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« Parents pour la vie » ou l’histoire vraie des parents de Matthieu, le meurtrier d’Agnès, 13 ans

« Parents pour la vie » ou l’histoire vraie des parents de Matthieu, le meurtrier d’Agnès, 13 ans

« Nous sommes les parents d’un tueur et d’un violeur. Nous sommes pleins de honte, de chagrin et de culpabilité. Cependant, nous aimons toujours notre fils, nous restons ses parents. Pour la vie. » Ainsi commence Parents à perpétuité, le livre écrit en 2016 par Sophie et Dominique Moulinas. Quatre ans plus tôt, Matthieu, l’aîné de leurs trois enfants, avait violé Agnès Marin, l’avait attachée à un arbre avant de la poignarder une vingtaine de fois puis de brûler son corps. Elle avait 13 ans, lui 17. Le seul point commun qu’ils avaient était d’être pensionnaires dans la même école, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.

Ce mercredi soir, France 2 diffuse un film inspiré de ce livre. Dans la fiction, qui porte le même nom que le livre, on suit les parents de Guillaume, 17 ans, alors qu’ils évoluent dans un monde qu’ils n’auraient jamais imaginé rencontrer. Les noms ont été modifiés, les lieux et les dates aussi, mais pas le sujet. L’amour filial peut-il vaciller face au pire ? Pouvez-vous aimer vos enfants tout en étant repoussé par leurs actions ? Comment faire face à l’impensable ? « Ils n’ont jamais lâché leur fils. Dès le premier jour, ils ont été là pour lui et le sont toujours d’ailleurs », insiste Me Joëlle Diez, qui fut l’avocat de Matthieu. Près de quinze ans après cette affaire, cette avocate expérimentée se dit toujours très marquée, tant professionnellement qu’humainement, par cette affaire qu’elle qualifie d’« extraordinaire ».

Un premier crime d’avertissement

L’intrigue du film commence dans les couloirs de la gendarmerie : Guillaume vient d’être arrêté pour un viol commis sur une amie d’enfance. Un premier crime qui sera rapidement suivi d’un second, encore plus tragique. Une chronologie conforme à la réalité. Le crime dont Agnès Marin a été victime fait écho à une première affaire, commise seize mois plus tôt. Le 1er août 2010, Matthieu attire une ancienne camarade d’école dans un endroit isolé avant de la violer sous la menace d’un couteau. Quelques heures après son arrestation, l’adolescent est passé aux aveux. «On n’a pas compris grand chose», confiait son père en 2016 sur France Inter. Mais en même temps, nous n’étions pas en état de comprendre quoi que ce soit. Vous savez, l’expression « coup de masse » : nous avons été détruits par ça. Détruit et seul. C’était tellement atroce. »

L’expert qui examine Matthieu écarte le risque de récidive, jugeant les remords de l’adolescent sincères. Il ne constate aucun danger particulier. Après quatre mois en détention provisoire, le jeune homme est placé sous contrôle judiciaire. A condition qu’il quitte son département d’origine et fréquente un internat. Ses parents ont remué ciel et terre pour lui trouver un logement. C’est ainsi qu’il arrive, après 16 refus, au lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon. Celle-là même où la jeune Agnès, de quatre ans sa cadette, va à l’école.

Quelques mois plus tard, le 16 novembre 2011, il l’a attirée dans la forêt jouxtant l’établissement sous prétexte d’aller cueillir des champignons avant de la violer et de l’assassiner. « C’est comme si c’était toi qui avais commis ce crime », confiait sa mère dans un documentaire paru en 2016. « Ce n’est pas toi, mais c’est toi. C’est ton sang, ta chair, les valeurs que tu lui as transmises, ce sont tes codes. »

Emprisonnement à vie

Les psychiatres qui l’ont ensuite examiné ont révélé un profil schizoïde et un danger important. « Matthieu ne voulait pas sortir de prison, il n’avait aucune envie de retourner à une vie normale, il se savait dangereux », rappelle son ancien avocat qui regrette cependant que « ni son âge ni sa pathologie mentale » n’aient été pris en compte par la justice. tribunal.

En première instance et en appel, Matthieu a été condamné à la réclusion à perpétuité, le tribunal ayant rejeté « l’excuse de la minorité ». Avant lui, seul Patrick Dils avait subi un tel sort avant d’être disculpé. Puisque personne. Et pour cause : la loi a été modifiée pour se conformer aux exigences de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Désormais, la peine maximale encourue par un mineur est de trente ans. Malgré les conseils de leur avocat, Matthieu et ses parents refusent de se pourvoir en cassation. « Ils étaient épuisés », se souvient-elle. Aujourd’hui âgé de 30 ans, Matthieu est toujours en détention.

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