« Partie de provocation », Carlos Tavares n’exclut pas des fermetures d’usines face à la concurrence chinoise
Dans un entretien au quotidien Les Echos, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, n’exclut pas des fermetures d’usines au sein de son groupe alors que les constructeurs chinois multiplient les annonces d’ouvertures de sites de production en Europe.
Les constructeurs automobiles chinois sont présents au Mondial de l’Automobile de Paris.
BYD, Leapmotor, XPeng, Hongqi, Skyworth… Ces marques ne vous disent peut-être rien. Les Chinois représentent encore une part infime du marché automobile en Europe, mais ces constructeurs ont nettement accéléré sur les voitures électriques, avec des propositions technologiques et des prix très compétitifs, malgré les surtaxes annoncées par la Commission européenne. Les véhicules électriques chinois vendus en Europe doivent être soumis à une taxe à l’importation pouvant aller jusqu’à 45 % à partir de fin octobre.
« Ils contourneront les barrières en investissant dans des usines en Europe. Des usines qui seront en partie financées par des subventions de l’État, dans les pays à bas coûts », a expliqué aux Echos Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, le groupe aux quinze marques (Fiat, Peugeot, Chrysler, etc.), qui va reprendre le flambeau. retraite en 2026.
Certains constructeurs comme BYD ont déjà annoncé ouvrir des sites en Europe pour éviter ces surtaxes. Dans ce contexte, les usines Stellantis sont-elles menacées ?
Rien ne doit être exclu… Si les Chinois prennent 10 % de parts de marché en Europe à la fin de leur offensive, cela signifie qu’ils produiront 1,5 million de voitures. Cela représente sept usines d’assemblage. Les constructeurs européens devront alors soit les fermer, soit les céder aux Chinois.
Carlos Tavares, patron de StellantisLes Échos
Stellantis possède 11 usines en France dont des sites d’assemblage automobile à Sochaux, Mulhouse, Rennes, Poissy, Hordain dans les Hauts-de-France.
Les déclarations faites par Carlos Tavares dans la presse sur l’hypothèse de fermetures d’usines du groupe face à la concurrence chinoise ont bien sûr piqué au vif les salariés de l’usine historique de Sochaux, dans le Doubs, qui emploie environ 5 000 personnes.
« Au niveau de l’usine de Sochaux, je ne suis pas très inquiet. Sochaux a fait les modernisations nécessaires ces dernières années. Dans les propos de Tavares, il y a une part de provocation. Il est certain qu’à l’occasion du Mondial de l’Automobile de Paris, Carlos Tavares va faire chanter son travail comme il sait le faire. » estime Benoit Vernier, délégué CFDT chez Stellantis Sochaux. « Mais le danger est réel (avec la concurrence chinoise, ndlr). Quand Tavares lance ce genre de messages, ce n’est pas anodin” ajoute le syndicaliste.
Benoît Vernier se dit en revanche inquiet en Europe du site de Poissy en Ile-de-France car « la direction n’annonce pas de nouveaux véhicules ».
L’élu CFDT rappelle également que le groupe automobile ne va pas si mal. « 17 milliards de bénéfices l’an dernier, 5,5% à 7% de marges annoncées cette année ».
Du côté de Force Ouvrière, la perspective deLes fermetures d’usines Stellantis laisseraient un goût amer, même si rien n’est officiellement annoncé. « Nous mettons en garde contre le fait que des suppressions d’emplois imprudentes nous font perdre des compétences essentielles. Ces compétences sont cruciales pour rester compétitif sur le long terme. » estime le syndicat basé à Sochaux dans un communiqué transmis à France 3 Franche-Comté. FO rappelle que «les salariés de PSA (Peugeot Citroën Automobiles) n’ont pas oublié les sacrifices consentis dans le passé pour assurer la survie du groupe. C’est grâce à leur engagement et leurs efforts que Stellantis existe aujourd’hui. »
Stellantis, qui fait face à une baisse du marché et des ventes mondiales, a réduit significativement ses objectifs de marge pour l’année 2024. Après avoir revu à la baisse ses prévisions de marge, le groupe a chuté en Bourse : -14% en une seule journée, lundi septembre. 31 décembre 2024. La cause : une baisse de la demande et donc des ventes d’automobiles neuves, aux Etats-Unis, mais aussi en France, qui ne concerne pas seulement Stellantis mais d’autres constructeurs comme Renault.