqu’elles sont couplées à des titres originaux consacrés à des problèmes actuels (pouvoir de Google, « migrants », etc.), peut conduire à la constitution d’une authentique œuvre de l’esprit.
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