outre le militaire, l’Etat veut s’assurer une activité sensible dans l’énergie
Le ministre de l’Economie a révélé, le 28 avril, qu’il souhaitait que l’Etat rachète trois activités sensibles du groupe informatique Atos, en grave difficulté financière, pour éviter qu’elles ne tombent dans des mains étrangères. Une proposition formelle d’achat doit être formulée à cet effet début juin, potentiellement avec la participation d’industriels comme Thales, Dassault ou Airbus. Bruno Le Maire va désormais plus loin : il a annoncé mardi 28 mai vouloir également protéger Worldgrid, la filiale logicielle du secteur de l’énergie.
« Je vous confirme que toutes les activités stratégiques resteront sous le contrôle des pouvoirs publics, y compris les ordres de contrôle de nos centrales nucléaires »a déclaré M. Le Maire sur CNews-Europe 1, évoquant un éventuel rachat par « EDF, ou une entreprise proche d’EDF », sans donner plus de détails. Atos et EDF ne font aucun commentaire.
La construction juridique de Worldgrid remonte à 2009, mais l’entreprise « travaille en partenariat avec EDF depuis quarante-trois ans », explique-t-elle sur son site Internet. Issu de Bull, l’ancien constructeur informatique racheté par Atos en 2014, Worldgrid a participé au développement du programme nucléaire français, spécialisé dans les systèmes de contrôle des centrales électriques. Elle indique en avoir déployé 132 sur 19 sites EDF en France. Le logiciel Worldgrid est également utilisé dans des centrales électriques au Royaume-Uni, en Chine et en Russie.
Toujours dans ce domaine, l’entreprise a remporté, mi-2023, un contrat avec Schneider Electric pour équiper les six centrales nucléaires de type EPR2 prévues chez EDF. « Il ne fait aucun doute que ce contrôle des commandes de centrales nucléaires peut désormais aller je ne sais où, il doit rester sous le contrôle des pouvoirs publics »a insisté M. Le Maire.
« Protéger notre autonomie stratégique »
Hors du nucléaire, mais toujours dans l’énergie, Worldgrid a travaillé sur le logiciel du compteur électrique Linky d’ERDF et de son homologue gazier de GRDF (Gazpar). Dans le secteur ferroviaire, l’entreprise a travaillé au développement et au déploiement de Mistral NG, le système de contrôle centralisé de SNCF Réseau. L’entreprise compte 610 salariés en France et presque autant à l’international. Elle réalise un chiffre d’affaires d’un peu plus de 100 millions d’euros, sur le total de 10 milliards d’euros d’Atos.
En voulant racheter Worldgrid, le ministre de l’Economie répond à la demande du rapport d’information sénatorial sur l’avenir d’Atos, déposé le 30 avril, selon lequel l’entreprise « devrait faire l’objet de la plus grande vigilance ». « Il ressort des auditions réalisées que de sérieuses manifestations d’intérêt ont déjà été exprimées à l’encontre de cette filiale » et « des acteurs comme EDF ou (sa filiale) Framatome aurait tout intérêt à se positionner en faveur (de son) rachat « , poursuit le rapport. Les sénateurs avancent même une valeur comprise entre 200 et 300 millions d’euros.
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