« Personne ne sera abandonné » : l’oncologue du centre hospitalier d’Auch, le seul du Gers, s’en va

Le service d’oncologie du centre hospitalier (CH) d’Auch est-il menacé ? Le Dr Salignon, seul oncologue exerçant dans le service, n’exercera plus à l’hôpital gersois à compter du 1er novembre 2024, date officielle de son départ. « Pour l’instant, j’ai un rendez-vous à la clinique Pasteur de Toulouse », explique Maurice*, assurant n’avoir pas eu l’occasion d’être soigné au CH d’Auch.

A lire aussi :
Rénovation, déménagement, IRM… Le changement commence en 2024 pour le centre hospitalier d’Auch

Pour autant, le service d’oncologie ne ferme pas ses portes. « A ce jour, pour les nouveaux patients et lorsque le diagnostic est établi, nous expliquons que, du fait de ce départ, nous ne pourrons pas assurer les soins dits thérapeutiques, explique le Dr Vaillant, président de la communauté médicale de l’établissement. C’est pourquoi nous indiquons au médecin référent qu’il doit contacter les cancérologues toulousains. »

Une annonce qu’il faut nuancer, car l’absence d’oncologue ne signifie pas l’absence de soins. « La cancérologie n’est pas seulement un métier d’oncologue, c’est un métier de multimédecins : ça va du médecin traitant à un groupe de médecins pluridisciplinaires », explique la praticienne. « En fait, il y a un parcours, une chronologie des soins », explique Vanessa Bompart, directrice des affaires médicales du CH d’Auch.

« Nous travaillons avec le CHU de Toulouse »

Lorsqu’un cancer est diagnostiqué, l’oncologue médical « intervient après ». « Il faut avoir des preuves, c’est pour cela que la cancérologie se fait avec des spécialistes d’organes », explique le Dr Vaillant. « Il faut d’abord prouver le diagnostic, puis on opère ou non, puis on discute en concertation multidisciplinaire. »

Si un « projet thérapeutique » est décidé, alors un oncologue est adressé au patient afin de prodiguer des traitements « chimiothérapie, thérapie ciblée, immunothérapie, etc. Pour ce que j’appelle les cancers solides, hors maladies du sang », souligne le médecin.

A lire aussi :
Le centre hospitalier d’Auch lance un job dating pour son recrutement

Actuellement, au centre hospitalier d’Auch, la prise en charge des patients atteints de cancer est toujours assurée par des spécialistes d’organes. « D’ici là, s’il y a une médication thérapeutique et si elle peut être faite dans l’établissement, on la fait, s’il s’agit d’une thérapie particulière qui n’est pas faite au centre hospitalier d’Auch, des essais cliniques par exemple, les patients sont orientés vers d’autres centres », précise le Dr Vaillant. « Nous travaillons avec le CHU de Toulouse, l’Oncopole pour toute la partie tumeurs solides, y compris les établissements privés qui font de la cancérologie. »

« Aujourd’hui, il y a plusieurs options »

Concernant la prise en charge des patients, plusieurs mesures ont été prises par le centre hospitalier. « Les nouveaux patients nécessitant un traitement oncologique ont commencé à être orientés vers des centres d’oncologie situés hors du Gers afin d’assurer une prise en charge optimale et sans interruption », assure la direction de l’hôpital dans un communiqué.

Ensuite, concernant les patients en rémission ou en surveillance, ils continueront d’être « accompagnés par leur médecin traitant », explique également la direction. « En règle générale, la surveillance se fait en alternance entre l’oncologue et le médecin traitant ou avec des spécialistes d’organes sur d’autres pathologies », explique le Dr Vaillant.

« J’ai eu un cancer il y a quelques années, et depuis, je suis en rémission complète, raconte Sophie*. Aujourd’hui, j’ai un rendez-vous prévu en juin 2025 à l’hôpital d’Auch pour un suivi : je n’ai reçu aucune notification d’annulation. »

A lire aussi :
Centre Hospitalier d’Auch : un premier geste qui inaugure le futur chantier

Pour les patients actuellement en traitement, ils « continueront à recevoir les soins nécessaires au sein de notre hôpital », promet la direction du CH d’Auch. « Pour la partie tumeur solide, nous avons actuellement des patients actuellement en traitement. Pour l’instant, l’oncologue est là, la continuité est établie. Et depuis plusieurs semaines, nous essayons de voir comment nous pouvons poursuivre les éléments, travailler avec nos collègues de l’Oncopole, du CHU de Toulouse pour la suite », promet le Dr Vaillant, assurant que les patients « ne seront pas abandonnés ».

« Aujourd’hui, il y a plusieurs pistes, l’idée est de pérenniser la filière, promet Vanessa Bompart. On regarde ce qui se fait déjà dans notre façon de fonctionner, il y a le temps partagé, le time sharing, les remplacements : il y a plusieurs dispositifs que l’on s’est permis de demander. »

*Les prénoms ont été modifiés