Alors qu’une nouvelle saison débute, le centre international avoue être déçu du dernier exercice et attendre beaucoup des recrues, dont la star anglaise. Il revient également sur les récentes affaires qui ont terni l’image du rugby.
C’est reparti pour une nouvelle saison. Avez-vous enfin pu vous reposer cette fois-ci ?
Gaël Fickou : L’année dernière, avec la Coupe du monde, c’est vrai qu’on n’a pas eu beaucoup de vacances. Cette fois, j’ai eu six semaines de repos. J’ai pu me régénérer mentalement et physiquement. Depuis que je suis joueur professionnel, c’est la première fois que j’ai une pause aussi longue. Et je ne vais pas vous mentir. Je n’ai rien fait ! J’ai dit au coach que j’étais allé courir deux fois mais ce n’est pas vrai (rire). J’ai de la chance, j’ai la capacité de revenir rapidement même quand je ne m’entraîne pas. Mais la partie physique n’est pas ce que j’aime…
Attendez-vous avec impatience le début de la saison ?
J’ai hâte, oui, j’ai envie de jouer. Mais je sais aussi que quand les matches reprennent, ça ne s’arrête plus. Il faut donc vraiment profiter de ces derniers moments où l’on est encore détendu avant de repartir à fond.
Nous pensons qu’il y a du potentiel mais nous devons faire mieux, oui. Nous nous le devons.
Gaël Fickou
Avec la frustration d’une saison ratée ?
C’est vrai que pour un club comme le Racing, on n’a pas fait la saison attendue. On a fait une saison très moyenne qu’on a très mal finie. J’espère que cette fois on fera une saison complète, avec quelque chose à la fin. On est motivés à 100% pour ça.
Qu’a-t-il manqué au Racing 92 la saison dernière ?
C’est très difficile à identifier… On a peut-être raté ces joueurs qu’on est allé chercher. C’est difficile à expliquer. Mais il n’y a pas d’excuses à trouver. Je suis le premier, à certains moments, je n’ai pas été à la hauteur. On sent qu’il y a du potentiel mais on doit faire mieux, oui. On se le doit.
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Avec quel objectif ?
Il ne faut pas se raconter de conneries. Huit ou neuf clubs peuvent se targuer d’être champions de France. Chaque équipe s’est renforcée, ça va être très dur à nouveau. Sans aller trop loin, on a perdu quelques joueurs mais on s’est aussi renforcé beaucoup. Donc j’espère qu’on sera meilleurs que la saison dernière.
Ne nous mentons pas, nous préférerions jouer à Paris la Défense Arena plutôt qu’à Créteil. Changer de stade ne nous aide pas…
Gaël Fickou
Ces renforts sont Owen Farrell, Romain Taofifenua, Demba Bamba…De très grands joueurs sont arrivés. Sur le papier, c’est fort. Mais le papier ne fait pas tout. Il va falloir bien jouer ensemble. Pour cela, il faut travailler dur.
Vous avez souvent affronté Farrell. Cette fois, il est votre coéquipier. Qu’avez-vous découvert ?
J’imaginais un mec carré, strict, exigeant. Et c’est exactement ça. Il est fidèle à lui-même. Il n’a pas de talent mais il fait tout bien. Il travaille beaucoup, il est d’une rigueur incroyable. Il a 10 sur 10 partout. C’est ce qui nous manque un peu à nous, les Français. On est plus talentueux que bosseurs… Il nous apporte cette rigueur qui va nous faire du bien j’espère. En tout cas, il nous tire vers le haut.
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Le Racing 92 disputera ses premiers matchs à domicile à… Créteil. Qu’en pensez-vous ?
On ne va pas se mentir, on préférerait jouer à Paris la Défense Arena. C’est comme ça… C’est difficile de commenter. Je ne vais pas dire qu’on ne veut pas jouer à Créteil. C’est mieux que d’aller à deux ou trois heures de Paris (Auxerre, Le Mans ou Le Havre ces dernières saisons, NDLR :). Après, c’est évident, on préférerait jouer à domicile, à Nanterre. Cela n’aide pas de changer de stade, ce serait hypocrite de dire le contraire. C’est difficile à gérer. C’est l’avantage et l’inconvénient d’avoir un outil de travail exceptionnel comme l’Arena où il y a les plus grands concerts de France, voire d’Europe. Donc on comprend aussi les choix du propriétaire, Jacky (Lorenzetti). On attend de retrouver Du Manoir à Colombes. En attendant, jouer à Auxerre ou à Créteil, ce n’est pas l’idéal pour nous, c’est vrai.
La troisième mi-temps fait partie de la culture du rugby, il faut la préserver. Mais les tentations sont de plus en plus nombreuses, les excès de plus en plus nombreux…
Gaël Fickou
Cet été a été marqué par des événements extra-sportifs qui ont terni l’image du rugby…
Je ne vais pas parler de ce qui s’est passé en Argentine et en Afrique du Sud, je n’y étais pas. Mais ça m’a beaucoup affecté. Ce qui est arrivé au jeune Narjissi est très dur. J’ai joué avec son père. J’ai une énorme pensée pour lui et sa femme… Plus généralement, il y a eu des abus récemment. Il n’y a pas 10 000 questions à se poser, il faut rectifier ça. Il faut se ressaisir et redorer le blason du rugby. C’est d’abord à nous, les joueurs, de prendre plus de responsabilités, de nous prendre en main.
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La responsabilité incombe-t-elle davantage aux joueurs qu’aux clubs ou à la direction ?
En gros, c’est la responsabilité des joueurs. On est toujours sortis, on a toujours fait la fête après les matchs. Mais il faut savoir se contrôler, contrôler ce qu’on dit et ce qu’on fait. Je joue en équipe de France depuis douze ans, on sort après nos matchs depuis douze ans et ça se passe plutôt bien à chaque fois. Donc oui, il y a des abus et les joueurs qui sont dans cette situation doivent être punis, moi le premier si demain je fais une bêtise. Il faut assumer ses responsabilités d’homme.
Ne devrions-nous pas remettre en question la troisième mi-temps ?
Il ne faut pas perdre ça, non. Cela fait partie de la culture du rugby, il faut le garder. Mais, aujourd’hui, il y a de plus en plus de tentations, de plus en plus d’excès. C’est à nous de prendre les choses en main, de prendre nos responsabilités. C’est aux clubs d’encadrer davantage aussi, et tout ira bien.