« Passage forcé », la fin d’un « déni de démocratie »… La réforme constitutionnelle de Nouvelle-Calédonie divise les députés
L’Assemblée nationale doit voter mardi la controversée réforme constitutionnelle visant à modifier les modes de vote en Nouvelle-Calédonie.
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Même à 17 000 km de la Nouvelle-Calédonie, cette réforme constitutionnelle reste un sujet sensible. Le projet du gouvernement doit être voté mardi 14 mai en fin de journée pour ouvrir le vote aux élections provinciales de cette île aux résidents métropolitains et aux résidents présents depuis plus de dix ans à la date du scrutin. Une réforme décrié par les indépendantistes et qui a généré émeutes à Nouméa.
Actuellement, seuls les Kanaks, ainsi que les habitants installés sur l’île avant 1998 et leurs descendants peuvent voter aux élections locales. Les indépendantistes estiment que ce dégel risque «minoritairer davantage le peuple autochtone kanak« . Nicolas Metzdorf, député Renaissance de l’île, veut mettre fin à ce qu’il appelle « déni de démocratie » : « Quand nous sommes arrivés en Nouvelle-Calédonie en 2000 et que nous n’avions pas le droit de voter aux élections locales, à votre avis, comment s’appelait-on ?
«C’est une décision forte du gouvernement»
Ce texte porté par le gouvernement qui oppose loyalistes et indépendantistes permettrait aux habitants actuellement exclus des élections locales d’y participer, à condition qu’ils résident sur l’île depuis plus de dix ans à la date du scrutin. La gauche votera contre. « C’est un geste fort du gouvernement qui veut pousser les indépendantistes à négocier sous la menace de l’application de cette loi »» estime l’insoumis Bastien Lachaud, qui estime qu’il faut faire des réformes, mais pas de cette manière.
Le socialiste Arthur Delaporte est un peu plus mesuré : « Cette réforme doit s’inscrire dans une réforme globale qui revoit l’ensemble des institutions de la Nouvelle-Calédonie. » Pour le député PS, c’est au Premier ministre de prendre en charge le dossier, et non au ministre de l’Intérieur qui mène actuellement la réforme. « La Nouvelle-Calédonie, ce n’est pas seulement le maintien de l’ordre et des règles électoralesse souvient Arthur Delaporte. Il s’agit aussi d’une situation économique, d’enjeux culturels et identitaires forts. » Par ailleurs, Emmanuel Macron propose d’inviter indépendantistes et loyalistes à Paris pour tenter de relancer le dialogue.
La police a procédé au total à 82 arrestations ces deux derniers jours, a déclaré Gérald Darmanin à la presse. Le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer « a condamné avec la plus grande fermeté ces violences« , qualifié de »des émeutes commises par des délinquants, parfois des criminels« . Au total, 54 gendarmes et policiers ont été blessés, dont certains »sérieusement« , a ajouté Gérald Darmanin, précisant que des familles de gendarmes avaient été « évacué« . A Nouméa, le Haut-Commissaire de la République a appelé la population au calme, tout comme le président indépendantiste du gouvernement territorial, Louis Mapou.