Organiser la réponse vaccinale, un enjeu industriel autant que diplomatique
A Kvistgard, au nord de Copenhague, règne un sentiment de déjà-vu. Depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi 14 août l’épidémie de mpox en Afrique urgence de santé publique de portée internationale, tous les projecteurs sont braqués sur l’usine bavaroise Nordic, qui fabrique des vaccins depuis plusieurs décennies dans la ville.
Il y a deux ans, l’épidémie mondiale de mpox avait déjà mis le fabricant danois sous le feu des projecteurs. Faisant partie des rares laboratoires pharmaceutiques à disposer d’un vaccin, le MVA-BN, offrant une protection contre cette maladie, le bavarois Nordic était alors submergé de commandes, peinant même à répondre à la soudaineté de la demande. Car si d’autres vaccins existent, notamment le LC16 du japonais KM Biologics ou, plus récemment, l’OrthopoxVac du laboratoire d’État russe Vector, ils restent aujourd’hui quasi exclusivement destinés à leurs marchés nationaux respectifs, contrairement au produit danois, homologué par la plupart des autorités sanitaires mondiales.
« Il était écrit que le MPOX reviendrait. Les changements de comportement de ce virus, qui se transmettait initialement uniquement des animaux aux humains, puis d’humain à humain, étaient un avertissementobserve Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et d’infectiologie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (AP-HP). Malgré cela, nous ne nous sommes pas donné les moyens d’avoir d’autres productions de vaccins à grande échelle. »
Face à l’épidémie qui frappe actuellement l’Afrique, Bavarian Nordic s’emploie donc à augmenter ses capacités de production. En mobilisant des lignes utilisées pour la fabrication de ses autres vaccins, le laboratoire s’est ainsi dit prêt à augmenter ses approvisionnements contre le MPOX afin de fournir jusqu’à 10 millions de doses d’ici 2025 au continent, dont 2 millions pourraient être disponibles avant la fin de cette année. De quoi permettre d’organiser la réponse vaccinale en immunisant les populations à risque dans les pays les plus touchés.
Le prix, un obstacle récurrent
Mais encore faut-il que les commandes soient là. Des discussions à ce sujet sont en cours entre le groupe pharmaceutique, l’OMS, l’organisation Gavi, l’agence de santé publique de l’Union africaine (Africa CDC) et les gouvernements. L’un des défis restera sans doute le coût d’achat de ces produits, dont les prix, hors de portée de la plupart des États africains, constituent un obstacle récurrent à l’accès à la vaccination. Face à cette difficulté, Bavarian Nordic et l’Africa CDC ont également engagé des négociations visant à transférer une technologie pour permettre la production du vaccin MPOX sur le continent, ce qui permettrait de réduire le prix d’accès à l’avenir.
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