"Pas historique" ou "pacte de la honte" : la réforme de la politique migratoire votée au Parlement européen
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« Pas historique » ou « pacte de la honte » : la réforme de la politique migratoire votée au Parlement européen

« Pas historique » ou « pacte de la honte » : la réforme de la politique migratoire votée au Parlement européen

Ce mercredi, les députés ont adopté la vaste réforme de la politique migratoire européenne.
Les dix textes de ce « Pacte sur la migration et l’asile » ont été approuvés par le Parlement européen, réuni à Bruxelles, malgré les protestations des militants des droits de l’homme.
Cette réforme devra désormais être formellement validée par les États membres.

« Nous avons écrit une page d’histoire », s’est réjouie la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, après l’adoption, ce mercredi 10 avril, par les députés européens de la vaste réforme de la politique migratoire européenne. Il faut dire que ce sujet alimente les tensions et les divisions entre les Vingt-Sept depuis des années. Au cours d’une séance plénière brièvement interrompue par les protestations des militants des droits de l’homme, les dix textes de ce « Pacte sur la migration et l’asile », fruit d’un compromis difficile, ont tous été approuvés par le Parlement européen, réuni à Bruxelles.

Ce sont les États, et non les passeurs, qui décideront qui entre dans l’UE.

Manfred Weber, président du PPE, premier groupe au Parlement

« C’est un grand pas pour l’Europe »a réagi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après le vote, saluant un « journée vraiment historique ». Le même adjectif a été utilisé par plusieurs dirigeants, dont le chancelier allemand Olaf Scholz, qui y voyait un « pas d’histoire essentielle » Pour « limiter la migration irrégulière et enfin soulager les pays particulièrement touchés ». Parmi ces pays d’arrivée, la Grèce a accueilli, par la voix de son ministre des Migrations Dimitris Kairidis « une avancée majeure ». Et le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, s’est félicité du fait que les députés aient trouvé « le meilleur compromis possible, qui tienne compte des besoins prioritaires de l’Italie ».

Les trois principales familles politiques européennes – PPE (droite), Socialistes et Démocrates (S&D) et Renew Europe – ont globalement soutenu ce pacte, qui a suscité l’opposition d’une grande partie de l’extrême droite, mais aussi des Verts, de la gauche radicale et certains socialistes. L’eurodéputée française Fabienne Keller (Renew Europe), rapporteure pour l’un des principaux règlements relatifs aux procédures d’asile, a déclaré qu’elle « fier » du vote, « ce qui permet à l’Europe de s’éloigner du statu quo ».

Manfred Weber, président du PPE, le premier groupe au Parlement, s’est également félicité du résultat. « Nous veillerons à ce que les dispositions de l’accord soient correctement mises en œuvre. Ce sont les États et non les passeurs qui décideront qui entre dans l’UE », a-t-il ajouté. a-t-il commenté.

« Filtrage » obligatoire des migrants

Cette réforme, qui a fait l’objet d’un accord politique en décembre, devra désormais être formellement validée par les États membres, probablement à la fin du mois. L’objectif des négociateurs est une adoption définitive avant les élections européennes de juin. Parallèlement à cette réforme, qui ne s’appliquera qu’en 2026, l’UE multiplie les accords avec les pays d’origine et de transit des exilés (Tunisie, Mauritanie, Egypte) pour tenter de réduire le nombre d’arrivées à ses frontières.

L’UE est confrontée à une augmentation des demandes d’asile, qui ont atteint 1,14 million en 2023, leur niveau le plus élevé depuis 2016, selon l’Agence européenne pour l’asile. Les entrées « irrégulier » dans l’UE sont également en augmentation, pour atteindre 380 000 en 2023, selon Frontex. La réforme établit un « filtration » obligatoire pour les migrants arrivant aux frontières de l’UE, consistant à les enregistrer dans la base de données commune Eurodac. UN « procédure à la frontière » est prévu pour ceux qui sont statistiquement les moins susceptibles d’obtenir l’asile : ils seront retenus dans des centres pendant que leur dossier sera examiné de manière accélérée, dans le but de refouler plus rapidement les personnes déboutées.

Par ailleurs, la règle en vigueur selon laquelle le premier pays d’entrée dans l’UE d’un migrant est responsable de sa demande d’asile est maintenue avec quelques aménagements. Mais pour aider les pays où arrivent de nombreux exilés, comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, un système de solidarité obligatoire est organisé. Les autres États membres doivent contribuer en prenant en charge les demandeurs d’asile (délocalisations) ou en apportant une contribution – financière ou matérielle – au profit du pays soumis à la pression migratoire.

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Quelque 161 organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, Amnesty International, International Rescue Committee et Oxfam, ont appelé les députés européens à rejeter le pacte, craignant « détentions de familles avec enfants » Et un « criminalisation » exilés. « Le pacte tue, votez non »scandaient certains militants présents dans les tribunes au sommet de l’hémicycle lors de la séance de vote.

Mêmes griefs à gauche de l’échiquier politique. « C’est un effondrement des valeurs »a fustigé l’élu français Mounir Satouri (Verts). « C’est le pacte de la honte, car il abolit le droit individuel à l’asile »a dénoncé de son côté l’élue allemande Cornelia Ernst (GUE, gauche radicale).


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