« Pendant que la ville meurt, ses représentants bavardent »
CHRONIQUE – Face à ces manifestations symptomatiques d’un pays brisé, ses dirigeants ne cessent de rire.
Cet article est issu du « Figaro Magazine ».
Face à son impuissance, l’homoncule glapit. Il déverse ses condamnations, ses indignations, ses lamentations, ses incantations, urbi et orbi. Incarville, Nouméa, Rouen. Face à ces manifestations symptomatiques d’un pays brisé, ses dirigeants ne cessent de rire.
C’est l’éternel retour du même flot verbal. Du même gonflement logorrhéique. L’obésité sémantique peut-elle être une réponse à l’extension de la tragédie ? Mettre des mots sur l’impuissance serait-il le dernier mot de la gouvernance ? « Quand les événements nous submergent, faisons semblant d’être les organisateurs », dit en substance Cocteau. En d’autres termes, faisons semblant d’être les réalisateurs. Les dialoguistes. Des colporteurs incontinents. Mettons la réalité en mots, non pour en exprimer la quintessence, mais pour cacher notre déchéance.
Alors, à défaut d’avoir le moindre contrôle sur les événements, essayons au moins de mystifier la dépouille du citoyen hébété pour qu’il consente quand même !…