Il souhaitait se réinventer en tant que conseiller de groupes immobiliers. Il a été rattrapé par la justice. Jean-Louis Missika, ancien adjoint à l’urbanisme d’Anne Hidalgo, a été condamné ce mardi par le tribunal correctionnel à 90 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité pour un pantouflage en fin de mandat dans deux groupes immobiliers, entre 2020 et 2021.
Cet ami proche de la maire de Paris a comparu devant le tribunal judiciaire de la capitale dans le cadre d’une procédure de comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaidoyer de culpabilité à la française. La peine proposée par le Parquet national financier (PNF) et acceptée par l’intéressé a été approuvée par le président de la 32e chambre financière, rapporte l’AFP.
Rattrapé par la commission d’éthique
C’est l’alerte donnée par la députée LFI Danielle Simonnet, puis celle d’Yves Charpenel – président de la commission d’éthique de la Ville de Paris – qui avaient attiré l’attention de la justice sur la tentative de « reconversion » de Jean-Louis Missika, à la fin de son mandat en 2020. L’ancien adjoint chargé de l’urbanisme avait rejoint un comité de mission constitué par le groupe immobilier Novaxia ainsi qu’un comité d’orientation et de prospective du groupe immobilier Gecina.
Le président de la commission d’éthique lui avait demandé de démissionner de son nouveau poste. Yves Charpenel y voit des « conflits d’intérêts ». Le « droit de suite » prévu par la loi oblige en effet tout agent public, pendant les trois ans qui suivent la fin de ses fonctions publiques, à « indiquer ses projets professionnels pour vérifier qu’ils ne sont pas en contradiction avec les principes éthiques qui régissent la vie publique ». », se souvient-il. Jean-Louis Missika avait été invité par la commission à renoncer également à une future présidence, comme nous l’avait alors révélé Yves Charpenel.
« Il y a eu un manque de bonne foi »
Après de premiers démentis lors de l’enquête confiée par le PNF à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), Jean-Louis Missika a reconnu ce mardi à la barre « une mauvaise interprétation de la loi et avoir eu des torts très graves de ne pas consulter le comité d’éthique avant de conclure ces contrats » avec Novaxia et Gecina.
Le procureur financier a de son côté affirmé que l’ancien adjoint se trouvait « dans une situation objective de conflit d’intérêts ». « Ce n’était pas une erreur, il y avait un manque de bonne foi. »
Mais « l’enquête a aussi permis d’écarter tout soupçon de favoritisme ou de contrepartie ». a postériori aux décisions prises par Jean-Louis Missika en tant qu’adjoint à l’urbanisme », alors que les deux sociétés s’étaient vu confier des missions par la mairie de Paris à l’époque où Jean-Louis Missika était encore aux côtés d’Anne Hidalgo. Cette dernière peut désormais travailler à nouveau pour groupes immobiliers mais « ce n’est pas dans ses projets immédiats », répond au Parisien son avocat. Selon ce dernier, le « spin doctor » d’Anne Hidalgo participe plutôt à des « missions ponctuelles avec groupe de réflexion ».
Le procureur financier a observé que l’ex-élu avait bien « remboursé » les sommes litigieuses et annoncé que les présidents de Novaxia et Gecina étaient « soumis à des poursuites devant le tribunal correctionnel » car ils « n’ont pas reconnu les faits ».
« Je suis fière que la justice ait tranché en ma faveur suite à ma saisine du PNF », réagit la députée LFI Danielle Simonnet. La lutte contre le pantouflage et les conflits d’intérêts est une question démocratique centrale. Ce combat nécessite de mettre un terme aux politiques de privatisation de l’urbanisme, à Paris comme ailleurs. »