Oumar Diémé, ancien carabinier sénégalais, porteur de la flamme olympique

Cet homme de plus de 90 ans, qui a combattu pour la France, portera la flamme olympique fin juillet en Seine-Saint-Denis. Un « beau symbole » à l’heure de « la banalisation du racisme » estime une association pour la mémoire des tirailleurs.

Oumar Diémé, 91 ans, a été choisi pour être l’un des porteurs de la flamme olympique qui traversera la Seine-Saint-Denis, peu avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques prévue le 26 juillet. Comme il le raconte, mardi 28 mai à AFP, en 1953, il décide de prendre une autre voie en s’engageant dans l’armée française, fuyant la Gambie où son père l’avait envoyé étudier le Coran pour devenir imam comme lui. Ayant vu « tous ces gens reviennent avec des médailles et des décorations« , il se porte volontaire pour se rendre en Indochine, où la France coloniale combat le Viet Minh indépendantiste.

En Indochine, il voit 22 hommes de sa compagnie tomber dans une embuscade. Il est ensuite transféré en Algérie où il combat jusqu’en 1962. C’est en Algérie, contre l’indépendance de laquelle il combat, qu’il apprend l’indépendance du Sénégal. Il retourne ensuite quelques années dans son pays, au Sénégal, où il devient gardien à l’Université de Dakar, puis coursier dans une banque de la capitale avant de s’installer en France, dans un petit local de 17 mètres carrés, dans un chez moi à Bondy.

En France, il doit à nouveau mener une bataille, cette fois contre l’Etat français, pour d’abord obtenir la nationalité française, puis pour pouvoir percevoir le minimum vieillesse de 950 euros par mois sans avoir à passer la moitié de l’année en France. . Un droit finalement obtenu en 2023. Pas de quoi creuser le déficit de l’Etat puisque lorsque cette décision a été prise, les anciens tirailleurs sénégalais résidant encore en France n’étaient plus que 37. Depuis, Oumar Diémé est rentré chez lui, dans son village natal, où il est très heureux, au milieu des siens, à l’ombre des manguiers.

Il estime qu’il avait le « baraka« , lui qui est revenu vivant et entier des colonies. Une chance qui continue puisqu’il voit comme un « prodige« d’avoir été choisi pour porter la flamme olympique. Un prodige tout à fait normal, mais aussi, comme le dit ce président de l’association des anciens tirailleurs de Bondy, un « beau symbole« , au moment de la « la banalisation du racisme sur les réseaux sociaux permet de montrer la richesse et la diversité de la France« . Un pays pour lequel des dizaines de milliers de soldats de son »armée noire« morts au nom d’une patrie qui n’était même pas la leur. La banalisation du racisme, cette autre flamme qui lèche les murs de la démocratie.