« Peu ont le niveau », pourquoi aucun homme ne participe à la natation artistique alors que c'est autorisé
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« Peu ont le niveau », pourquoi aucun homme ne participe à la natation artistique alors que c’est autorisé

« Peu ont le niveau », pourquoi aucun homme ne participe à la natation artistique alors que c’est autorisé

La compétition par équipes de natation artistique s’est achevée ce mercredi avec la victoire finale de la Chine devant les Etats-Unis… sans qu’aucun homme ne participe malgré la possibilité existante depuis 2022. Et il y a plusieurs explications à cela.

Comme de nombreux champions avant lui, Bill May a eu l’honneur de donner les trois signaux de départ de la séance de natation artistique mardi soir. Mais l’ancien nageur aurait espéré se retrouver dans l’eau avec les nageurs. Depuis 2022, les règles de la Fédération internationale (World Aquatics) autorisent la participation des hommes aux épreuves de natation synchronisée. Et, à 45 ans, Bill May pensait réaliser son rêve olympique. En mai dernier, il a participé à l’épreuve de Coupe du monde avec l’équipe américaine, terminant à la sixième place.

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Pas encore prêt techniquement mais énorme potentiel pour les remontées mécaniques

La sélection américaine n’a finalement pas converti l’épreuve en évinçant de sa sélection le premier champion du monde en duo mixte en 2015. Keana Hunter l’a ainsi remplacé et elle a contribué à décrocher l’argent derrière la Chine ce mercredi soir. Au moment de l’annonce de la sélection américaine sans Bill May, World Aquatics avait rechigné, regrettant qu’aucun homme n’ait été retenu pour les JO. Aux Championnats du monde 2023, cinq nations avaient osé en alignant un homme dans leur équipe.

Mais le scepticisme sur la capacité des hommes à performer encore dans des équipes de natation synchronisée l’emporte sur la quête de résultats. La Fédération internationale avait d’ailleurs reconnu que le délai entre l’autorisation des hommes à concourir et les Jeux olympiques (2018) était un peu court pour trouver des candidats au niveau. Et de l’aveu de nombreux nageurs croisés aux abords du centre aquatique, aucun candidat masculin crédible n’a encore émergé pour figurer dans une équipe de huit. D’autant que les règles ne sont pas les mêmes aux Jeux olympiques qu’aux championnats du monde où une sélection peut être modifiée avant chacun des trois passages. Ce qui n’est pas le cas aux Jeux olympiques où les mêmes nageurs doivent réaliser les trois « routines ».

« Il y a peu d’hommes qui ont le niveau pour réaliser des ballets difficiles et en réaliser trois, explique Julie Fabre, coach de l’équipe de France de natation artistique. Je pense que la génération des 13-15 ans est très prometteuse, ils sont déjà très forts. Je ne sais pas si Los Angeles (en 2028) suffira pour avoir des garçons dans les équipes mais ça va arriver, c’est sûr et c’est un atout en termes de puissance dans les portés. Ce sont des règles qui ont changé deux ans avant les Jeux. »

« Il faut pouvoir avoir un garçon qui sache faire les trois et aujourd’hui, il n’y en a pas. »

Les nageuses sont toutefois disposées à accueillir un homme dans leur relais, à condition qu’il soit du bon niveau. « Nous nous concentrons simplement sur le fait d’avoir la meilleure équipe possible ici », explique l’Australienne Margo Joseph-Kuo. « Les filles sélectionnées viennent de toute l’Australie, nous nous entraînons depuis longtemps et nous voulons une équipe avec la meilleure énergie. Nous ne nous soucions pas vraiment du sexe, nous essayons de mettre en lumière le sport australien autant que possible. Mais j’espère qu’il y aura des filles des deux sexes à l’avenir. »

« Une vision artistique et différente de la synchronisation »

Pour la Française Anastasia Bayandina, l’absence d’hommes aux JO est aussi une question de niveau. « C’est plus dur pour un homme de faire les difficultés que font actuellement les femmes et c’est le choix de l’entraîneur de prendre huit filles au lieu de sept », ajoute-t-elle. Elle se réjouit de l’idée d’avoir un jour une équipe totalement paritaire, même si des duos mixtes existent déjà. « Pour l’instant, on n’a droit qu’à deux garçons par équipe (de huit), je n’imagine pas vraiment une équipe avec quatre garçons et quatre filles… mais pourquoi pas à l’avenir. »

Sa coéquipière Romane Lunel trouve pour sa part « cool que les hommes puissent participer ». « Le fait qu’il n’y en ait pas encore aux Jeux est peut-être dommage car ça s’est ouvert récemment mais je pense que ça va arriver assez vite », ajoute-t-elle. « C’est aussi très nouveau, les hommes vont éventuellement progresser pour arriver au niveau des nageurs. A partir de là, ce serait cool car ça ouvrirait de nouvelles possibilités pour faire voler les portés plus haut. »

Selon elle, c’est « techniquement » ce qui « manque pour le moment ». « Sur les portés, ils auront plus de force et seront plus puissants. Les Américains avaient aussi créé une chorégraphie avec les hommes et les femmes, ça avait permis d’apporter de l’art et une vision différente de la synchronisation. »

Nicolas Couët Journaliste RMC Sport

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