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Philippe Bouvard, roi des ondes et père des « Grosses Têtes »

Journaliste et artiste public avec « Les grosses têtes »Philippe Bouvard a accompagné les Français pendant 60 ans à la radio avant d’annoncer une retraite qu’il a longtemps refusée.

Pilier de RTL où il travaille depuis les années 1960, son nom reste attaché à celui de  » Grosses têtes « une émission qu’il lance en 1977, ce qui en fait l’une des plus écoutées en France.

Lorsqu’en septembre 2014, après 37 ans aux commandes, il doit céder sa place à Laurent Ruquier, appelé pour rajeunir l’émission, Bouvard, proche de 85 ans, le prend mal.

« Ce n’est pas moi qui ai pris la décision (d’arrêter) mais je l’ai acceptée. L’annonce de cet abandon, parce qu’il en est un, est navrant”déclara-t-il alors.

Huit ans plus tard, la plaie mal refermée, il confie qu’il aurait été incapable de s’arrêter tout seul. « les grosses têtes ». La station lui a alors dit « Bonjour Bouvard »diffusée le week-end, qui s’est terminée à l’été 2020.

Infatigable et toujours au courant de l’actualité, malgré sa vue et son audition défaillantes, il possède encore à 94 ans une page dans le magazine VSD, ainsi qu’une chronique dominicale sur RTL.

Philippe Bouvard, roi des ondes et père de

Mais il s’est résigné à « être silencieux » Le 1er janvier 2025, l’a-t-il annoncé dimanche matin, sur sa chaîne comme il se doit. « Car au 1er janvier, j’aurai établi le double record que j’espérais, soit 60 ans de radio et 60 ans de RTL ».

Philippe Bouvard a toujours été hyperactif : 30 000 articles, 6 000 émissions de télévision, recensait-il début 2013 dans le quotidien Nice Matin avec lequel il collaborait.

À la télévision, il présente de 1982 à 1987 « Le petit théâtre de Bouvard » sur Antenne 2, une émission de sketchs où s’essayent de jeunes comédiens dont plusieurs connaîtront le succès (Muriel Robin, Pascal Legitimus, Mimie Mathy, Chevallier et Laspalès…).

Né le 6 décembre 1929 à Coulommiers (Seine-et-Marne) d’un couple de petits commerçants, Philippe Bouvard entre au Figaro en 1952 comme garçon de courses, après un court passage au Centre de formation des journalistes. Il gravit les échelons, signe la chronique mondaine et devient directeur des services parisiens.

Humour gaulois

Philippe Bouvard, roi des ondes et père de

En 1973, il quitte Le Figaro pour France Soir, où il occupe plusieurs postes hiérarchiques et écrit un article publié à la Une pendant des années.

Il le quitte en septembre 2003. Au cours de sa carrière, il a également été conseiller technique à L’Express et chroniqueur à Paris Match.

Il devient rédacteur en chef de RTL en 1968 et lance « Les grosses têtes » le 1er avril 1977. Ses invités, des personnalités, doivent trouver les réponses aux questions « colles » » demandé par les auditeurs.

Au fil des mois, l’argumentation culturelle laisse place à l’humour gaulois et aux plaisanteries sous la ceinture. L’émission quotidienne connaît un franc succès.

« Même si je revendique une certaine complaisance dans le registre de la mouche, l’exercice est plus périlleux qu’il n’y paraît. À la radio, un bon mot qui arrive cinq secondes trop tard n’est plus un bon mot.déclare celui qui citait Coluche, Desproges et… Cioran comme ses comédiens préférés.

L’homme, au physique rond et jovial, se moque du fisc, peste contre le mépris dont il dit souffrir de la part de l’intelligentsia, et concède plus tard qu’il « peut-être un peu misogyne ».

« Je suis et reste un Français moyen, grincheux, chauvin, un peu xénophobe »déclare-t-il, tout en avouant parfois regretter « m’être laissé engluer dans ce personnage »confiait-il au Parisien en 2022.

En 1996, il a été reconnu coupable d’incitation à la haine raciale à la suite d’une énigme posée lors d’une émission télévisée de la  » Grosses têtes « .

En mai 2000, la nouvelle direction de la radio décide de rajeunir la station et le licencie sans ménagement pour le remplacer par Christophe Dechavanne. Le public s’est effondré et l’animateur a été rappelé quelques mois plus tard.

Passionné de jeux d’argent et d’écriture, Philippe Bouvard vit sur les hauteurs de Cannes, avec Colette, son épouse depuis plus de 70 ans, et prépare un 70e livre… sur la retraite.

fmp-aml-cgu-ac/mai/rhl

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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