Le déficit pluviométrique inquiétant et les multiples coupures d’eau dans une partie de la Martinique ont conduit à des mesures plus volontaristes de la part de l’État. Après les différents appels à la responsabilité de chacun pour préserver la ressource, le préfet a convoqué en urgence tous les acteurs de l’eau pour mieux répartir les efforts. Il rendra un arrêté vendredi 17 mai pour faire face à la crise.
La période du Carême que connaît la Martinique est l’une des plus sèches depuis 1973 et 2003, les deux pires années en termes de sécheresse sur le territoire. Une surprise pour les climatologues de Météo France, qui annoncent pour cette saison un « carême gras », c’est-à-dire humide…
Le niveau des rivières est au plus bas et chaque jour « 10 000 Martiniquais sont privés d’eau potable courante », annonce le préfet Jean-Christophe Bouvier.
Les prévisionnistes ne voient aujourd’hui « aucune perspective d’amélioration rapide des précipitations dans les prochains jours ». L’arrivée de pluies importantes est attendue fin mai…
Pendant ce temps, les incidents d’eau se poursuivent et impactent même les hôpitaux. La situation est préoccupante et le dispositif mis en place par la préfecture au début de la saison sèche n’est plus adapté.
L’État envisage de prendre des dérogations aux règles existantes pour harmoniser la répartition de la ressource, actuellement gérée sans concertation par les trois EPCI (Cap Nord, Cacem et Espace Sud). L’objectif est d’instaurer une « solidarité territoriale ».
Pour les établissements de santé privés d’eau, l’Etat ira plus loin.
Nous mettrons en demeure les opérateurs et si nécessaire nous procéderons aux réquisitions
Jean-Christophe Bouvier, préfet de Martinique
L’arrêté préfectoral qui sera pris vendredi 17 mai résultera de la concertation de tous les acteurs de la distribution d’eau ainsi que des maires des communes.
Pour les accompagner dans des actions dépassant leur compétence territoriale, « une cellule d’urgence sera mise en place pour répondre aux situations les plus dramatiques ».
Concernant la « solidarité territoriale », cela devrait également inclure le monde économique, qui sera appelé à y contribuer. Certaines industries martiniquaises, grandes consommatrices d’eau, devront réduire leur production de 25% pendant une durée estimée à 15 jours. Les agriculteurs seraient, pour le moment, épargnés.
Les volumes de certaines usines de production d’eau potable devraient également augmenter. Pour faire face à l’urgence, certaines sources seront davantage sollicitées.
L’objectif est « impliquer toutes les parties prenantes pour optimiser la production d’eau et mieux la distribuer« , insiste le préfet.
Concernant les tensions entre les EPCI sur l’exploitation de la ressource, le préfet leur demande de signer une convention d’ici jeudi 16 mai. Il prévient qu’en cas d’échec, « Je serai obligé de décider à leur place.