Overdose ou désamour ? À Lyon, l’engouement pour les « food courts » retombe subitement


Devenues de véritables lieux branchés partout en Europe, ces halles gourmandes ont conquis Lyon au tournant des années 2020. Quatre ans plus tard, Food Society ferme en juin et Food Traboule annonce son placement en redressement judiciaire en août.

Le Figaro Lyonnais

Les food courts n’ont plus la cote à Lyon. Après que Food Society a quitté le centre Part-Dieu en juin dernier sans réelle explication, seulement deux ans après son ouverture, c’est Food Traboule qui a annoncé se placer en redressement judiciaire début août. Le lieu, situé dans la Tour Rose, institution mythique du Vieux Lyon qui abritait autrefois un restaurant étoilé Michelin, n’aura pas survécu à l’après Covid. Ouvert en janvier 2020 par Tabata et Ludovic Mey, entourés d’un collectif de chefs locaux, le food court proposait « une alternative gastronomique accessible, innovante et festive à travers un « food court » porté par une génération de chefs pétillants et engagés dans un lieu unique cher aux Lyonnais ».

Une « conjoncture » défavorable

Mais les confinements sont arrivés et après un très bon départ, plusieurs restaurateurs associés ont préféré se retirer du projet. « Certains ont quitté les listes, n’ont pas respecté leurs délais de préavis et le manque de turnover a été considérable »« Nous avons rempli les comptoirs vides pour continuer à exploiter le local avant de le mettre en vente en décembre 2023 », ont indiqué les époux Mey dans un communiqué. Si le lieu intéresse, les vraies offres tardent à arriver et Food Traboule a été placé en redressement judiciaire début août par le tribunal de commerce.

Cette annonce sonne comme un véritable coup de massue contre la mode des « food courts » dans la capitale de la gastronomie. Pourtant, ces lieux rencontrent un succès en France et en Europe et ce type de halles gourmandes s’ouvrent un peu partout. Pour Camille Carlier, responsable de l’agence de relations presse culinaires qui gère la communication de Food traboule, le projet a surtout été victime d’un « malchance » liée à une conjoncture économique défavorable. « Quand on a ouvert, il y avait une heure de queue tous les soirs. Mais on a dû fermer au bout de deux mois à cause du premier confinement et ensuite on n’a pas pu capitaliser sur la dynamique initiale. »elle continue.

Et si Lyon n’aimait pas les food courts ?

Plus profondément, elle voit à Lyon une clientèle plus exigeante en termes de service et particulièrement attachée à la restauration traditionnelle. « A Lyon, on aime la nourriture. Mais je pense que c’est une tendance qu’on connaît au niveau national. Les gens ont envie qu’on s’occupe d’eux. »

Lyon réfractaire au « food court » ? Émeric Richard, co-fondateur de Nomad kitchens, qui organise chaque année le Lyon street food festival, le plus grand événement culinaire de street food en France, n’y croit pas : « Notre événement (qui a accueilli 52 000 personnes en 2023 pour sa 8et édition, ndlr) est la preuve de cela »Pour lui, les départs de Food traboule et Food society sont avant tout liés à leurs implantations. « Un food court dans un centre commercial, c’est un non-sens. Quant à la Tour Rose, c’est un lieu avec beaucoup de caractère mais peut-être trop excentrique et dans un quartier plus touristique que lyonnais. »il analyse.

Il lui assure qu’il y a peut-être un avenir à Lyon pour ce type d’endroit. Son entreprise est également intéressée par la création de sa propre « « food court » dans la capitale des Gaules. Mais il est difficile de trouver le bon endroit. « Le problème à Lyon, c’est le foncier. Il reste peu d’endroits avec une âme industrielle comme on en trouve à Paris ou à Nantes. Pour moi, un « food court » doit être hyper accessible, facile à comprendre et pas trop cher. Si on s’en sort pour le même prix qu’un restaurant classique, ça ne marche pas. En plus de tout ça, il faut une vraie programmation culturelle. »conclut Émeric Richard.

Une sorte de festival de street food lyonnais ouvert toute l’année. C’est en partie ce que propose l’incubateur de chefs La Commune, qui, en plus de proposer une offre culinaire, attire régulièrement des visiteurs à travers de nombreux événements culturels. L’avenir des « food courts » à Lyon n’est donc pas si sombre, mais la vague qui les portait semble s’être apaisée.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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