Parents, vous ne savez rien de la relation de votre adolescent avec la drogue.
Les jeunes adultes, et particulièrement les hommes, constituent la majorité des passages aux urgences liés à la consommation de cocaïne. Sur les 23 335 admissions entre 2010 et 2022, dont la tendance s’accélère sur la période, l’âge médian chute à 32 ans selon Santé Publique France. Alors que vos enfants quittent l’adolescence et entrent progressivement dans l’âge adulte, il est donc bon de détruire certains mythes sur la consommation de drogue en général chez les étudiants, et d’explorer les solutions à portée de main pour les protéger.
La plupart des parents n’imaginent pas que leur propre chair puisse être mêlée à des substances illégales. Mais la Dre Jill Grimes, médecin de famille et spécialiste de la santé des étudiants, affirme que cela peut arriver à n’importe qui. « D’après mon expérience, même si vos enfants ont une conduite 20/20, sont membres de scouts ou bénévoles, ils sont toujours susceptibles d’essayer de la drogue. »elle décrit à CNN.
L’image erronée qui embrume la tête des parents est souvent celle d’un échange de sacs au bout d’une ruelle sombre avec un voyou. Des conditions qui devraient en effet mettre la puce à l’oreille de la plupart des jeunes afin de s’en distancer. Sauf qu’en réalité, les dealers ressemblent à des étudiants ordinaires – parce qu’ils le sont.
Tout commence lorsque votre enfant n’arrive plus à dormir à cause du stress des examens. Alors un ami lui propose des pilules pour l’aider à se reposer. Ou, à l’inverse, lorsqu’il veut veiller toute la nuit pour finir sa thèse. On peut alors lui proposer un stimulant normalement destiné aux personnes souffrant de troubles de l’attention.
Le croupier n’est peut-être autre que votre propre enfant. « Je suis étonné par le nombre d’étudiants qui vendent de la drogue et ne se considèrent pas comme des dealers.raconte Jill Grimes. Ils se sentent offensés quand j’utilise ce mot et que je souligne les conséquences juridiques potentielles. Certains jeunes vont même jusqu’à vendre les médicaments qui leur ont été prescrits pour leur trouble du déficit de l’attention. Partagées ou revendues à leur tour, ces pilules généralisent la fausse impression que les produits offerts par d’autres étudiants sont également sécuritaires et légaux.
Une expérience à vivre une fois dans sa vie ?
D’autres parents pensent peut-être encore que l’expérimentation de drogues fait partie de la vie d’un jeune adulte. Presque un rite de passage. Après tout, ils l’ont eux-mêmes essayé et ont fini par bien s’en sortir. Mais le cannabis d’aujourd’hui, par exemple, est beaucoup plus fort qu’à l’époque. La concentration de THC est passée de 1,5 % en 1980 à 3,96 % en 1995, avant de culminer à 16,14 % en 2022, selon le National Institute on Drug Abuse. Un tel niveau rend la consommation beaucoup plus addictive.
Un autre mythe que nous avons déjà évoqué est que seuls les plus grands fêtards prennent de la drogue à l’université. C’est faux : « En dehors de la culture de la drogue en soirée, je vois de plus en plus d’étudiants se tourner vers l’automédication »explique Jill Grimes. Les étudiants cherchent des moyens de rester éveillés et concentrés, ainsi que des moyens de calmer leur stress afin de pouvoir étudier, dormir ou socialiser plus facilement. Ils sont moins intéressés par le frisson que par le respect de la norme.
Plutôt que de découvrir trop tard si ces mythes sont vrais ou non, Jill Grimes conseille aux parents de jeunes adultes de les équiper de naloxone. Ce médicament traite les overdoses d’opioïdes, des substances psychotropes aux effets dévastateurs aux États-Unis et dont la circulation en France est en augmentation. Il peut être obtenu sans ordonnance dans le cas du Prenoxad, selon la Fédération des addictions.
Encourager les jeunes à consulter un médecin avant d’atteindre un seuil critique peut aussi leur sauver la vie. S’ils se plaignent de difficultés de concentration ou de sommeil, s’ils éprouvent une panique sociale ou scolaire, un psychologue et des médicaments prescrits par un professionnel peuvent leur apporter une aide décisive. D’autant qu’un étudiant est prêt à tout pour s’automédicamenter lorsqu’il s’agit de sa santé mentale – et c’est précisément ainsi que les « bons étudiants » tombent dans la drogue.