Pas d’augmentation d’impôts, mais davantage de coupes budgétaires, promet Le Maire après la suppression de S&P
L’abaissement d’un cran de la note souveraine française vendredi par l’agence de notation S&P Global Ratings en raison de l’endettement croissant a donné au ministre de l’Economie de nouveaux arguments pour justifier de futures réductions des dépenses publiques, tout en continuant d’exclure des hausses d’impôts.
Tandis que les oppositions profitaient de l’annonce de la dégradation par S&P pour dénoncer la mauvaise gestion budgétaire du gouvernement, Marine Le Pen accusant Bruno Le Maire d’avoir » ruine « France, le ministre de l’Économie a promis de « continuez exactement de la même manière sans accélérer ni ralentir »dans une vidéo publiée sur YouTube samedi.
Très présent médiatiquement depuis vendredi, le locataire de Bercy a une nouvelle fois exclu toute hausse d’impôts en 2025, sur BFMTV… et même jusqu’en 2027, il a ensuite déclaré sur LCI : « Je n’envisage jamais d’augmenter les impôts français ».
M. Le Maire insiste encore plus sur la nécessité de réduire les dépenses publiques, sur les plus de 450 milliards d’euros de dépenses annuelles de l’État.
Le ministre a mis en avant les 10 milliards d’économies décidés en début d’année et sa volonté de rechercher 10 milliards d’économies supplémentaires en 2024, saluant également le travail d’Eric Woerth, qui a formulé jeudi des propositions destinées à « restaurer la confiance » entre l’État et les collectivités.
« Fragmentation politique »
La baisse de la note de S&P (de AA à AA-) ne doit pas en soi entraîner une hausse des taux d’emprunt de la France, mais elle exprime la dégradation des finances publiques françaises, qui s’en rapproche. pays du sud de l’Europe, s’éloignant des pays du nord, plus disciplinés. L’Allemagne n’a jamais perdu son Triple A, désormais trois crans au-dessus de la France.
Pour faire mentir S&P, qui ne voit pas le déficit de la France descendre en dessous de 3% du PIB en 2027, contrairement au gouvernement qui vise 2,9%, il faudra davantage d’engagements.
Comme si, « les réformes ne seront pas suffisantes pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs budgétaires »a critiqué l’agence de notation dans son analyse vendredi soir.
Interrogé sur une éventuelle désindexation des retraites et des prestations sociales à l’inflation l’année prochaine, une potentielle voie d’épargne, M. Le Maire a répondu sur BFMTV qu’aucune décision n’avait été prise.
Sans majorité absolue au Parlement, le gouvernement devra trouver des compromis avec les oppositions, un exercice difficile et souligné par les agences de notation.
S&P a noté « incertitude quant à la capacité du gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des politiques » en raison de « fragmentation politique » En France.
Sur LCI, le ministre a dit sans détour qu’il espérait que la décision de S&P » ouvre tes yeux « les parlementaires votent en faveur des économies.
« Qui aurait fait mieux ? »
Les départs brutales des figures de l’opposition vendredi soir ne présagent rien de bon pour un accord imminent. De LFI au Rassemblement national (RN) en passant par Les Républicains (LR), nombreux sont ceux qui ont attaqué le gouvernement sur son sérieux budgétaire, à l’approche des élections européennes du 9 juin.
« Je dis juste au Parlement : aidez-moi (…) au lieu de critiquer, venez m’aider »a répondu Bruno Le Maire sur LCI, tendant particulièrement la main à LR et nuançant au passage les motions de censure déposées par LFI et le RN à propos du déficit. « Aberration lunaire ».
Le ministre a également dénoncé le « complaisance »Même le « complicité »de « certaines élites économiques » vis-à-vis du RN.
M. Le Maire, à Bercy depuis sept ans, a une nouvelle fois justifié, à la première personne, le creusement des déficits depuis 2020 par les dépenses liées à la crise du Covid et au bouclier tarifaire sur l’énergie.
« Si aujourd’hui nous avons un niveau d’endettement élevé, pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française.»a souligné M. Le Maire.
« J’ai pris les bonnes décisions au bon moment, qui aurait fait mieux ? »il a même dit.
Mais le « quoi qu’il en coûte » n’était pas exclusive à la France. Tous les pays européens ont dû intervenir pour gérer les crises de la décennie 2020, y compris ceux mieux classés que la France comme l’Allemagne ou l’Autriche.