Au fil du temps, la coopération militaire entre la France et les États-Unis dans le domaine spatial ne cesse de se renforcer. Ainsi, en 2011, un accord a été conclu entre Paris et Washington pour échanger des informations sur les débris spatiaux en orbite, l’objectif étant de renforcer la protection des satellites exploités par leurs forces armées respectives.
Puis, l’année suivante, la France est invitée à participer, pour la première fois, à l’exercice de planification et de conduite des capacités spatiales des opérations Schriever Wargame, alors organisé par l’Air Force Space Command. En 2016, il a été convenu d’établir un « cadre mondial » pour renforcer cette coopération pour les « dix prochaines années ». Il s’agissait alors d’identifier « des opportunités pour les deux pays de travailler ensemble ».
Quatre ans plus tard, alors que le ministère des Armées vient d’adopter une stratégie spatiale militaire, la France est invitée, avec l’Allemagne, à rejoindre l’initiative des « Opérations spatiales combinées » (CSpO), soit, pour résumer, l’équivalent de environnement spatial du cercle des « Five Eyes » en matière de renseignement (cercle qui, pour rappel, regroupe les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande).
« L’enjeu est de pouvoir coordonner les capacités alliées, d’accroître leur résilience pour assurer le soutien aux opérations multi-domaines, de garantir le libre accès à l’espace et de protéger les moyens qui s’y trouvent. , si nécessaire en coalition », a expliqué l’Air & Space Force (AAE).
Pour l’État-major général des armées (EMA), cette adhésion à l’initiative CSpO doit également permettre de « comprendre ce que les concurrents sont capables de faire depuis l’espace » et de « favoriser la production de standards internationaux » pour tenter d’empêcher la « Développement de conflits dans l’espace ».
Cette coopération franco-américaine dans le secteur spatial vient de franchir une nouvelle étape. En effet, le 14 octobre, l’AAE Space Command (CoE) a officiellement rejoint la force multinationale « Operation Olympic Defender » (OOD), lancée en 2013 par les États-Unis pour « optimiser les opérations spatiales, développer la résilience des systèmes spatiaux, synchroniser les efforts pour renforcer la dissuasion contre les acteurs hostiles et réduire la propagation des débris en orbite.
Entretien avec le général Stephen N. Whiting, commandant des forces spatiales 🇺🇸 @US_SpaceCom.
La France 🇫🇷 rejoint la force multinationale « Opération Olympic Defender » pour participer à la sécurité spatiale !
Protection et défense de l’Espace, coopération de haut niveau… pic.twitter.com/ECdt4TzbeG
— Chef d’état-major des armées (@CEMA_FR) 14 octobre 2024
A noter qu’après l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Allemagne ont rejoint cette force multinationale en même temps que la France.
Selon les explications fournies par le ministère des Armées, cette adhésion à l’OOD s’inscrit dans « la stratégie spatiale de défense » élaborée en 2019. Elle permettra aux forces françaises « d’améliorer le partage des données et des informations, de renforcer leur capacités spatiales, améliorer leur résilience, contribuer au découragement des concurrents, créer une culture opérationnelle commune dans le domaine spatial, affiner leur compréhension de l’environnement spatial et soutenir la mise en œuvre progressive d’actions dans l’Espace, y compris pour la formation de ses opérateurs ».
« Rejoindre la force multinationale – Opération Olympic Defender, c’est pour la France le retour de l’esprit de La Fayette pour défendre ensemble la liberté dans l’espace contre des menaces croissantes », a fait valoir le général Philippe Adam, le « patron » du Commandement spatial. Cette adhésion « ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine opérationnel, marque une nouvelle étape dans la conduite des opérations militaires spatiales en coalition et affirme un message clair de solidarité stratégique avec nos Alliés », a-t-il ajouté.