(BFM Bourse) – En l’absence d’une demande suffisamment élevée, les observateurs du marché estiment que les prix du pétrole ne remonteront pas de sitôt, même avec les réductions de production mises en œuvre par les membres de l’OPEP+.
Les chiffres fluctuent légèrement, mais il y a un consensus sur la tendance : faute d’une demande suffisante, le prix de l’or noir n’est pas prêt de remonter malgré les réductions de production opérées par les pays membres de l’OPEP+.
Face à ce casse-tête, « les visions divergent » sur la stratégie à adopter lors de la prochaine réunion des 22 ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés, prévue en ligne jeudi prochain, commente pour l’AFP Jorge Leon, de Rystad Energy.
La réunion initialement prévue dimanche a été reportée. Une manière de donner « plus de temps » aux pays membres pour s’aligner, selon l’analyste.
Avant l’annonce de ce report, le marché pariait sur une prolongation des réductions de deux ou trois mois, invoquant le « manque de place sur le marché » pour de nouveaux volumes.
Pour éviter un effondrement des prix, huit pays membres, dont l’Arabie saoudite et la Russie, ont déjà dû reporter la réintroduction sur le marché de 2,2 millions de barils retirés en plus des quotas de l’ensemble du pays. ‘alliance.
Depuis fin 2022, le cartel organise une stratégie de réduction de l’offre. Elle produit environ 41 millions de barils par jour, contre « une capacité réelle d’environ 47 millions », a expliqué à l’AFP Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
L’Opep+ utilise « tous les leviers à sa disposition », souligne Amr Osman, consultant indépendant en pétrole et gaz, mais le ralentissement du premier importateur d’or noir, la Chine, plombé par une consommation atone et une grave crise pétrolière, pèse sur l’immobilier. prix.
L’essor du pétrole de schiste américain
Dans le même temps, «les volumes et le nombre de producteurs hors OPEP+ augmentent», explique Giovanni Stauvono de l’UBS. Particulièrement aux États-Unis, où la logique de la multiplicité des entreprises privées – par opposition aux entreprises nationales de nombreux pays cartellisés – conduit désormais à une situation concurrentielle favorisant la production.
Au cours des dix dernières années, « l’essor du pétrole de schiste américain a fait des Etats-Unis le premier producteur mondial devant la Russie et l’Arabie Saoudite », rappelle M. Perrin.
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la part du pétrole brut américain représentait 11 % de la production mondiale en 2016, lorsque l’OPEP s’est alliée à dix pays pour former l’OPEP+, contre 16 % aujourd’hui. Au cours de la même période, la part cumulée des pays cartellisés est passée de 62 % à 56 %.
En prenant en compte le pétrole non conventionnel, la croissance américaine est encore plus évidente, soutenue par la volonté d’indépendance énergétique des États-Unis. La grande majorité du pétrole étant utilisée dans le pays, « le gouvernement a tout intérêt à ce que des prix bas profitent au consommateur final », explique Amr Osman.
La prochaine présidence de Donald Trump devrait accélérer cette tendance. Au cours de sa campagne, il a résumé sa vision de la production d’énergie par la phrase « forez, bébé, percez ! », un signal clair en faveur des combustibles fossiles.
Une stratégie « non durable »
Dans ces conditions, « la stratégie OPEP+ n’est pas tenable », estime Jorge Leon, l’organisation ne peut pas réduire indéfiniment sa production sans perdre trop de revenus et d’influence sur les prix, car sa part de marché s’érode.
Pour de nombreux membres du cartel, notamment les pays du Golfe, « les revenus pétroliers soutiennent l’ensemble de la société : la modernisation et la diversification de leurs économies et des équilibres sociaux », précise Francis Perrin. Certains pays, comme les Émirats arabes unis ou le Kazakhstan, souhaiteraient développer de nouveaux projets pétroliers et font pression pour produire davantage.
Le maintien des réductions favorise également les autres acteurs du marché qui déploient le plus de barils possible à des prix relativement avantageux. Consciente de ce problème, l’OPEP+ a pris soin, tout en repoussant l’échéance, d’afficher sa volonté de rouvrir progressivement les vannes.
« Un message aux producteurs américains de schiste pour les inciter à être prudents dans leurs investissements », commente Giovanni Stauvono dans une note de l’UBS, avec l’idée que l’OPEP+ peut réintroduire à tout moment de grandes quantités de pétrole et provoquer une baisse de la rentabilité des nouveaux projets.
De nombreux observateurs voient les prix du WTI et du Brent évoluer autour de 60 dollars l’année prochaine, bien loin des 80 euros tant convoités.
(Avec l’AFP)
SS – ©2024 BFM Bourse