Paris : « vieillissants », le Palais Garnier et l’Opéra Bastille fermeront pour deux ans pour travaux « urgents »
Acteur majeur de la vie culturelle parisienne, l’Opéra national de Paris (OnP) a vu sa gestion et ses finances entre 2015 et 2023 étudiées de près par la Cour des comptes, qui a publié un rapport jeudi 24 octobre. Dans son document, l’organisme revient sur une période complexe pour les différents théâtres de l’institution, avant un dynamisme retrouvé, et révèle que les opéras Garnier et Bastille subiront chacun deux ans de travaux de rénovation, impliquant leur fermeture – d’abord Garnier à partir de juillet 2027, puis Bastille à partir de juillet 2030.
Intensément fréquentés ces dernières années, le Palais Garnier, les Ateliers Berthier et l’Opéra Bastille ont déjà fait l’objet de quelques travaux de rénovation et d’entretien. Mais aujourd’hui, la Cour des comptes fait état d’un « état de vieillissement avancé ». À tel point qu’elle qualifie d’« urgente » la nécessité d’entreprendre de nouveaux travaux d’envergure. Imperméabilisation de toitures, rénovation de machinerie de scène, hangars, fosses, charpente de scène, etc.
Des investissements sous-estimés et sous-financés depuis trop longtemps
Concentré depuis plusieurs mois sur deux projets, l’Opéra national de Paris a finalement été contraint de les abandonner en 2023, perdant un temps précieux dans la gestion de son institution. Sur la période 2016 à 2018, la Cité du théâtre devait tout d’abord être lancée sur le site des Ateliers Berthier, dans le 17e arrondissement, impliquant un rapatriement des activités de l’Opéra national de Paris sur le site de la Bastille. D’autre part, un projet de salle modulable à Bastille, gelé depuis trente ans, était en préparation. Mais les deux projets ayant été abandonnés, l’Opéra subit grandement ces pertes financièrement.
Face à un « mur d’investissement », l’État s’est engagé entre 2022 et 2026 à accorder une subvention de 5 millions d’euros par an, ainsi qu’à mettre à disposition les plus de 40 millions d’euros destinés au projet avorté d’une salle modulaire au Opéra Bastille.
Même si l’État a investi régulièrement (au travers d’une dotation annuelle en fonds propres), en moyenne 1,4 million d’euros par an, les dépenses de l’Opéra ont atteint plus de 12 millions d’euros. Après trois années de crise, l’OnP est aujourd’hui confrontée à un besoin de financement exceptionnel, « estimé, à ce stade, à au moins 200 millions d’euros d’ici 2030, pour entreprendre les grands travaux nécessaires sur chacun de ses sites », précise le rapport. .
Des résultats excédentaires en 2023
Pour pallier ce manque de moyens, l’Opéra est particulièrement incité à augmenter le nombre de ses représentations « tout en réduisant ses effectifs permanents et en maintenant un haut niveau de savoir-faire ».
Pour l’instant, l’augmentation du nombre de représentations de ballet a par exemple permis une nette augmentation des recettes de billetterie, conduisant à des résultats excédentaires pour l’année 2023. Et ce, même si l’opéra peine à remplir les salles. Par ailleurs, l’utilisation de bâches publicitaires sur les échafaudages affichés devant le Palais Garnier pourrait également rapporter 28 millions d’euros sur la période 2024-2030.
La Cour des comptes espère donc que ces résultats seront confirmés et exhorte l’OnP à anticiper davantage la gestion de son budget à l’avenir. Car l’Opéra est confronté à plusieurs défis sur lesquels, selon le rapport, il devrait particulièrement se concentrer pour redresser la situation. L’effectif vieillit, le recours accru au personnel non permanent est déploré, le système de rémunération reste « trop complexe et peu lisible », tout comme la gestion sociale de la convention collective.