Peut-on encore vibrer pour l’équipe de France ? – Ligue des Nations – J4 - Belgique-France
» Transition « . Nom féminin, passage d’un état à un autre. Avec l’équipe de France, passant de championne et finaliste de la Coupe du Monde au quotidien difficile de la Ligue des Nations. Il va falloir s’y habituer : depuis la victoire (4-1) contre une faible équipe israélienne dans un stade hongrois quasiment vide, ni Raphaël Varane, ni Antoine Griezmann, ni Kylian Mbappé (en déplacement à Stockholm) n’ont raté quelque chose. Pour preuve, les 66 millions de sélectionneurs ont préféré écouter la lettre des conseils donnés par leur leader DD en Allemagne cet été et ont éteint leur télé par un jeudi soir orageux.
Moins de quatre millions de téléspectateurs ont assisté à la rencontre, une triste performance jamais vue depuis un France-Bolivie disputé à Nantes en juin 2019. Cette désaffection, qui ne concerne pas les banderoles en crampons, rappelle celle de septembre où le Groupama Lyon Stadium n’était pas présent. plein pour voir les Bleus contre la Belgique. Vibrater avec l’équipe de France ressemblerait donc plus à un souhait qu’à une profession de foi dans le nouveau mandat de Didier Deschamps.
La tempête Kyk traverse la France
En 2019, année sans compétition, la France ne s’est imposée que 2-1 contre la Moldavie et 1-0 en Islande. Cinq ans plus tard, cette deuxième trêve internationale post-Euro a tout d’une nouvelle ère, mais avec les mêmes ingrédients. Le match contre les Belges en septembre était le premier joué sans Griezmann et Mbappé depuis le match des coiffeurs du Mondial 2022 contre la Tunisie. Une compétition dont il ne reste plus que 12 joueurs, soit la moitié de l’équipe. Seuls deux Bleus de 2018 résistent, Alphonse Areola et Ousmane Dembélé, dans une année qui a vu deux joueurs majeurs de la dernière décennie officialiser leur retraite internationale.
Si la vie est faite de cycles, où faut-il placer le nouveau lancé par cette équipe de France ? Cela commence par un staff qui s’est coupé de son public lors d’un Euro durant lequel le refrain du résultat ne masquait pas l’absence de contenu sportif. Entre la LFP en crise et la probable réélection de Philippe Diallo à la tête de la FFF, le climat institutionnel est également tendu, même en répétant sans cesse que la France est la meilleure sélection mondiale de ces 30 dernières années. « La France sort des JO, où les athlètes semblaient être des gens proches avec de belles histoires humaines et de belles découvertes, contextualise François Da Rocha Carneiro, historien récent auteur deUn peuple et son football, une histoire sociale. Là, nous avons un football qui semble manipulé, confisqué par des intérêts financiers et des enjeux de communication qui l’éloignent très significativement du sport. Le sentiment de déconnexion augmente donc. »
La quête de l’aventure
Olivier Chicha, président du groupe de supporters Les Baroudeurs, confirme : « Nous était plus attaché aux Bleus, nous le serons sûrement moins, » avoue celui qui faisait partie des 180 fous qui ont fait le voyage en Hongrie. L’ambiance n’est pas folle, le jeu n’est pas fou non plus. On aimerait en profiter un peu plus, c’est sûr. » Pour le jeu, la transition se fait dans la continuité : des victoires ternes et un déficit de créativité, qui semblent convenir à Didier Deschamps. « Quand on gagne, l’adversaire est faible. Quand on perd, on est nul. Il ne faut jamais enlever le mérite d’une victoire « , a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Au point que cette période rappelle celle des victoires 1-0 contre le Luxembourg et de l’ennui mortel, sans amour ?
« Quand on écoute les anciens, surtout avant et après Knysna, il y avait moins de monde dans les stades, pas d’ambiance, et personne n’attendait un match des Bleus, remet Olivier Chicha. Le football est cyclique. Quand on est fan, on est souvent plus malheureux qu’heureux de toute façon ! » Le #ProudtobeBleus, datant de 2016, semble donc bien lointain. « Je comprends que les gens soient fatigués, surtout après le succès des JO,poursuit Olivier Chicha. On arrive en 2025, une année sans compétition internationale, on sait qu’on va se qualifier et, mis à part pour nous supporters, profiter d’un voyage en Ouzbékistan ou en Moldavie peut être compliqué. Il devrait y avoir de belles histoires. »
Manque d’histoires
Dans ce département, la vraie fausse histoire du capitaine Kylian Mbappé (pour qui la désaffection augmente à mesure que son empreinte carbone augmente) n’arrange pas le crédit de cette équipe. « Attention à ne pas mettre l’équipe de France au-dessus de tout se souvient François Da Rocha Carneiro. C’est une manière de sanctifier, d’idolâtrer les icônes sans accepter la réalité. Or, la réalité actuelle pour les joueurs, ce n’est pas les trêves internationales, mais le contrôle de leurs clubs avec lesquels ils jouent beaucoup. L’équipe de France, c’est juste une couche d’âme supplémentaire : leur quotidien, c’est leur employeur, leur club. »
L’humanisme de Jules Koundé et d’Ibrahima Konaté, qui n’ont pas pu se rendre à Stockholm pour assister aux cérémonies Nobel, pourrait en faire partie. « Soyez prudent car dès que le sport français va mal, le football en prend un coup. C’est quelque chose de presque automatique, remet François Da Rocha Carneiro. Les footballeurs sont des citoyens à part entière, ils ne doivent pas forcément prendre position juste parce qu’ils portent un maillot bleu. Nous n’avons pas demandé aux champions olympiques ce qu’ils pensaient de la situation politique et du ministère des Sports. » Il continue : « D’ailleurs, les Bleus traversent des crises depuis plus d’un siècle. Et aujourd’hui, on est loin de Knysna ou des conflits entre les Bleus et la presse et de la désaffection des supporters. On ne peut pas aimer cette équipe, on peut dire que les joueurs n’en sont pas dignes, mais il suffit d’une bonne histoire pour qu’on oublie ces crises. »Alors, poulette ?
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