La Fintech est morte, vive la Fintech ! Après deux années ennuyeuses dans le monde des start-up financières, 2024 démarre sur les chapeaux de roue avec deux nouvelles licornes : Pennylane, spécialisée en comptabilité, et Pigment, logiciel de planification financière. D’autres jeunes entreprises du secteur attirent des investisseurs à une autre échelle. C’est le cas de Payflows, plateforme dédiée aux directions financières, qui vient de boucler une levée de fonds de 25 millions d’euros menée par le fonds de capital-risque britannique Balderton Capital, aux côtés de ses investisseurs historiques dont Headline, Ribbit Capital et 20VC.
Derrière cette start-up se trouvent Joseph Assouline et Pauline Glikman, deux anciens salariés de la compagnie d’assurance habitation Luko, rachetée il y a quelques semaines par Allianz. La jeune femme a été vice-présidente en charge des opérations pendant deux ans dans cette assurtech et était notamment responsable des équipes de gestion des sinistres et du service client.
Une expérience qui avait un début et une fin clairement définis. « J’ai été clair avec Raphaël (Vullierme, le co-fondateur de Luko) que je ne resterais que vingt-quatre mois », raconte le dirigeant, qui avait prévu de lancer une start-up… en BtoB. « C’est par hasard que j’ai toujours travaillé en BtoC. Cela présente beaucoup d’avantages, mais si Joseph et moi sommes attirés par le BtoB, c’est parce que le client a des besoins plus sophistiqués », ajoute-t-elle.
Dépoussiérer les directions financières
Avant de rejoindre Luko, Pauline Glikman a travaillé un peu moins de cinq ans chez Airbnb dans quatre bureaux différents, dont Londres et Singapour, et a été impliquée dans « Experiences », une offre qui met en relation des voyagistes locaux. et activités avec les voyageurs.
Payflows n’a rien à voir avec ses précédentes missions. La Fintech s’attaque au monde poussiéreux de la gestion financière des entreprises, que les start-up ont commencé à défricher il y a dix ans, notamment sur le segment des TPE-PME (Pennylane sur la comptabilité, Qonto sur la banque, Spendesk sur la gestion des dépenses, etc.). « Pour les plus grandes entreprises, il n’y a eu quasiment aucune innovation. Et il y a très peu d’éditeurs de logiciels sur le marché », observe Pauline Glikman, qui fait référence à des acteurs comme NetSuite ou SAP, dont l’expérience utilisateur n’est pas vraiment au goût du jour. Sans compter qu’ils nécessitent de gros investissements techniques et financiers pour les entreprises.
Les deux partenaires ont choisi de construire une plateforme tout-en-un en opposition aux acteurs qui se positionnent sur un vertical spécifique (gestion des achats, gestion des stocks, facturation…). « Cette approche verticale n’a pas vraiment fonctionné, car la gestion financière n’a pas une implémentation à gérer mais plusieurs et doit donc faire appel à des intégrateurs. Cela génère des coûts indirects colossaux», souligne le patron de Payflows, qui s’adresse aux entreprises de plus de 300 salariés.
Elle a jusqu’à présent convaincu des noms bien connus de la French Tech comme Swile, Ornikar, WeMaintain ou encore Spendesk mais cible désormais « l’économie traditionnelle ». Pour l’instant, Payflows commercialise deux modules, un outil de gestion des achats et un autre de gestion de trésorerie, et travaille sur les problématiques autour du suivi client.
Mieux dormir?
Changer de logiciel de gestion n’est pas une décision qui se prend tous les quatre matins tant les données sont essentielles au bon fonctionnement de l’entreprise. « Lorsque j’étais responsable des opérations lors de mes précédentes expériences, je me posais toujours les trois mêmes questions lorsque je souhaitais changer d’outil : est-ce que cela me permettra de générer plus de revenus ? Pour réduire mes coûts ? Pour mieux dormir la nuit ? », illustre Pauline Glikman, qui est une bourreau de travail, selon plusieurs business angels qui la suivent depuis le début.
«Pauline incarne un mélange exceptionnel d’énergie débordante, d’audace, de génie intellectuel et de détermination», a déclaré Salomon Aiach, l’un de ses business angels. « Elle impressionne par son énergie, sa vivacité et son travail acharné », renchérit Alexandre Berriche, un autre business angel.
La dirigeante se caractérise également par sa discrétion. Depuis le début de l’aventure Payflows, elle préfère rester discrète. « Je ne communique que s’il y a de l’intérêt, confie-t-elle. En revanche, elle a été rapidement repérée par les investisseurs étrangers. « Au cours des dix-huit derniers mois, Pauline et le nom Payflows ont été constamment évoqués par tous les investisseurs américains et européens », glisse Salomon Aiach, qui qualifie ce jeune entrepreneur de « mensch », une expression yiddish qui signifie « quelqu’un de BON ».
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