La bande de Gaza est la cible de nombreuses frappes israéliennes en représailles à l’attaque perpétrée le 7 octobre par les commandos du Hamas.
Face à un bilan qui s’alourdit de jour en jour dans l’enclave palestinienne, certains cherchent à semer le doute sur la tragédie vécue par les Gazaouis.
Une vidéo tournée en 2018 est détournée pour la faire passer pour une mise en scène d’attentat à la bombe.
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Les informations scrutées
Alors que les réseaux sociaux sont devenus la seule fenêtre sur la bande de Gaza, certains témoignages remettent en question l’authenticité de ces images. Une vidéo diffusée ce mardi 14 mai accuse les civils de l’enclave palestinienne d’avoir organisé un attentat à la bombe, créant une fausse explosion et mettant du sang sur les acteurs alors qu’une caméra tournait autour d’eux. Mais « Spectacle de rue », comme le décrit ironiquement l’internaute, a-t-il été réalisé pour illustrer les bombardements de civils à Gaza ? Nous avons vérifié.
Une vidéo tournée en 2018
La séquence débute par une explosion dans une zone sécurisée par du ruban de signalisation. Deux hommes, visiblement en parfaite santé, entrent alors dans les lieux, s’allongent au sol et commencent à feindre des blessures. Un autre individu se charge d’ajouter du sang aux acteurs, tandis qu’un troisième homme mime l’étonnement, les bras levés vers le ciel. Une femme filme le tout, sous le regard de dizaines de spectateurs.
Un indice visuel nous a permis d’en savoir plus. L’homme qui ajoute le sang porte en effet une veste blanche avec le logo de sa société de maquillage pour effets spéciaux. En retrouvant la page Facebook du studio, une chose saute aux yeux : le jeune homme ne fait plus la promotion de son activité sur ses réseaux sociaux depuis le début de la guerre à Gaza. Impossible de savoir s’il a récemment participé à un tournage ou s’il a arrêté son activité. En consultant ses archives, on a pourtant retrouvé la publication d’une intervention qui ressemble en tout point à celle diffusée ce mardi par les internautes. Or, les images en question remontent au 11 mars 2018, bien avant l’offensive du Hamas contre Israël et les frappes de représailles de l’État hébreu. Sur les photos, on repère les deux fausses victimes au sol, dont celle vêtue d’un t-shirt rayé bleu et de son keffieh utilisé pour comprimer la plaie, et on identifie la zone délimitée par le ruban adhésif.
En légende, ce spécialiste des effets spéciaux précise en arabe qu’il s’agit d’une intervention « pour la manœuvre spéciale des étudiants en médecine de l’université islamique ». Une version corroborée par la page Facebook de l’établissement en question. Le 11 mars 2018, l’Université de Gaza a publié des photos de l’événement, expliquant qu’il s’agissait d’un « opération à l’occasion de la Journée de sensibilisation médicale ». Plus précisément, l’establishment a voulu mettre en scène les conséquences d’un bombardement contre Gaza après la guerre de 2014 afin de « sensibiliser les étudiants aux méthodes de gestion des blessures multiples et à la meilleure manière de les traiter afin de préserver la vie des blessés ». Tous les éléments visuels correspondent à ceux du clip devenu viral. Les deux artistes sont habillés exactement de la même manière et leurs blessures sont au même endroit. Une autre vidéo, prise par drone et publiée par l’établissement, confirme que la zone géographique est la même.
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En résumé, cette vidéo ne montre absolument pas une « mise en scène » des drames vécus par les Palestiniens à Gaza. Elle s’inscrit plutôt dans le phénomène en ligne qui consiste à interroger le drame vécu par les civils dans le territoire enclavé. Avec des publications à grande échelle accompagnées du mot-clé « Pallywood » ou « Gazawood » – contraction de Palestine ou Gaza et Hollywood – cette campagne vise aujourd’hui à remettre en question l’existence de victimes civiles de l’enclave. À l’heure actuelle, aucune des preuves avancées par les internautes, qui culminent parfois à des millions de vues, n’est crédible.
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