«Peu importe ce que je peux leur dire, leur innocence d’enfant est partie», explique la maman de deux ex-otages
Notre envoyée spéciale Régine Delfour a pu rencontrer Hadas Kalderon, dont cinq membres de la famille ont été victimes de l’attentat terroriste du Hamas. Dans son livre à paraître mercredi 24 avril en France, elle témoigne de l’horreur vécue par ses proches.
Hadas Kalderon, franco-israélienne du kibboutz Nir Oz, a vu le 7 octobre cinq membres de sa famille être victimes des terroristes du Hamas. Sa fille Sahar et son fils Erez ont été enlevés dans la bande de Gaza avec leur père Ofer. Sa mère Carmela, 79 ans, et sa nièce Noya, 12 ans, ont été assassinées dans des conditions indescriptibles. Dans un livre à paraître ce mercredi en France, Hadas raconte ses cinquante-deux jours passés sans enfants.
Cela fait maintenant cinq mois que ses enfants, Sahar 17 ans et Erez 12 ans, ont été libérés et pourtant le cauchemar continue pour Hadas. « Ils se sentent très coupables d’avoir été libérés mais leur père est toujours là. Quelque chose s’est cassé, ils ont totalement changé, ils sont complètement différents. Ils pensent même qu’ils pourraient être à nouveau kidnappés et peu importe ce que je leur dis, leur innocence d’enfance a disparu », dit-elle.
Sahar et Erez ont commencé une nouvelle vie dans une autre ville à une cinquantaine de kilomètres de Tel Aviv, hors de question pour Hadas de retourner vivre près de la bande de Gaza : « Vous pouvez me donner 5 millions de dollars, je ne reviendrai pas. La vie au kibboutz Nir Oz fait partie de ma vie antérieure, je croyais que nous pouvions vivre en sécurité à la frontière avec Gaza mais j’avais tort. Mes enfants voulaient retourner au kibboutz mais je leur ai dit que c’était impossible.
Si Hadas a décidé d’emprunter la plume, c’est pour que le monde prenne conscience de ce qui s’est passé le 7 octobre. « Le monde a besoin de savoir. Pendant qu’ils violaient, ils les torturaient avec des couteaux sur tout le corps, ils coupaient les seins de ces femmes, leurs parties intimes, y inséraient des objets. C’est complètement fou et ensuite ils les ont tués d’une balle dans la tête », a-t-elle déclaré.
Le 7 octobre, sa mère Carmela et sa nièce Noya, âgées de 12 ans et autistes, sont décédées toutes deux. Hadas pensait qu’ils avaient été kidnappés. Carmela devait avoir 80 ans la semaine prochaine et sa famille a eu une réunion symbolique le jour de son anniversaire.
Deux jours plus tard, l’armée israélienne l’informe que leurs deux corps ont été retrouvés, entrelacés, dans l’abri de la maison familiale. Les terroristes du Hamas ont incendié la maison.
« Je ne pouvais même pas pleurer la perte de ma mère et de ma nièce bien-aimée »
Lors de l’attaque terroriste du Hamas, ses deux enfants Sahar et Erez étaient avec leur père Ofer. Ce dernier a envoyé un SMS à Hadas lui expliquant que la porte du coffre-fort ne fermait pas et qu’ils s’étaient cachés dans un buisson. Ils ont finalement été kidnappés.
Dans ce livre, Hadas raconte son combat, celui d’une mère dont le seul leitmotiv est de retrouver ses enfants. Elle veut également que personne n’oublie Carmela et Noya. « Je n’ai même pas pu pleurer la perte de ma mère et de ma nièce bien-aimée, j’ai dû me battre et je continue de le faire car Ofer est toujours là à Gaza, mes enfants ont besoin de leur père », raconte-t-elle.
Hadas met également en garde les Français contre le terrorisme. « Je pense qu’il faut vraiment s’inquiéter et être très prudent face au terrorisme, on ne sait jamais quand il va frapper. Cela arrive par surprise, cela peut vous arriver dans votre maison, à votre enfant dans la rue, dans n’importe quel bâtiment, dans un avion, n’importe où. Le terrorisme est comme un cancer qui se propage et qu’on ne peut pas arrêter.
Hadas ne comprend pas comment et pourquoi une partie de la communauté internationale reste silencieuse. De nombreuses personnes continuent de nier les agissements commis par les terroristes du Hamas le 7 octobre. Dans ce livre, Hadas veut donc apporter une nouvelle preuve à travers son témoignage.