Dans un entretien au Point, le Premier ministre hongrois affirme que la possibilité d’une union entre l’ID et l’ECR, les deux grandes forces nationalistes au sein du Parlement européen, n’a jamais été aussi élevée pour contrer la majorité PPE.
« L’avenir de la droite en Europe repose entre les mains de deux femmes : Giorgia Meloni et Marine Le Pen ». Dans un entretien au Point le 29 mai, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est revenu sur l’avenir et le poids de la droite souverainiste dans le paysage politique européen. A l’approche du vote du 9 juin, qui va redessiner les contours des groupes politiques siégeant au Parlement européen pour cinq ans, le chef du gouvernement hongrois estime que les chances d’unir les forces nationalistes du Vieux continent n’ont jamais été aussi grandes. .
Pour le Premier ministre, « tout dépendra de la capacité de coopération de Marine Le Pen, en France, et de Giorgia Meloni, en Italie ». Car une alliance entre le groupe Identité et Démocratie (ID) de Marine Le Pen, et celui des Conservateurs et Réformistes (ECR) de Giorgia Meloni, donnerait naissance à la deuxième formation politique à Strasbourg, derrière le Parti populaire européen (PPE, Chrétien – Démocrate). Si Marine Le Pen a affiché clairement sa volonté de s’unir à l’ECR, Giorgia Meloni est de son côté restée très prudente face à ces avancées.
« S’ils parviennent à travailler ensemble, en tant que groupe ou coalition, ils deviendront une force pour l’Europe. » » encourage Viktor Orban, figure de proue des populistes européens. « L’attrait de leur coopération sera très fort »s’enthousiasme-t-il. « Cela pourrait suffire à remodeler la configuration de la droite européenne, voire à supplanter le Parti populaire européen »souhaite le chef du gouvernement hongrois, évoquant une conjecture des plus opportunes avec la disparition du « principal obstacle avancé » à un rapprochement, à savoir, la présence au sein du groupe ID de « Extrémistes allemands de l’AfD ». « Ce n’est plus d’actualité puisqu’ils ont été exclus”, note Viktor Orban. Le 21 mai, le RN a annoncé qu’il ne souhaitait plus siéger aux côtés de l’AfD au sein du groupe politique ID lors de la prochaine législature au Parlement européen, après des déclarations controversées d’un de leurs députés européens, Maximilian Krah – qui siège actuellement aux côtés de Jordan Bardella.
Supplanter les EPI
Au sein de la droite nationaliste, cette distanciation a relancé les spéculations autour d’un rapprochement entre ID et ECR. Viktor Orban espère clairement que les deux dirigeants souverainistes trouveront « une manière de négocier immédiatement après les élections ». S’il a déjà annoncé que les députés européens de son parti Fidesz rejoindraient le groupe ECR de Giorgia Meloni, le Premier ministre hongrois utilise sa force politique comme un vecteur d’unité. « Force, énergie et dynamisme des élus du Fidesz » sera au travail « trouver un mode de coopération approprié », promet-il, tout en fixant l’objectif commun : contrer le PPE.
Ce parti, le premier au Parlement européen, est, selon lui, le seul « rassembler les électeurs de droite pour les tromper et coopérer avec la gauche. » Elle serait aussi devenue, aux yeux de Viktor Orban, une entité aux mains des Allemands. « C’est en fait un groupe allemand »» réprimande le Premier ministre hongrois.
« Ces élections sont historiques » » déclare l’homme fort de Budapest, connu pour ses outrances verbales contre Bruxelles. « Dans dix ans, ils seront probablement considérés comme ceux qui ont décidé de la paix ou de la guerre en Europe »dit celui qui a longtemps opposé son veto au paquet de 50 milliards d’euros promis à Kiev, avant de céder sous la pression des Vingt-Sept.