(BFM Bourse) – Les deux principaux contrats pétroliers sont en forte hausse depuis le début de l’année 2024, ce qui s’explique par plusieurs facteurs, dont les réductions de production et la situation géopolitique.
Après une année 2023 décevante, les prix du pétrole semblent prêts à prendre leur revanche cette année.
Les deux principaux contrats pétroliers ont sensiblement progressé depuis le 1er janvier. Le contrat de juin sur le Brent de la mer du Nord avance de 19 %
à 91,72 dollars le baril tandis que celui de mai sur le WTI coté à New York avançait de 22,2% à 87,19 dollars le baril.
Le Brent est également passé au-dessus des 90 dollars le baril la semaine dernière, un niveau que le contrat de Londres, et principale référence internationale, n’avait plus connu depuis octobre 2023, soit six mois.
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Tensions sur l’offre
Plusieurs facteurs expliquent la récente hausse des prix de l’or noir. « Tout d’abord, les perspectives économiques mondiales sont plus optimistes, ce qui a dopé les attentes concernant la demande de pétrole », résume Stephen Innes, de Spi Asset Management, dans une note publiée samedi.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révisé à la hausse mi-mars sa projection de croissance de la demande pour 2024, tablant sur une augmentation de 1,3 million de barils par jour, soit 110 000 barils de plus que dans ses projections précédentes. Pour rappel, la demande de pétrole représente un peu plus de 100 millions de barils par jour.
Cette révision s’explique par des perspectives économiques américaines meilleures que prévu mais aussi par les perturbations survenues en mer Rouge, note l’UBS. En raison des attaques contre des navires dans cette région, plusieurs pétroliers ont contourné la mer Rouge, ce qui a augmenté la consommation de carburant pour le transport maritime.
Évidemment, l’action des membres de l’OPEP+, un cartel qui comprend l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés comme la Russie, joue également un rôle du côté de l’offre. Début mars, ses membres ont décidé de prolonger jusqu’à fin juin leurs réductions de production de 2,2 millions de barils par jour, dont 1 million de barils par jour en provenance d’Arabie Saoudite.
Par ailleurs, Bloomberg rapporte que le Mexique a réduit ses exportations de brut, qui représentaient 600 000 barils par jour l’an dernier, dont 420 000 vers les États-Unis.
La géopolitique pèse
Les tensions géopolitiques ont également soutenu les prix du pétrole. Notamment au Moyen-Orient, où ces tensions font craindre des risques d’approvisionnement. Une récente attaque contre un consulat iranien en Syrie a été attribuée à Israël par Téhéran, qui a promis de riposter. Cela fait craindre un risque d’escalade dans la région.
Vendredi, le prix de l’or noir a sensiblement augmenté, soutenu par les craintes que le conflit entre Israël et le Hamas ne s’étende aux pays voisins, dont l’Iran.
« Si l’Iran attaque Israël, il est certain que le pétrole connaîtra une hausse brutale », juge Han Tan, analyste chez Exity cité par l’AFP.
« Cependant, les attaques de drones ukrainiens contre les raffineries russes, qui ont exacerbé les tensions géopolitiques et fait craindre de nouvelles ruptures d’approvisionnement, constituent un facteur déterminant dans l’évolution récente des prix », souligne Stephen Innes.
Après ce grand voyage, l’or noir continuera-t-il à progresser ? Les avis semblent un peu partagés.
Bank of America s’attend à ce que le contexte actuel conduise à une saison de conduite plus serrée du côté de l’offre. Pour rappel, cette saison correspond à une période où les Américains conduisent davantage (et donc consomment plus de carburant) avec le début des jours fériés et des vacances, soit entre fin mai et début septembre.
L’establishment américain s’attend également à un déficit pétrolier aux deuxième et troisième trimestres qui s’élèverait à environ 450 000 barils par jour.
Le Brent à 100 dollars est-il crédible ?
En conséquence, la banque américaine a relevé sa prévision de prix moyen pour les deux contrats pétroliers. Mais il reste à des niveaux qui n’offrent pas vraiment un potentiel solide. Bank of America s’attend à ce que le Brent se négocie en moyenne à 86 dollars le baril en 2024, et à 81 dollars pour le WTI. Elle prévient toutefois que des pics de prix pourraient se situer autour de 95 dollars cet été.
« Bien que les prix du pétrole brut restent incertains, nous pensons que le WTI trouvera un juste milieu autour de 80 dollars le baril. Je pense que les perspectives sont relativement équilibrées en ce qui concerne les risques à la hausse et à la baisse à ce stade, d’autant plus que les niveaux actuels des prix du pétrole s’alignent probablement sur ceux de l’Arabie saoudite. préférences », a déclaré Stephen Innes de Spi Asset Management.
Pour ces derniers, les tensions géopolitiques constituent le principal facteur d’augmentation potentielle tandis qu’à la baisse il faut surveiller la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis qui a gagné en efficacité.
« C’est un marché qui repose sur des bases fondamentales solides, cela ne fait aucun doute », juge Bob McNally, fondateur du groupe de conseil Rapidan Energy Group et ancien conseiller de la Maison Blanche, cité par Bloomberg. « Je pense qu’un pétrole à 100 dollars est tout à fait réaliste. Il suffit d’évaluer un peu plus le risque géopolitique réel », a-t-il ajouté.
Citée par le Wall Street Journal fin mars, la banque JPMorgan estimait que le baril de Brent pourrait atteindre 100 dollars d’ici septembre en raison des réductions de production en provenance de Russie. Mais comme la banque elle-même l’a souligné, les États-Unis peuvent très bien libérer des stocks stratégiques de pétrole pour en atténuer l’impact…
Les cours ont été arrêtés vendredi en fin d’après-midi.Julien Marion – ©2024 BFM Bourse