Pas de vendanges à la cave coopérative de Créon, une nouvelle illustration de la crise viticole en Gironde
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Pas de vendanges à la cave coopérative de Créon, une nouvelle illustration de la crise viticole en Gironde

Pas de vendanges à la cave coopérative de Créon, une nouvelle illustration de la crise viticole en Gironde

La crise du vin n’épargne personne en Gironde ! Depuis plusieurs mois, c’est tout l’écosystème qui vacille. En première ligne, on retrouve bien sûr les viticulteurs avec la mise en œuvre des fameux plans d’arrachage.

Mais derrière cela, tout le monde souffre, et notamment les caves coopératives. En Gironde, ils sont une trentaine et représentent un tiers de nos vignerons. La plupart d’entre eux existent depuis près d’un siècle et aujourd’hui, 40 % d’entre eux sont en difficulté selon une estimation du syndicat professionnel « Vignerons Coopérateurs ». Plusieurs sont même sur le point de mettre la clé sous la porte.

D’une centaine à une quinzaine de membres en 15 ans

C’est le cas, de la cave coopérative emblématique de Créon. Pour la première fois depuis sa création en 1936, elle n’a pas récolté cette année. Un triste événement. Au pied de cet immense bâtiment en béton où la peinture s’effrite aussi vite que la crise du vin s’amplifie, Chantal est nostalgique. Mais pas du tout surpris : « Cela ne me surprend pas de voir cette situation puisque de plus en plus de vignes sont arrachées et que les viticulteurs n’arrivent plus à faire face depuis des années. »

A l’intérieur, c’est le calme plat. Il ne reste pratiquement plus d’activité. Un seul employé veille encore sur la cave. Le bon vieux temps semble bien loin, comme l’explique Robert, membre depuis près de 35 ans : « Cet endroit est toute une histoire. Cela a presque 90 ans. Elle a fait vivre de nombreuses personnes, salariés, opérateurs. C’est malheureux. Dans les années 2000, 400 à 500 hectares de vignes y étaient encore récoltés par an. Plus d’une centaine de vignerons s’y rendraient. Mais tout s’est effondré en l’espace de 15 ans. L’année dernière, il ne restait plus qu’une quinzaine de membres.

S’unir pour survivre face à la concurrence ?

« Les trois quarts d’entre eux partent à la retraite et derrière eux, il n’y a personne pour prendre la relève. » ajoute Robert, fataliste. Le bâtiment a donc été récemment mis en vente. Seul le magasin cave est encore ouvert trois fois par semaine. Le cas de Créon n’est pas isolé. De nombreux vignobles sont aujourd’hui en difficulté. Ils sont en première ligne dans cette crise pour Jérôme Gagnez, dégustateur depuis 25 ans : « Ils proposent des vins qui sont sur des segments très mouvementés. Ce sont des vins qui peuvent être produits presque partout et qui ne sont pas vraiment des vins locaux avec une forte identité. Ils subissent donc de plein fouet la concurrence de droite, de gauche et de l’étranger. « .

Pour en sortir, ils souhaiteraient obtenir un fonds d’urgence de 75 millions d’euros au niveau national pour les trois prochaines années pour « Restructurer les outils coopératifs en cas de sous-performance économique et de surcapacité en volume ». Stéphane Héraud, le président de la fédération des caves coopératives de Nouvelle-Aquitaine, les appelle également à passer par « le regroupement, le rassemblement ». Une obligation pour ne pas voir les trente caves coopératives girondines fermées une à une dans les années à venir.

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