Ouverture du procès de Peter Cherif, soupçonné d’avoir recruté l’un des assaillants de Charlie Hebdo

Quatre ans après le procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le jihadiste Peter Cherif comparaîtra, à partir de ce lundi 16 septembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris pour « association criminelle terroriste » entre 2011 et 2018, période durant laquelle il était présent au Yémen dans les rangs d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Le Parisien de 42 ans, arrêté à Djibouti en décembre 2018, devra répondre de multiples accusations dont son implication dans le recrutement de Chérif Kouachi, l’un des assaillants de Charlie Hebdo en 2015.

En plus de répondre de son séjour de 7 ans au sein d’AQAP, il lui est également reproché d’avoir été l’un des geôliers de trois otages français, travaillant pour l’ONG Triangle Génération Humainitaire, enlevés en 2011 et détenus pendant plus de cinq mois par AQAP jusqu’à la mi-novembre de la même année, date de leur libération par le groupe terroriste. Lors de l’enquête, Peter Cherif a nié toute implication dans cet enlèvement. « Je n’y ai pas participé. »il a ensuite martelé le clou.

Un ami d’enfance de Chérif Kouachi

Si Peter Cherif est, comme les frères Saïd et Chérif Kouachi, l’une des figures du réseau terroriste dit des Buttes Chaumont, son rôle dans le séjour au Yémen de son ami d’enfance Chérif Kouachi – avec qui il a grandi dans le 19e arrondissement de Paris – sera largement scruté.

Il s’agit de l’implication potentielle de Peter Cherif dans les tueries commises à Paris dans les locaux de l’hebdomadaire Charlie Hebdo de Chérif et Saïd Kouachi le 7 janvier 2015, où ils ont assassiné 12 personnes, dont 8 membres de la rédaction, déjà âprement débattue au cours de l’instruction, et qui devrait être au cœur du procès.

Ainsi, lors du procès des attentats de janvier 2015 qui ont fait au total 17 morts, commis notamment par les frères Kouachi avant qu’ils ne soient abattus par les forces de l’ordre, Peter Cherif a été entendu comme simple témoin par visioconférence depuis la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines), le 23 octobre 2020.

Peter Cherif nie toute implication dans les attentats de 2015

Les juges d’instruction venaient à peine de terminer leur enquête lorsqu’il a finalement été arrêté en 2018. Lors du procès, interrogé sur ses liens avec Chérif Kouachi, Peter Cherif a déclaré : « J’ai été obligé de venir ici pour témoigner sur une affaire qui ne me concerne pas, je ne répondrai à aucune question ».

Et pourtant. Treize ans plus tôt, en juillet 2011, Chérif Kouachi, accompagné d’un autre jeune Parisien, Salim Benghalem, qui deviendra en 2013 l’un des geôliers de quatre otages français en Syrie, avait rejoint Peter Cherif au Yémen dans les rangs d’AQPA, pour un séjour de trois semaines. Les deux nouvelles recrues étaient rentrées en France, chacune avec un projet d’attentat.