Il est 11h15 ce mardi 5 novembre 2024 au collège Saint-Yves, à Mordelles, au sud-ouest de Rennes. Assis seul dans un bureau de l’administration scolaire, Ewan, élève de 5e dans ce collège privé de la banlieue rennaise, est inquiet. Cependant, il n’est pas convoqué au bureau du directeur pour une quelconque bêtise ou avoir séché des cours dans l’ordre. C’est avec une infirmière que l’adolescente de Chavagne a rendez-vous. La raison ? Dans quelques secondes, il sera vacciné contre les infections à papillomavirus humain, vaccin recommandé par l’Agence régionale de santé (ARS), mais pas obligatoire. A peine le temps de dire qu’il « n’aime pas les aiguilles », et c’est déjà fini !
Comme Ewan, 24 jeunes de ce collège ont été vaccinés ce mardi, tous élèves de 5e, dans le cadre de la deuxième édition de la campagne nationale de vaccination contre les papillomavirus dans les collèges. En Bretagne, 389 collèges publics et privés, dont 110 en Ille-et-Vilaine, y participent. « Le papillomavirus provoque 6 000 cancers par an en France, notamment du col de l’utérus, et 1 100 décès », observe David Le Goff, directeur départemental de l’ARS. Ce sont des cancers évitables car transmissibles. Et huit personnes sur dix seront contaminées un jour. »
45% de femmes et 15% d’hommes vaccinés
L’idée de l’ARS ? Rendre la vaccination visible et souligner ses bénéfices, tant pour les filles que pour les garçons. « Ce vaccin a un taux de réussite de 90 %, il fonctionne très bien. Dans les pays du nord de l’Europe où le taux de vaccination est très élevé, les infections à papillomavirus ont quasiment disparu. Pour que la vaccination ait un réel impact, selon l’Agence sanitaire, il faudrait que 80 % de la population soit couverte. « Or, aujourd’hui, 45 % des femmes et 15 % des hommes sont vaccinés. Nous avons donc encore du chemin à parcourir.
L’objectif affiché est d’avoir vacciné 80 % de la population en 2030. Pour y parvenir, l’ARS compte notamment sur les collèges. Et sur la tranche d’âge des élèves de 5e, âgés de 12-13 ans. « Nous recommandons de vacciner entre 12 et 14 ans », explique David Le Goff. Plus la vaccination est administrée tôt, plus elle est efficace. A cet âge, deux doses sont nécessaires, elles sont trois lorsque le patient est plus âgé. »
3 100 vaccinations cette année en Ille-et-Vilaine
Cette année, sur les 14 000 élèves de 5e d’Ille-et-Vilaine, 3 100 ont jusqu’à présent donné leur accord pour se faire vacciner. Soit 22% de jeunes vaccinés par ce dispositif. C’était davantage l’année dernière, avec quelque 4 000 vaccinations. « Nous n’aurions pas eu autant de vaccinations si nous avions respecté le circuit normal où un enfant est vacciné chez son médecin », souligne Jean-Luc Chenut, président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Cette année, les chiffres sont un peu plus bas, mais ils démontrent les progrès de la vaccination en dehors du collège dans les familles car les jeunes en parlent entre eux et à la maison. »
Dans la cour de récréation, Paul s’est fait vacciner ce mardi : « J’avais peur que ça fasse mal, mais ça s’est bien passé. Je conseille de le faire, je comprends que cela nous protégera du cancer, donc je vais en parler à ceux de ma classe. Lou-Ann, Lena et Sheyma ont également reçu l’injection. « Nous recommandons également de le faire, même si cela fait un peu mal. Et puis grâce au vaccin, on a raté les cours de maths.»