Parlement, Commission, Conseil… Nous vous expliquons le rôle et le fonctionnement des différentes institutions européennes
Du 6 au 9 juin, les électeurs de l’Union européenne sont appelés aux urnes pour élire leurs députés européens. A l’issue du vote, le Parlement européen sera renouvelé. A un mois de ces élections, franceinfo présente les quatre grandes institutions qui gouvernent l’Union.
Quel est le rôle du Parlement européen ? Comment s’articule-t-elle avec celle de la Commission européenne ? Et qu’est-ce qui distingue le Conseil européen du Conseil de l’Union européenne (UE) ? Les quatre grandes institutions qui détiennent le pouvoir au sein de l’UE sont souvent peu connues des citoyens eux-mêmes. Des millions d’électeurs sont néanmoins appelés aux urnes dans les 27 Etats membres – dimanche 9 juin pour les Français – pour renouveler la composition de la première de ces instances. A un mois des élections européennes, franceinfo vous propose un tour d’horizon des quatre institutions politiques de l’UE.
Le Parlement européen : la seule instance européenne élue par les citoyens
A quoi cela sert ? Le Parlement est la seule institution européenne à être élue directement par les citoyens de l’Union. Les députés européens qui le composent les représentent. Cette assemblée joue le rôle de co-législateur, aux côtés du Conseil de l’Union européenne, avec lequel elle vote et amende les lois européennes initiées par la Commission européenne. Au niveau européen, on parle de directives (qui doivent être transposées en droit national par les États membres) et de règlements (qui s’appliquent directement).
Le Parlement dispose également d’un pouvoir budgétaire : c’est lui qui vote le budget présenté par les commissaires européens. Elle joue également un rôle de contrôle politique. Le président de la Commission européenne est ainsi désigné grâce au vote du Parlement. Il peut également censurer la Commission, qui doit alors présenter collectivement sa démission ou révoquer un seul commissaire. Les députés peuvent enfin poser des questions écrites et orales, recevoir des pétitions ou encore créer des commissions spéciales.
Comment ça marche ? Le Parlement européen actuel compte 705 députés. Après les élections de juin, pour la prochaine législature, il comptera 720 membres élus au suffrage universel direct, à un tour et à la proportionnelle. Si le siège de l’institution est à Strasbourg (Bas-Rhin), les parlementaires travaillent aussi parfois à Bruxelles (Belgique). LE le compromis est un concept clé, notamment parce qu’aucun parti ne détient la majorité absolue. Toutes les décisions doivent donc parvenir à un consensus parmi une majorité de députés européens de 27 pays et de partis différents. L’hémicycle compte sept groupes politiques différents, dont Renouveau – qui regroupe la majorité présidentielle française –, Identité et Démocratie avec notamment le Rassemblement national, et le groupe de gauche dont fait partie La France insoumise. Vingt commissions thématiques, comme celles de la pêche ou des affaires étrangères, sont créées pour faciliter le travail législatif et aider les députés à parvenir à une position commune, nécessaire lors des négociations avec le Conseil et la Commission.
Quelle a été l’une des dernières décisions qu’il a prises ? Le 24 avril, le Parlement européen a approuvé une révision de la Politique agricole commune (PAC), la libérant de certaines règles environnementales, afin d’apaiser la colère des agriculteurs. Ces mesures, votées selon une procédure d’urgence, ont été approuvées à une large majorité (425 voix pour, 130 contre et 33 abstentions) lors de la toute dernière session plénière du Parlement, à quelques semaines des élections de juin. . Ces révisions législatives, réclamées par les Vingt-Sept après les manifestations du monde agricole, ont été ratifiées sans changement substantiel par les Etats membres. Les députés ont approuvé le texte, qui supprime totalement l’obligation de laisser en jachère au moins 4% des terres arables ou des zones non productives (haies, bosquets, étangs…), très critiquée par les organisations agricoles.
La Commission européenne : l’organe exécutif
Pourquoi est-ce ? La Commission européenne incarne en quelque sorte le gouvernement de l’UE. Il concentre trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Il est donc chargé de mettre en œuvre les textes législatifs adoptés par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne. En collaboration avec ces deux institutions, la Commission exécute le budget de l’Union. Dans ce contexte, elle contrôle notamment les financements européens. C’est aussi elle qui propose les textes législatifs. A ce titre, elle dispose d’un droit d’initiative : elle soumet ses propositions législatives aux colégislateurs, au Conseil de l’UE et au Parlement. Concernant son pouvoir judiciaire, c’est le « gardien des traités » et veille à leur bonne application. Elle peut également engager des recours devant la Cour de Justice de l’Union contre un Etat qui ne respecte pas les règles des Vingt-Sept. Enfin, c’est la Commission qui, sous autorisation du Conseil de l’UE, négocie les accords internationaux.
Comment ça marche? La Commission européenne est composée de 27 commissaires (un par État membre) siégeant tous à Bruxelles. Chaque commissaire dispose d’un portefeuille thématique. La personnalité la plus connue reste sa présidente Ursula von der Leyen, première femme à prendre les rênes de cette institution en 2019. A ses côtés, on retrouve également des commissaires de poids comme le Français Thierry Breton en charge du marché intérieur, la Danoise Margrethe Vestager en charge du numérique, ou encore l’Espagnol Josep Borrell en charge des affaires étrangères et vice-président de la Commission.
À quand remonte la dernière fois qu’elle s’est fait remarquer ? Là La Commission européenne a annoncé lundi 6 mai son intention de mettre fin à la procédure de l’article 7 du traité UE, déclenchée en décembre 2017 contre la Pologne, saluant les mesures prises par le gouvernement de Donald Tusk pour restaurer l’indépendance du système judiciaire. Cette procédure peut en théorie conduire à une suspension du droit de vote d’un pays au sein du Conseil de l’UE, en cas de « violation grave » de l’Etat de droit dans un Etat membre. Elle a été lancée par la Commission contre la Pologne en raison d’inquiétudes concernant les réformes judiciaires mises en œuvre par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), au pouvoir jusqu’en 2023, accusé de porter atteinte à l’indépendance des juges. La procédure de l’article 7 n’a été déclenchée que contre un seul autre État membre : la Hongrie de Viktor Orban, cette fois à l’initiative du Parlement européen, en septembre 2018, en raison d’une menace « systémique » pour les valeurs européennes dans ce pays.
Le Conseil européen : à ne pas confondre avec le Conseil de l’Europe
A quoi cela sert ? Le Conseil européen définit les grandes orientations de l’Union en pilotant ses principales mesures. Ses conclusions peuvent être ou non suivies par d’autres institutions européennes. Elle joue également un rôle de conciliateur et intervient dans le cadre du Conseil des ministres de l’UE afin de résoudre une situation de crise et d’apporter une solution en cas de différend entre États membres.
Comment ça marche ? Le Conseil européen siège à Bruxelles et rassemble les 27 chefs d’État des pays membres de l’Union. Il est dirigé par un président élu pour un mandat de deux ans et demi. Actuellement, c’est le Belge Charles Michel qui occupe ce poste. Le tableau se réunit habituellement quatre fois par an. Son président peut toutefois convoquer des réunions supplémentaires pour traiter de questions urgentes.
Attention, il ne faut pas confondre le Conseil européen avec le Conseil de l’Union européenne, qui rassemble les ministres de l’UE, ni avec le Conseil de l’Europe, qui est une organisation internationale. avec 46 États membres, créé après la Seconde Guerre mondiale en 1949 et dont le rôle est de protéger et de promouvoir les droits de l’homme, l’État de droit et la démocratie.
Quand a-t-on parlé de lui pour la dernière fois ? L’Union européenne a décidé mi-avril, quelques jours après l’attaque sans précédent menée par l’Iran contre Israël, d’imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran visant les producteurs de drones et de missiles. « Nous voulions envoyer un message clair », a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel à l’issue d’un sommet à Bruxelles réunissant les dirigeants des 27 pays membres. Dans leur communiqué adopté après le sommet, les dirigeants de l’UE ont appelé « Toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue et rester à l’écart de toute action susceptible d’accroître les tensions dans la région ».
Le Conseil de l’UE : un Conseil des ministres des États membres
A quoi cela sert ? Le Conseil de l’Union européenne est censé représenter les intérêts de chaque État membre. Il partage le pouvoir budgétaire et législatif avec le Parlement. Dans ce cadre, il négocie donc les propositions législatives et le budget adoptés par la Commission. L’institution coordonne les politiques des Vingt-Sept, notamment en matière économique et budgétaire, et élabore puis applique la politique étrangère et de sécurité de l’UE.
Comment ça marche ? Souvent surnommée le « Conseil des ministres » de l’Union européenne, cette institution, basée à Bruxelles, rassemble les ministres des Etats membres pilotant ces dossiers. Il est composé de 10 formations différentes. Parmi les plus connus : le Conseil Agriculture et Pêche ou « Agripêche », le Conseil Affaires étrangères ou encore le Conseil des Affaires économiques et financières ou « Ecofin ». Sa présidence est tournante, c’est-à-dire que chaque État membre préside le Conseil à tour de rôle tous les six mois. Actuellement, la Belgique le préside jusqu’à fin juin.
Quand a-t-on parlé de lui pour la dernière fois ? Le Conseil de l’UE a adopté mardi 7 mai la première législation européenne destinée à lutter contre les violences à l’égard des femmes. Un texte pourtant controversé, car il exclut le viol, faute d’accord sur une définition commune. Ce texte criminalise au niveau européen les mutilations génitales féminines, le mariage forcé, le partage non consensuel d’images intimes ou encore le cyberharcèlement.