Les tensions dans le Pacifique ne sont pas près de s’atténuer entre la Chine et l’Occident. Ce samedi, Pékin a accusé les pays de l’alliance de défense Aukus, qui regroupe l’Australie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis (et peut-être bientôt le Japon), de prendre le risque d’une prolifération nucléaire. dans le Pacifique. Le gouvernement chinois dénonce ainsi le projet australien de s’équiper de sous-marins à propulsion nucléaire.
Lors d’une visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, alliée de longue date de l’Australie avec laquelle la Chine tente de développer des liens, le ministre a critiqué ce projet de sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire. Même si ces futurs sous-marins ne seraient équipés que d’armes conventionnelles, il estime que ces équipements seraient » opposé » au Traité du Pacifique Sud qui interdit les armes nucléaires dans la région.
Cette décision « pose de sérieux risques de prolifération nucléaire », a-t-il déclaré à la presse à l’issue d’une rencontre avec son homologue papouan-néo-guinéen Justin Tkatchenko.
Des sous-marins au cœur d’Aukus
Le premier pilier de ce pacte Aukus, signé en 2021, consiste à doter l’Australie d’une flotte de sous-marins nucléaires puissants – ce qui a conduit Canberra à annuler son contrat actuel avec l’industriel français Naval Group pour les sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle.
Après avoir longtemps patiné, la mise en œuvre de ce pilier semble quelque peu repartie fin mars, avec la signature d’un partenariat entre l’Australie et le groupe de défense britannique BAE Systems pour la construction de futurs sous-marins. marins à propulsion nucléaire. Les détails n’ont pas été précisés mais ce partenariat devrait, selon les responsables de la défense australienne, aboutir à la construction d’au moins cinq sous-marins. Ils devraient être ajoutés aux trois sous-marins de construction américaine.
Le deuxième volet majeur concerne la cyberguerre, l’intelligence artificielle (IA) ainsi que le développement de drones sous-marins et de missiles hypersoniques à longue portée.
Cela fait partie du recentrage stratégique de l’Australie sur le Pacifique. Il y a trois jours, le pays a présenté sa toute première stratégie de défense nationale axée sur le Pacifique. Son objectif est de répondre aux « Tactiques coercitives » de la Chine, car cette région est confrontée à un risque croissant de conflagration régionale. Les ressources maritimes devraient ainsi être fortement renforcées au détriment des autres ressources maintenues jusqu’à présent.
Tensions régionales
Ces dernières années, la Chine, l’Australie et les États-Unis se sont livrés une bataille acharnée pour étendre leur influence respective dans le Pacifique Sud. Les îles de la région représentent peu d’habitants, mais sont riches en ressources naturelles et surtout situées sur des routes maritimes géostratégiques, dont certaines pourraient s’avérer vitales en cas de conflit militaire avec Taiwan.
Un apparent apaisement semble toutefois se dessiner avec la visite en mars du chef de la diplomatie chinoise à Canberra. L’Australie a même accueilli favorablement « la stabilité » reprise de ses relations longtemps tendues avec Pékin. Mais la situation reste tendue, notamment en raison de la menace permanente que fait peser la Chine sur Taïwan.
L’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont également indiqué le 9 avril qu’ils « envisageaient de coopérer » avec le Japon dans le cadre d’Aukus. Ce qui a de nouveau provoqué l’ire de Pékin. En plus de sa campagne contre les sous-marins, le ministre Wang Yi a déclaré que « La récente tentative d’inclure davantage de pays dans une telle initiative, qui ne fait qu’aggraver la confrontation entre les blocs et provoquer la division, est totalement incompatible avec les besoins urgents des pays insulaires » du Pacifique.
Avec l’AFP