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Personnes à risque, contagiosité, traitements… Ce qu’il faut savoir sur la coqueluche qui se propage en France – Libération

Personnes à risque, contagiosité, traitements… Ce qu’il faut savoir sur la coqueluche qui se propage en France – Libération

Il s’agit de quintes de toux incontrôlables, suivies de sifflements rappelant le chant d’un coq : épuisantes pour la plupart des personnes infectées, mais pouvant entraîner de graves complications, voire être mortelles pour les très jeunes enfants et les plus fragiles. La coqueluche, une infection respiratoire très contagieuse, se propage à nouveau en France depuis le début de l’année.

Au moins 17 personnes en sont mortes en 2024, selon le dernier bulletin de Santé publique France, daté du 28 juin. Dont 14 enfants, majoritairement des bébés de 1 à 2 mois. A cela s’ajoutent 80 nourrissons de moins de six mois hospitalisés, soit déjà le double du nombre de 2023. « Un taux anormal d’enfants se retrouvent à l’hôpital à cause de la coqueluche. Nous restons très vigilants pour éviter les transmissions, mais nous parvenons à limiter les hospitalisations », assure avec Libérer Julie Toubiana, pédiatre à l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris). « Ce sont surtout les laboratoires de la ville qui sont surchargés. »

Pourquoi la maladie circule-t-elle activement ?

Le retour de la coqueluche n’est pas, en soi, un motif d’inquiétude. On s’y attendait même, puisque la maladie circule par cycles de trois à cinq ans. « Les inconnues actuelles concernent sa durée et son étendue, explique Fatima Aït El Belghiti, responsable coqueluche à Santé publique France. « L’augmentation que nous constatons est exponentielle et extrêmement significative. »

Pour expliquer cela, elle pointe notamment un effet indirect du Covid. Car les mesures barrières, entre confinements et masques, ont quasiment stoppé la circulation de nombreux germes dont la bactérie Bordetella pertussis, responsable de cette infection respiratoire. « Pour maintenir une réponse immunitaire efficace, nos anticorps doivent être réexposés régulièrement. Comme il n’y a plus eu de coqueluche depuis longtemps, un nombre énorme de personnes développeront la maladie au moindre contact avec la bactérie. » L’épidémiologiste cite également d’autres facteurs, comme le changement, il y a quelques années, du type de vaccin administré : celui utilisé aujourd’hui est mieux toléré et permet une immunisation plus généralisée, mais a une durée de protection légèrement plus courte.

Il est impossible, à ce stade, de prédire quelle sera la dynamique de l’épidémie dans les semaines et les mois à venir. Aussi l’approche des Jeux olympiques, alors que d’autres pays européens connaissent le même regain, conduit les agences sanitaires à redoubler de vigilance.

Quelle est l’origine de l’infection et ses effets ?

La bactérie Bordetella pertussis se transmet par gouttelettes lorsque les personnes infectées toussent ou crachent. Elle est très contagieuse : une personne malade contamine en moyenne 15 à 17 personnes – bien plus que la varicelle par exemple. Après une dizaine de jours d’incubation, les premiers symptômes apparaissent. D’abord un simple écoulement nasal, sans fièvre. Puis apparaissent les fameuses quintes de toux. Elles peuvent durer des semaines voire des mois – d’où le surnom de coqueluche « 100 jours de toux ». « Hormis la toux, les patients ne présentent aucun symptôme. Ils ressentent surtout de la fatigue à cause de cette toux, qui affecte leur sommeil.« , souligne Julie Toubiana, également directrice adjointe du Centre national de référence de la coqueluche à l’Institut Pasteur.

Mais la violence et la répétition des crises peuvent provoquer des spasmes voire des vomissements, et surtout compliquer la respiration. Les jeunes enfants, en particulier, deviennent rouges voire bleus, car ils ont du mal à s’oxygéner. « Chez les jeunes nourrissons, les quintes de toux peuvent être très mal tolérées, avec des arrêts respiratoires transitoires et une diminution du rythme cardiaque. »explique le pédiatre. Les personnes immunodéprimées, souffrant de problèmes respiratoires, enceintes ou très âgées sont également vulnérables – les trois adultes décédés en 2024 avaient plus de 80 ans et présentaient des comorbidités.

Quelle est la durée de la contagiosité ?

Détail important : une personne infectée est contagieuse pendant trois semaines. Sauf qu’elle est asymptomatique pendant la première. Certaines formes plus légères chez les enfants et les adultes vaccinés peuvent aussi passer inaperçues – une toux qui dure sept jours, sans fièvre, est suspecte.

« Contrairement à la grippe et aux virus respiratoires saisonniers qui circulent principalement en hiver, on constate depuis plusieurs années que la coqueluche affectionne la fin du printemps et le début de l’été. »ajoute le chercheur. Donc si vous commencez à tousser en juillet, pensez à la coqueluche – et au Covid, qui circule également davantage depuis quelques semaines.

Quels traitements ?

Il existe un traitement antibiotique contre Bordetella pertussis, et des études montrent que s’il est administré suffisamment tôt, il peut limiter la progression de la maladie vers une forme grave. Mais les quintes de toux persistent même après la disparition des bactéries.

Le bouclier le plus efficace reste donc la vaccination. Elle est obligatoire pour les enfants nés à partir de janvier 2018 : deux doses administrées à 2 puis 4 mois, avec un rappel à 11 mois (puis 6 ans et de 11 à 13 ans). « La coqueluche est une maladie évitable grâce à un vaccin. Celui que nous avons est extrêmement efficace. »insiste le chercheur de Santé publique France.

Les nourrissons de moins de 2 mois sont les plus à risque, car ils sont trop jeunes pour être vaccinés. Les bébés non vaccinés ou partiellement vaccinés sont également plus susceptibles de développer la coqueluche. « intelligent » :forme beaucoup plus rare, très grave, qui touche l’ensemble de l’organisme. Le cœur, les poumons deviennent défaillants ; le cerveau peut aussi être atteint. « C’est ce que nous craignons le plus. C’est très compliqué à traiter, même dans nos services de réanimation les plus performants. »prévient Julie Toubiana.

Comment éviter la transmission ?

Le meilleur moyen de protéger les nouveau-nés, comme le soulignent les scientifiques et les professionnels de la santé, reste la vaccination des femmes enceintes. « Il permet de transmettre à un taux élevé les anticorps de la mère à son fœtus pour protéger l’enfant après la naissance, en attendant qu’il soit vacciné. »insiste le praticien. L’injection est recommandée entre la 20e et la 36e semaine de grossesse, pour une transmission optimale.

Tous les proches parents jouent généralement un rôle clé dans la transmission de la maladie. « La coqueluche n’est pas seulement une maladie infantile, c’est aussi une maladie d’adulte.souligne Fatima Aït El Belghiti. Chaque fois qu’un bébé est infecté, il y a forcément un adulte qui tousse autour de lui.» D’où la stratégie de « cocooning »qui consiste à vacciner l’entourage du nouveau-né pour le protéger durant ses premiers mois de vie. « Lorsque vous êtes en contact avec un nourrisson de moins de 6 mois, le dernier rappel ne doit pas remonter à plus de dix ans. »ajoute Julie Toubiana.

Outre la vaccination, d’autres précautions sont nécessaires pour protéger les plus vulnérables. « Dès que les parents présentent un symptôme respiratoire, voire des signes de rhume, ils doivent porter un masque, s’assurer que personne dans leur entourage n’a la coqueluche et consulter rapidement. »résume le pédiatre. D’autant que, contrairement à la varicelle, contracter la coqueluche n’empêche pas de l’attraper à nouveau. « Si vous l’attrapez, vous êtes immunisé pendant dix à quinze ans. Si vous êtes vacciné, vous êtes protégé pendant cinq à dix ans. »se souvient Fatima El Belghiti.

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