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Or : Après un rallye boursier exceptionnel, l’or peut-il encore grimper ?

Or : Après un rallye boursier exceptionnel, l’or peut-il encore grimper ?

(BFM Bourse) – Le métal précieux a repoussé ses records cette semaine, porté par les espoirs de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine. Les experts sont un peu divisés sur la suite des événements, si cette hausse sera une pause ou une continuation. L’impact d’une potentielle victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine n’est pas non plus évident.

L’or s’impose comme l’actif boursier à ne pas manquer cette année. Le métal précieux a battu ses records historiques sur le marché cette semaine, atteignant jusqu’à 2.483,73 dollars l’once.

Depuis le début de l’année, les prix spot de l’or ont gagné 20% l’once en milieu de semaine, avant de retomber à +17%.

Mais le métal jaune surperforme la plupart des marchés boursiers, à l’exception du Nasdaq et des indices japonais.

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Le mouvement s’est accéléré notamment depuis la publication la semaine dernière de chiffres d’inflation américains légèrement inférieurs aux attentes. Ces données ont alimenté les spéculations sur des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) à partir de septembre, permettant à l’or de gagner plus de 4% au cours des séances suivantes.

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Des baisses de taux attendues

« Les marchés anticipent désormais une baisse des taux d’intérêt américains pour septembre, suite aux chiffres d’inflation plutôt modérés. Une tendance renforcée par les commentaires du président Jerome Powell qui semblent indiquer que la banque centrale américaine pourrait prochainement baisser ses taux, ce qui est traditionnellement favorable au métal jaune », explique Laurent Schwartz, président du Comptoir national de l’or.

Rappelons que l’évolution du cours de l’or sur le marché est censée être tirée par les baisses des taux directeurs et donc des taux d’intérêt. Plus les taux d’intérêt sont élevés, moins l’or est théoriquement attractif, toutes choses égales par ailleurs. Contrairement aux actions (avec dividendes) et aux obligations (avec coupons), l’or ne produit pas de revenus. Son prix est par conséquent bousculé par une hausse des taux d’intérêt, car il devient alors de moins en moins intéressant d’investir son argent dans l’or plutôt que de le placer.

Les investisseurs s’attendent actuellement à une baisse des taux de 75 points de base, soit 0,75 point de pourcentage, et accordent une probabilité de 98 % à une première réduction en septembre.

Ces anticipations de baisse des taux ont un autre effet, plus indirect : elles tirent le dollar vers le bas. L’euro, par exemple, s’est bien repris face au billet vert, gagnant 2,4 % depuis fin juin, un mouvement significatif sur le marché des changes. Mais plus le dollar est bas, moins il est coûteux pour les investisseurs, dont la monnaie de référence n’est pas le dollar, d’acheter de l’or. De toute évidence, une baisse du dollar soutient l’or (comme la plupart des matières premières) toutes choses égales par ailleurs.

D’autres facteurs ont poussé l’or cette année, notamment les achats des principales banques centrales émergentes, la Chine en tête, une forte demande physique (pièces, lingots), notamment de la part d’investisseurs chinois à la recherche d’alternatives aux actions locales et d’un marché immobilier en difficulté, ou pour faire face aux tensions géopolitiques.

Vers un souffle ?

Mais comme dans tout rallye boursier, la question est évidemment de savoir si l’or peut prolonger son mouvement à la hausse.

« Bien que l’or reste notre actif favori et offre des rendements solides, une hausse rapide de 10 % en l’espace de deux semaines pourrait être un peu trop », a déclaré Stephen Innes de Spi Asset Management, qui estime qu’une pause est justifiée.

Bloomberg note de son côté que certains signaux techniques indiquant que l’or est « suracheté » ont été franchis.

Au contraire, UBS considère que l’or a encore une marge de progression, jugeant que la demande physique d’or devrait augmenter, même avec des prix plus élevés, entre la fin du troisième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025. « Cela devrait fournir au marché une bonne base pour la prochaine étape de la tendance haussière », juge l’établissement suisse, qui estime que les banques centrales poursuivront entre-temps leurs achats d’or.

La banque note également que les ETF sur l’or ont commencé à enregistrer des entrées positives, qui devraient s’accélérer avec la baisse des taux de la Fed. « Un réengagement dans ce segment de marché contribuerait à renforcer le potentiel de hausse de l’or, tout comme des recommandations directes d’ajout d’or aux portefeuilles ou d’augmentation des allocations en or », a déclaré UBS.

Goldman Sachs a pour sa part un objectif de 2.700 dollars l’once pour fin 2024, notamment parce que le métal précieux reste attractif pour les particuliers asiatiques et que le métal pourrait profiter des craintes accrues sur la détérioration du déficit américain.

La grande question de Trump

Reste la question de l’impact que pourraient avoir les élections américaines de novembre prochain sur le cours de l’or. Les experts sont divisés sur l’impact d’une éventuelle victoire de Donald Trump, actuellement en tête des sondages.

« Les investisseurs se souviennent de la précédente présidence du milliardaire, qui avait été favorable au métal jaune, puisque, sous son mandat (janvier 2017-janvier 2021), le prix de l’or en dollars s’était apprécié de 54%, soit 11,5% par an », estime Laurent Schwartz.

« L’anticipation d’une reconquête de la Maison Blanche par Donald Trump grandit, ce qui pourrait renforcer l’attrait des métaux précieux (et donc de l’or, NDLR) dans un contexte d’incertitude géopolitique », alors que l’or offre « une protection contre l’instabilité économique », appuie Stephen Innes.

Mais, au contraire, Ricardo Evangelista, analyste technique chez Activtrades, explique que la perspective d’un retour de Donald Trump à Washington « limite le potentiel de hausse de l’or ».

Tout simplement parce que la politique économique souhaitée par le candidat républicain, qui repose sur une politique budgétaire plus expansionniste, un assouplissement de la réglementation, ainsi que des droits de douane accrus pour la Chine, est jugée inflationniste. Ce qui serait de nature à maintenir les taux directeurs de la Réserve fédérale américaine à un niveau élevé et donc à renforcer le dollar et les rendements américains. Et donc, in fine, à affaiblir l’attrait de l’or.

« Alors que la perspective d’une seconde présidence de Trump augmente, la probabilité de tarifs douaniers plus élevés et d’un déficit budgétaire américain plus important augmente également, ce qui pourrait conduire à des taux d’intérêt plus élevés », conclut Ricardo Evangelista.

Les cours ont été suspendus vendredi en fin d’après-midi.Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

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