La ferme Beaumont, productrice de fromage de chèvre, est située à quelques centaines de mètres du Centre national de tir (CNTS). Depuis jeudi 18 juillet, trois des quatre accès de la ferme sont bloqués pour sécuriser le site olympique. Une situation qui complique l’arrivée des rares clients de cette entreprise familiale. « Certains ne viendront pas. Le voyage n’est pas facile, surtout pour ceux qui viennent d’Issoudun.explique Luce Bodin qui travaille à la ferme. Les ventes, c’est notre chiffre d’affaires, ça va nous perturber un peu. On fera le point après les JO. » A 11 heures, seulement dix clients étaient venus, « contre vingt habituellement à midi »Autour de la ferme, les motos de gendarmerie effectuent des patrouilles et contrôlent les véhicules qu’elles croisent. « Vous cherchez quelque chose, monsieur ? » nous crie un policier, en plein milieu d’un chemin. Des blocs de béton bloquent l’accès à plusieurs routes de campagne.
« Ça sent encore la pourriture »
Les accès et abords des sites d’hébergement des athlètes sont également fermés, imperméables à tout échange entre les membres des délégations et les habitants de l’agglomération. L’accueil au Centre international d’enseignement supérieur (Pesi) – où 120 chambres attendent leurs premiers occupants – n’a pas été des plus chaleureux. « Ça sent encore la pourriture »un homme habillé en tenue de Paris 2024 chuchote à un agent de sécurité quand il voit la voiture La Nouvelle République. Ambiance.
Une défiance envers l’organisation que l’on retrouve aussi à la Chapelle Saint-Denis, qui a vu le jour en juin grâce notamment à des fonds de la Ville de Châteauroux. L’ancien hospice accueille plusieurs délégations. Un drapeau représentant l’Australie et un kakémono du Japon sont exposés devant le bâtiment. Trois agents de sécurité surveillent l’entrée qui donne sur le parking, interdisant les photos et vidéos du lieu. « Tu n’as pas besoin de poser toutes ces questions »justifie le responsable du lieu lorsqu’on s’intéresse à l’arrivée des athlètes. Concrètement, aucune possibilité de rencontrer les athlètes ou les membres du staff n’est possible sans passer par la maison mère Paris 2024, injoignable.
Les élus également contraints
Les interdictions de circuler touchent aussi bien les habitants de l’agglomération que les élus. Gil Avérous, maire de Châteauroux, explique qu’ils n’ont pas plus de droits que leurs concitoyens. « Les maires de Diors, Déols et Étrechet sont concernés par le chantier et tous les trois étaient contraints par des accréditations. Le maire d’Étrechet, Marc Descouraux, a eu du mal à se rendre à la réunion de sécurité qui s’est tenue au CNTS. » Pour cet « incident », le préfet Thibault Lanxade lui-même a dû intervenir pour que l’élu puisse passer. « De plus, le maire de Diors, dont on pourrait imaginer qu’il pourrait traverser la départementale, ne peut pas le faire car il n’est pas sportif. » Christian Baron le confirme : « Je suis un citoyen ordinaire, je n’ai aucun avantage. » Pour Gil Avérous, ces mesures sont nécessaires : « Les consignes sont données de telle sorte que c’est très strict. C’est plutôt rassurant qu’il n’y ait pas de traitement particulier. On voit que les recommandations ont bien été transmises aux agents de sécurité. »