Les pays de l’OPEP+ ont convenu dimanche de prolonger leurs réductions de production actuelles jusqu’à fin 2025 pour soutenir les prix du pétrole, dans un moment de grande incertitude économique et géopolitique.
Le groupe va « étendre le niveau total de production de pétrole brut (…) du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2025 », a indiqué l’alliance dans un communiqué.
Les 22 ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dirigée par l’Arabie saoudite et leurs alliés menés par Moscou, qui ont conclu en 2016 un accord appelé OPEP+ pour mieux influencer le marché, se sont réunis dans un format inédit, certains s’étant déplacés à Riyad et autres participants par vidéoconférence.
Ces réductions à l’échelle de l’alliance s’élèvent à environ deux millions de barils par jour (b/j).
En ajoutant à cela les réductions volontaires supplémentaires de certains membres, l’OPEP+ maintient actuellement près de six millions de barils sous terre.
Cette stratégie, entamée fin 2022 face à la baisse des prix, vise à profiter de la rareté de l’offre pour faire grimper les prix.
En plus de cette prolongation, l’OPEP+ a accepté d’augmenter l’objectif de production des Émirats arabes unis, à hauteur de 300 000 b/j.
Abou Dhabi fait partie des pays qui ont accepté de serrer davantage les vannes, à l’appel de l’Arabie Saoudite, souhaitant partager le fardeau des coupes.
Cette augmentation de quota lui permet donc de conserver des coupes de façade, tout en augmentant ses volumes.
– Environnement difficile » –
L’Arabie saoudite et la Russie, les deux piliers du groupe, ainsi que l’Algérie, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et l’Irak ont également fourni cette année des efforts supplémentaires qui devraient être renouvelés en 2025, selon le tableau mis en ligne par l’Opep+.
Aucun chiffre n’a été communiqué à ce stade, les pays communiquant généralement séparément.
Selon Mukesh Sahdev, analyste chez Rystad Energy, l’Opep+ est cependant confrontée à « un défi majeur » : « les barils effectivement mis sur le marché sont probablement supérieurs à ce qui est enregistré », note-t-il. De quoi faire dérailler la stratégie du cartel.
L’Irak et le Kazakhstan ont en effet dépassé leurs quotas au premier trimestre, tandis que la Russie a affiché une surproduction en avril.
Depuis la dernière réunion de novembre, le groupe a réussi à maintenir les prix du brut assez stables, autour de 80 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord comme le WTI américain, sans parvenir à les faire décoller.
Car des questions demeurent quant à la résilience de la demande mondiale.
L’Opep persiste et maintient, rapport après rapport, ses prévisions de demande pour 2024, quand l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est moins optimiste et a revu ses estimations à la baisse.
« Contexte inflationniste, perspectives économiques maussades et incertitudes des banques centrales », l’environnement est « difficile », commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de marché à la Swissquote Bank, évoquant également la forte concurrence du pétrole américain et les tensions au Moyen-Orient.
publié le 2 juin à 15h17, AFP