où en est la transition énergétique dans le monde, à moins d’un mois de la COP29 en Azerbaïdjan ?
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où en est la transition énergétique dans le monde, à moins d’un mois de la COP29 en Azerbaïdjan ?

Selon le rapport de référence de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publié mercredi, les énergies fossiles doivent absolument décliner pour que « l’ère de l’électricité » puisse commencer.

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Des techniciens inspectent des équipements photovoltaïques installés dans un étang traditionnellement utilisé pour l'industrie de la pêche à Suqian, en Chine, le 10 octobre 2024. (CFOTO/NURPHOTO/AFP)

« Nous avons connu l’ère du charbon et celle du pétrole, et nous avançons désormais à toute vitesse vers l’ère de l’électricité. » Pour le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, l’humanité ouvre un nouveau chapitre de son histoire. « histoire de l’énergie ». La phase de transition actuelle « définira le système énergétique mondial du futur et reposera de plus en plus sur des sources d’électricité propres », prédit-il, dans l’introduction du rapport annuel de l’organisation sur les perspectives énergétiques mondiales, publié mercredi 16 octobre.

L’édition 2024 de Perspectives énergétiques mondialesun rapport de référence parmi les acteurs économiques, actualise les projections jusqu’en 2050 en termes de demande, de production et de consommation d’énergie, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre associées. Car pour limiter la hausse des températures à +1,5°C d’ici 2100, conformément aux engagements de l’Accord de Paris, la transition énergétique doit correspondre aux ambitions climatiques affichées par la communauté internationale. Que se passe-t-il réellement, à moins d’un mois de l’ouverture de la COP29 sur le climat en Azerbaïdjan (du 11 au 22 novembre) ?

La consommation de combustibles fossiles continue d’augmenter

Compte tenu du rôle crucial que joue la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) dans les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique, la part de ces énergies dans l’approvisionnement total en énergie « doit diminuer considérablement » d’ici 2050, selon le consensus scientifique. Or, en 2023, « Les combustibles fossiles couvrent 80 % de la demande énergétique mondiale« , contre 83% douze ans plus tôt, note l’organisation OCDE.

Le scénario de l’AIE, basé sur les politiques énergétiques déjà en place, repose sur une part de consommation d’énergies fossiles qui, certes, diminue au fil des années, mais permettrait encore de répondre à 58% de la demande mondiale en 2050 (contre les 10% nécessaires selon la feuille de route conçue par les experts de l’agence). Quand l’AIE se base sur les promesses des différents pays, en supposant que les gouvernements tiennent tous leurs engagements en matière d’énergie verte, la part des énergies fossiles dans le mix mondial reste inchangée. « au-delà »à 25% au milieu du siècle.

L’érosion de la part des énergies nocives ne signifie pas que la consommation de charbon, de pétrole et de gaz s’effondre. L’AIE rappelle ainsi que l’explosion de la demande énergétique dans les économies émergentes, comme l’Inde et la Chine, a entraîné une augmentation de 25 % de la consommation d’énergie issue de sources carbonées sur dix ans. Cependant, « le les deux tiers de l’augmentation de la demande énergétique mondiale sont dus été satisfait par les énergies fossiles »pousser « Les émissions de CO2 liées à l’énergie atteignent un nouveau niveau record, déplore le rapport. « Le monde est encore loin d’une trajectoire alignée sur ses objectifs climatiques. »

L’AIE estime cependant que les politiques actuelles conduisent l’humanité tout droit vers un pic de demande en combustibles fossiles. « d’ici la fin de la décennie ». Dans le détail, ce sommet (que l’on imagine naïvement précédant une baisse) concerne en priorité le charbon. « Avec l’augmentation rapide de la demande d’électricité dans des pays comme la Chine et l’Inde, la consommation de charbon devrait désormais diminuer plus progressivement. » note-t-elle. Pour le pétrole et le gaz, les experts cités par Le monde observer que les données du rapport penchent davantage vers « une stagnation globale des demandes » jusqu’en 2050.

Les énergies renouvelables se développent rapidement

En 2023, « un niveau record d’énergie propre (plus de 560 gigawatts) était connecté aux réseaux mondiaux »se réjouit l’AIE. Depuis l’édition précédente du rapport, « 38 pays, responsables d’un tiers des émissions de CO2 liées à l’énergie, ont mis en œuvre de nouvelles mesures de dépenses publiques en faveur des technologies énergétiques propres »ajoute Fatih Birol. Une tendance illustrée par l’engagement des États lors de la COP28, en décembre dernier aux Émirats arabes unis, à tripler leurs capacités en énergies renouvelables d’ici 2030.

Si, depuis 2015, « Les investissements dans les énergies propres ont bondi de 60 % » – qui représente actuellement 2 000 milliards de dollars – ce montant devrait plus que doubler d’ici 2030 pour rester dans les limites de l’objectif. « Net zéro » (ou « zéro émission nette »). L’AIE constate en outre que les pays riches, ainsi que la Chine, concentrent l’écrasante majorité de ces investissements au détriment des pays émergents, qui représentent les deux tiers de la population mondiale. Un retard que les experts expliquent par « le coût élevé du capital et le manque de financement abordable à long terme » pour ces États, faisant écho aux appels à réformer les institutions financières internationales, actuellement incapables d’accompagner cette nécessaire transition.

« De nombreux exemples montrent qu’une vision claire (du développement des énergies propres) Soutenus par des politiques et des réglementations saines et par l’engagement du secteur privé, ils peuvent stimuler la croissance tant en quantité qu’en qualité de ces investissements. »fait valoir l’AIE. Et les efforts portent leurs fruits. Citant le cas de la Chine, l’AIE note avec optimisme que « L’énergie solaire se déploie à un tel rythme que d’ici 2030, la production d’énergie solaire de la Chine pourrait à elle seule dépasser la demande totale d’électricité des États-Unis aujourd’hui. »

La transition vers le « tout électrique » reste un défi

Dans son rapport, l’AIE insiste sur le fait que le déclin attendu des énergies fossiles s’accompagne d’une hausse fulgurante des besoins en électricité. Une électricité qui, pour ne pas émettre de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, doit provenir d’énergies renouvelables ou décarbonées. « L’électricité propre est l’avenir, et l’une des conclusions frappantes de ce rapport est la rapidité avec laquelle la demande d’électricité va augmenter. » insiste Fatih Birol. Selon le chef de l’AIE, « l’équivalent de la consommation électrique des dix plus grandes villes du monde (ajoute) à la demande mondiale chaque année. »

Cette consommation est tirée par l’électrification des secteurs à forte intensité de combustibles fossiles, tels que l’industrie et les transports ; par de nouvelles demandes, comme le développement de l’intelligence artificielle ; et enfin, par des besoins anciens décuplés par le changement climatique, comme la climatisation. Or, « avec l’énergie nucléaire, qui fait l’objet d’un regain d’intérêt dans de nombreux pays » et l’essor du solaire et des batteries, « Les sources à faibles émissions devraient produire plus de la moitié de l’électricité mondiale avant 2030 », estime le rapport, qui constate qu’en valeur absolue, La capacité de production d’électricité renouvelable à elle seule passera de 4 250 GW aujourd’hui à près de 10 000 GW en 2030.

Des chiffres encourageants, mais qui s’accompagnent de défis techniques et politiques, notamment pour favoriser le déploiement des véhicules électriques : « Une décarbonation sécurisée du secteur électrique nécessite que les investissements dans les réseaux et le stockage augmentent encore plus vite que la production »écrit l’AIE.

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