Parfois, une rénovation est mieux qu’une nouvelle voiture électrique
Une étude récente montre les bénéfices du retrofit lorsqu’il est bien utilisé. Mais encore faudra-t-il que le cadre économique soit suffisamment solide pour qu’il devienne un peu plus accessible, car la conversion reste bien trop coûteuse.
Pour l’instant, il est très difficile de voir l’intérêt économique du rétrofit. Cela est dû aux prix parfois exorbitants pour convertir un véhicule thermique qui, dans certains cas, ne vaut plus grand-chose. Il est donc très difficile d’envisager pour l’instant un avenir autre que des transformations isolées.Pourtant, la pratique aurait ses avantages environnementaux. C’est ce qui ressort d’une étude du cabinet Carbone 4, spécialisé dans l’accompagnement et l’étude de l’amélioration des empreintes carbone. Aux origines de l’entreprise, on retrouve notamment Jean-Marc Jancovici, reconnu pour son expertise sur tout ce qui touche à l’énergie. Pourtant, il est assez surprenant et rare de voir une organisation purement automobile comme Mobilians relayer l’étude de l’ancien polytechnicien Jancovici ! Cependant, les deux parties convergent vers un intérêt de rénovation tant pour la souveraineté économique et industrielle d’un pays comme la France que pour l’environnement.
Une rénovation est mieux qu’une installation électrique
Pour réaliser son étude, Carbone 4 s’est appuyé sur trois scénarios, après 5 ans de circulation du véhicule :
- Scénario A : prolongation de l’exploitation du même véhicule diesel pendant 10 ans.
- Scénario B : vente du véhicule thermique suivie de l’achat d’un nouveau véhicule électrique et exploitation de ce dernier pendant 15 ans.
- Scénario C : rénovation électrique et exploitation pendant 10 ans.
L’étude suppose également que la modernisation se fait avec l’installation d’une batterie « capacité inférieure à celle des nouveaux véhicules électriques ». Mais malheureusement, il ne quantifie pas tout cela exactement, même si un thermique converti en électrique aura effectivement moins de place structurelle qu’un électrique prévu pour accueillir une batterie dès la conception. Sans surprise, le pire des cas reste de conserver son diesel pendant les 10 + 5 ans de la première mise en service.
En conclusion, si le gain du rétrofit par rapport à un diesel est conséquent (81% d’empreinte carbone en moins dans le scénario C vs A), il est également présent face à l’achat d’un nouvel électrique : « Le rétrofit électrique permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre plus importante que l’achat d’un véhicule électrique neuf. Cet avantage est principalement dû à l’économie de fabrication du véhicule ainsi qu’à l’installation d’une batterie plus petite. Cet écart devient encore plus sensible lorsque la différence de taille de batterie augmente entre les versions électriques et rétrofit, notamment pour les citadines. » Rappelons que le plus gros émetteur de CO2 dans la fabrication d’un véhicule électrique n’est pas forcément la batterie, mais plutôt la métallurgie. Conserver un véhicule permet donc d’éviter le gaspillage dans la fabrication de l’acier et de l’aluminium nécessaires.
Bien sûr, plus le véhicule est grand, plus le « gain carbone » entre les scénarios A et C est important. 81 % sur une Citroën C3 ou équivalent, mais 87 % pour un véhicule utilitaire léger et pas moins de 90 % pour un bus. Et c’est précisément à ces deux catégories que le rétrofit vise actuellement, là où il est plus facilement rentable : les bus et VUL électriques étant particulièrement chers, l’intérêt de convertir un modèle thermique avec du rétrofit est vite trouvé, tandis que les véhicules particuliers électriques légers sont plus accessibles.
Journaliste automobile (et un peu passionné de vélo aussi). Passionné par les nouveautés comme l’industrie ou l’environnement, mais aussi par tout ce qui fait avancer la mobilité.
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Publié le 17/09/2024 à 17h00