Peine négociée pour le « cerveau » du 11 septembre : le Pentagone annule l’accord
Cet accord annoncé mercredi pour celui qui reste, après Oussama ben Laden, la figure la plus détestée liée aux attentats du 11 septembre, a choqué de nombreux proches des près de 3.000 victimes et suscité de virulentes critiques dans le camp républicain. La révocation est également effective pour les deux coaccusés, Walid ben Attash et Mustafa al-Hawsawi, détenus dans la base militaire américaine de Guantanamo et également concernés par l’accord qui leur aurait épargné la peine de mort.
L’effet d’une « gifle » pour les familles des victimes
« J’ai décidé que, compte tenu de l’importance de la décision de conclure des accords de plaidoyer préalables au procès avec les accusés (…), la responsabilité d’une telle décision devrait m’incomber », a expliqué le secrétaire dans une brève note. Mike Rogers, président républicain de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, avait notamment envoyé au secrétaire une lettre déclarant que de tels accords étaient « inconsidérables ».
Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, les a qualifiés de « gifle » pour les familles des victimes, tandis que le colistier de Trump pour l’élection de novembre, le sénateur JD Vance, a déclaré lors d’un rassemblement que les États-Unis « ont besoin d’un président qui tue les terroristes, et non qui négocie avec eux ».
Dans sa note, le secrétaire à la Défense a ajouté qu’il révoquait l’autorité de Susan K. Escallier, qui a supervisé l’affaire en tant que responsable principale du ministère de la Défense pour les commissions militaires, sur les trois affaires dont il se charge. « Avec effet immédiat, dans l’exercice de mon autorité, je révoque les trois accords de plaidoyer » signés mercredi, a-t-il déclaré.
L’accord le concernant a notamment permis à Khalid Sheikh Mohammed d’éviter un procès où il encourrait la peine de mort, en échange d’une peine de réclusion à perpétuité, selon les médias américains.
« Entrepreneur terroriste »
Khalid Sheikh Mohammed, surnommé « KSM » (S pour Sheikh en français), s’est vanté auprès des enquêteurs d’avoir planifié et organisé les attentats les plus meurtriers de l’histoire. Il croupit depuis 18 ans dans une cellule de la prison ultra-sécurisée de Guantanamo. La plupart des gens connaissent cet homme de 59 ans grâce à la photo prise le soir de sa capture en 2003, les cheveux ébouriffés et la moustache fournie, vêtu d’un pyjama blanc.
Pakistanais élevé au Koweït, il aurait suggéré l’idée de faire s’écraser des avions au chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden en 1996. Bien qu’il ne se soit pas initialement enrôlé dans Al-Qaïda, le rapport officiel du 11 septembre l’a qualifié d’« entrepreneur terroriste » qui avait la motivation et les idées pour des attentats mais pas les fonds ni l’organisation pour les mener à bien.
Les trois hommes sont accusés de terrorisme et du meurtre de près de 3 000 personnes lors des attentats de New York et de Washington, l’un des épisodes les plus traumatisants de l’histoire des Etats-Unis. Ils n’ont jamais été jugés, la procédure judiciaire étant enlisée dans la question de savoir si les tortures qu’ils ont subies dans les prisons secrètes de la CIA ont altéré les preuves retenues contre eux.