Pas de vagues : « Un de ses grands frères me menace »… L’histoire vraie derrière ce film avec François Civil – Actus Ciné
A l’occasion de la sortie de « Pas de vague », voici cinq choses à savoir sur ce drame dans lequel François Civil incarne un enseignant accusé de harcèlement.
De quoi s’agit-il ? Julien est professeur de collège. Jeune et déterminé, il tente de créer du lien avec sa classe en prenant quelques élèves sous son aile, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent d’autres intentions au professeur. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se répand. Le professeur et son élève se retrouvent chacun pris dans une spirale. Mais devant un collège qui risque de s’enflammer, il n’y a qu’un seul mot d’ordre : pas de vagues…
Une histoire vraie
No Waves s’inspire d’une épreuve qu’a vécu Teddy Lussi-Modeste il y a quelques années. Dans le collège où il était enseignant, la conseillère principale d’éducation lui remit un jour une lettre écrite par une de ses élèves, l’accusant de la regarder en lui touchant la ceinture : « Elle a 13 ans. Les choses deviennent incontrôlables. Un de ses frères aînés menace de me tuer. »
« Un autre l’amène à porter plainte contre moi. Je refuse de me mettre en état d’arrestation parce que je vois bêtement cela comme un aveu de culpabilité. Je sors de l’école tous les jours en me demandant si quelqu’un va me casser les jambes. Je vis dans la peur et honte, culpabilité aussi : je ne veux pas que les collègues qui m’accompagnent jusqu’au métro soient attaqués à cause de moi.»se souvient le réalisateur.
Pourquoi François Civil ?
Teddy Lussi-Modeste a souhaité que Julien soit interprété par un jeune homme au sourire franc et dont on perçoit encore l’adolescence d’un simple coup d’œil : « Francis est un acteur qui n’a jamais cessé de m’impressionner sur les plateaux. C’était plus qu’un acteur venu jouer son rôle : il était en fait tellement investi et tellement généreux que je considère qu’il a créé le personnage autant que moi. »
« Avant le tournage, il s’est isolé pour apprendre son texte et à son retour il était devenu Julien. Il y avait quelque chose de changé dans sa gestuelle, son discours, son être même. Le paradoxe avec François, c’est que c’est une star très identifiée mais on peut projeter sur lui tous les univers possibles. Cela vient de son travail et de l’empathie immédiate qu’il suscite. »dit le cinéaste.
Fausses couleurs
Concernant l’image du film, Teddy Lussi-Modeste a souhaité travailler sur les faux tons, ces changements de lumière au sein même du plan qui introduisent une étrangeté : « Parce qu’une salle de classe laisse entrer par ses fenêtres ces flots de lumière qui peuvent brusquement se tarir au gré d’un nuage, j’ai voulu radicaliser ce processus, comme si le temps devenait fou, et qu’il était porteur des émotions des personnages. «
» J’ai voulu donner vie au plan en installant une lumière animée et de nombreux personnages. L’idée était de multiplier, à l’intérieur même du cadre, le nombre de regards qui ne s’accordent pas. Autrement dit : il fallait toujours se précipiter dans le plan. « précise-t-il.
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Trouver des étudiants
Dans un premier temps, la directrice de casting Judith Chalier a interrogé les adolescents qu’elle recevait et les a progressivement amenés au sujet du film. Elle leur a ensuite demandé d’improviser une petite scène. Teddy Lussi-Modeste se souvient : « Ceux que nous avons revus en rappel avaient une scène à préparer. Il a ensuite fallu former une classe et nous avons fait travailler les adolescents ensemble car j’étais conscient qu’il fallait à la fois croire en leur performance individuelle mais aussi en leur performance collective. «
« Fort de mon expérience de professeur, je me suis rendu compte que chaque classe a son énergie, ses espoirs et ses tabous. Ces séances de travail ont permis d’établir une relation de confiance entre nous tous.
Liberté d’expression
Le directeur du collège est présenté comme un personnage qui ne veut pas de vagues. En choisissant ce titre, Teddy Lussi-Modeste a cherché à inscrire son film dans le mouvement de libération de la parole des enseignants : « Il faut garder en mémoire le choc de ces images de 2018 où l’on voit une étudiante retenir une enseignante assise devant son ordinateur avec une fausse arme. #PasDeVagues est alors réapparu sur les réseaux sociaux.
« La souffrance était trop grande depuis des années. Il fallait que les enseignants dénoncent les violences qu’ils subissent au quotidien et le silence de leur hiérarchie face à cette douleur. En lisant la presse, on se rend compte que les enseignants sont peu ou mal protégés par leur institution qui a paradoxalement construit sa propre fragilité au fil des années… Aujourd’hui, les enseignants parlent et il est important de les écouter »il dit.