Une proposition de loi devrait permettre d’assouplir le calendrier interdisant la location de passoires thermiques en copropriété. Les logements classés G par le DPE pourront donc à terme continuer à être loués après le 1er janvier 2025.
📌En résumé
La loi prévoit des restrictions strictes pour les logements classés G, mais de nombreuses dérogations autorisent leur location.
Exclusion des baux en cours | L’interdiction de louer des logements G ne concerne que les nouveaux baux et les tacites reconductions à partir de janvier 2025. |
Exonération pour copropriété | Les locations restent autorisées si la copropriété a voté des travaux de rénovation. |
Un travail irréalisable | En cas de contraintes architecturales ou patrimoniales, le juge ne peut ordonner des travaux d’isolation. |
Sanctions en cas de non-respect | Si le logement n’atteint pas les performances requises, le locataire pourra exiger des travaux, une réduction du loyer et/ou des dommages et intérêts. |
La lutte contre le changement climatique a motivé la mise en place d’un seuil minimum de performance énergétique pour la location des logements ; C’est ce qu’on appelle la « décence énergétique ». Le calendrier mis en place s’avère cependant intenable et son maintien obstiné pourrait conduire à une catastrophe: le retrait de centaines de milliers de biens du marché locatif, aggravant ainsi la crise du logement déjà violent.
Les députés, soutenus par le gouvernement, proposent une loi pour assouplir les règles. L’idée n’est pas de lever l’interdiction de louer des logements indécents, ni de décaler tout le calendrier, mais de accorder un sursis aux copropriétés engagées dans des travaux. La loi vise également à clarifier les modalités de l’interdiction de louer et les droits des locataires en situation de précarité énergétique.
La loi sur la décence énergétique dans la copropriété devrait être examinée en décembre pour une application début 2025.
Bail en cours : non concerné par l’interdiction
Le projet de loi exclut l’application immédiate de l’interdiction de louer aux baux en cours. L’idée est que l’interdiction de louer un logement G ne s’applique qu’aux contrats de location conclus, signés ou tacitement reconduits à compter du 1er janvier 2025.
💡 Exemple de location vide
Un logement classé G par la DPE a été loué vide au 1er octobre 2024. A compter du 1er janvier 2025, le locataire ne pourra plus exiger de travaux de rénovation énergétique. Ce n’est que le 1er octobre 2027 que l’habitat deviendra indécent.
💡 Exemple de location meublée
Les logements classés G par le DPE sont loués meublés au 1er décembre 2024. Au 1er janvier 2025 le le locataire ne pourra pas exiger de travaux de rénovation énergétique. Ce n’est que le 1er décembre 2025 que l’habitat deviendra indécent.
Dans la location meublée, le répit sera de courte durée puisque le bail est tacitement renouvelé chaque année.
📆 Dates d’interdiction pour la location de passoires énergétiques
L’obligation de décence énergétique sera donc réputée satisfaite lorsque le logement aura atteint le niveau de performance exigé par la réglementation. date à laquelle le contrat de location a été conclu, renouvelé ou tacitement reconduit.
En France métropolitaine
1 janvier 2023 | Interdiction de la classe G+* |
1 janvier 2025 | Interdiction de classe G |
1 janvier 2028 | Interdiction de classe F |
1 janvier 2034 | Interdiction de classe E |
*Les logements « G+ » consomment ≥ 450 kWh/m²/an en énergie finale (données DPE).
Outre-mer
1 janvier 2028 | Interdiction de classe G |
1 janvier 2031 | Interdiction de classe F |
Les meublés de tourisme devraient être rattrapés par le DPE et la décence énergétique en 2025.
Un sursis pour les copropriétaires engagés dans des travaux
Le projet de loi se veut pragmatique ; il serait contre-productif de pénaliser un bailleur alors que la copropriété est vertueuse. Dès lors, l’obligation de décence énergétique sera suspendu pendant l’exécution des travaux lorsque ceux-ci ont été votés par la copropriété. Le copropriétaire devra donc s’assurer que le vote des travaux a bien eu lieu avant de relouer un logement classé G après le 1er janvier 2025.
Exemple de suspension de l’interdiction de louer en copropriété
Vote travail | La copropriété vote des travaux de rénovation énergétique au printemps 2025. |
Location autorisée | Le copropriétaire d’un logement classé G peut le louer à l’été 2025 sans être tenu de réaliser des travaux immédiats. |
Absence de contrainte | Le locataire ne pourra pas exiger la fin immédiate des travaux si un plan de rénovation est en cours. |
❌ Pas de sursis pour les foyers individuels !
Le projet de loi ne mentionne pas les maisons individuelles ; UN le propriétaire ne devra donc pas louer sa maison après le 1er janvier 2025 s’il est classé G. Seules issues de secours : des contraintes patrimoniales ou architecturales qui interdisent les travaux, ce qui sera très rare en pratique.
Cette inégalité de traitement peut être justifiée par l’absence de complexité juridique et technique liée à la copropriété. Il n’en reste pas moins que sans répit pour les propriétaires de bonne volonté, de nombreuses maisons risquent de quitter le marché locatif…
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Blocage en copropriété : encore un motif de dérogation en 2025 ?
Aujourd’hui le la loi prévoit qu’un copropriétaire peut continuer à louer un tamis énergétique s’il prouve cumulativement :
- que malgré sa diligence constante, la copropriété s’est opposée aux travaux sur les parties communes;
- qu’il a réalisé tous les travaux privés possibles dans le logement.
Curieusement, à ce stade, la proposition de la loi ne semble plus envisager le blocage de la copropriété comme moyen d’échapper à l’interdiction de location ; espérons que les débats éclairciront ce point !
Pas d’interdiction de louer si le locataire refuse les travaux
La loi précise qu’un locataire ne peut invoquer le non-respect de la décence énergétique d’un logement si celui-ci empêche la réalisation des travaux pour y parvenir. Autrement dit, il ne pourra pas prétendre à des améliorations tout en bloquant les interventions nécessaires.
Certains diront qu’il s’agit là d’un nouvel exemple de « droit bavard », car le la législation actuelle impose déjà au locataire de permettre l’accès au logement pour le travailnotamment ceux destinés aux économies d’énergie. En effet, le locataire peut déjà être contraint, sous astreinte, de permettre la poursuite des travaux, et une résiliation du bail peut même être demandée en justice en cas de refus.
Travaux irréalisables : possibilité de location
Le projet de loi rappelle que l’interdiction de louer ne s’applique pas dans deux cas :
1️⃣ Les logements sont soumis à des contraintes architecturales
C’est l’hypothèse dans laquelle les travaux nécessaires provoqueraient une risque de pathologie du bâtimentaffectant notamment les ouvrages d’art ou l’enceinte et la couverture des bâtiments. Cette situation doit être attestée par une note motivée rédigée, sous sa responsabilité, par un homme du métier.
2️⃣ Le logement est soumis à des contraintes foncières
C’est l’hypothèse dans laquelle les travaux nécessaires seraient trop préjudiciables à l’esthétique du bâtiment, par exemple en modifiant l’état des parties extérieures, l’état des éléments architecturaux et décoratifs de la construction. Cette situation sera attestée par un refus d’autorisation de travaux délivré par la mairie et/ou l’architecte des Bâtiments de France.
En cas de contraintes architecturales ou patrimoniales, le juge ne pourra pas imposer de travaux d’amélioration des performances énergétiques.
Des travaux trop coûteux vous permettront-ils d’échapper à l’interdiction de louer ?
UN une incertitude demeure quant au coût des travaux : peut-il à lui seul, s’il est exorbitant, faire échapper les propriétaires à l’interdiction des logements ne respectant pas la décence énergétique ? La loi actuelle le mentionne (article L173-2 du Code de la construction et de l’habitation), mais pas spécifiquement pour la location et ce sujet n’est pas évoqué dans le projet de loi. Espérons que les débats clarifieront ce point !
👉 Le coût des travaux est considéré comme disproportionné s’il dépasse 50% de la valeur marchande du bien, estimée par un professionnel.
Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de la décence énergétique ?
Si le logement ne répond pas aux normes énergétiques (au moins classe F à partir de janvier 2025), le bail reste valable, permettant au locataire de rester. Cependant, le le locataire peut nécessiter des travaux de rénovation pour la conformité. En cas de refus, il peut saisir la commission de conciliation puis, le cas échéant, le tribunal, où le juge peut :
- commander des travaux, sauf en cas de contraintes architecturales/patrimoniale ou si la copropriété a voté des travaux ;
- réduire le loyer ou suspendre son paiement jusqu’à la fin des travaux ;
- imposer des dommages et intérêts au propriétaire.
Le locataire pourra obtenir une réduction de loyer même si le propriétaire n’est pas obligé d’effectuer les travaux, afin de protéger les droits des locataires en situation de précarité énergétique.
👉 En raison de la gravité des sanctions, nous utilisons l’expression « interdiction de louer » ; C’est une exagération puisque la location reste possible, mais cela expose le propriétaire aux recours du locataire.
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Sources :
- Proposition de loi visant à prévenir les litiges liés aux obligations de décence énergétique et à sécuriser leur application en copropriété
- Article 6 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les relations locatives
- Article 20-1 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les relations locatives
- Articles 3 bis et 3 ter du décret n°2002-120 du 30 janvier 2002 relatif aux caractéristiques d’un logement décent
- Article L173-2 du Code de la Construction et de l’Habitation
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