La Bourse de Paris poursuit aujourd’hui son rebond alors que, sur le marché de la dette, le taux auquel la France emprunte à dix ans se relâche de 2 points de base, à 3,18 %. L’écart avec l’Allemagne s’est réduit (-4) pour s’établir à environ 76 points de base, la République fédérale empruntant à 2,42%. Le Cac 40 a clôturé sur un gain de 1,03%, à 7.706,89 points. L’indice parisien a encore perdu 3,7% depuis que le président Macron a convoqué des élections législatives anticipées suite à la déroute de son parti aux élections européennes, où l’indice européen Stoxx 600 est stable.
« Le premier tour des élections sera l’événement principal de cette semaine »estime Jim Reid, stratège à la Deutsche Bank, sachant que le premier débat entre Joe Biden et Donald Trump aux Etats-Unis, pour la course à la présidentielle, est aussi à l’ordre du jour des prochains jours, tout comme la publication, vendredi, du The L’indicateur d’inflation préféré de la banque centrale américaine.
Les derniers sondages montrent que le Rassemblement national, parti d’extrême droite donné grand favori, n’obtiendra pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale (35%, selon la projection qui, pour l’instant, lui est la plus profitable). , ce qui est un soulagement pour la Bourse, qui craint une explosion du déficit public en cas de victoire d’un parti populiste. Mais, depuis une semaine, depuis la sanction des marchés financiers, le RN tente de rassurer sur son programme économique, allant jusqu’à tronquer la liste de ses projets avant même l’élection.
Les banques, parmi les plus sensibles aux taux et au risque politique, font partie des valeurs qui ont le plus rebondi aujourd’hui. BNP Paribas progresse de plus de 3% pour finir en tête de liste. La Société Générale clôture en hausse de 2%.
« Nous ne laisserons pas le déficit s’envoler à l’été 2024 »
Jordan Bardella, le protégé de Marine Le Pen qui mène la campagne pour le RN, l’a réitéré aujourd’hui lors de la présentation de son « programme de récupération » qu’il ne se présenterait pas au poste de Premier ministre si son parti n’obtenait pas la majorité absolue. Il a voulu clarifier, après plusieurs volte-face, sa position sur le retour à la retraite à 60 ans. Il estime que ses récents propos ont été « déformé et caricaturé » et assuré cette fois que certains Français, ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans et pendant 40 ans, pourront prétendre à leur retraite « de l’automne ». Il exige qu’en même temps, un « audit des comptes de la Nation » afin de faire des économies tout en confirmant, parmi les mesures urgentes, une réduction de la TVA sur tous les produits énergétiques (qui coûterait 7 milliards d’euros par an). Jordan Bardella veut « ramener le pays à la raison budgétaire » en réalisant des économies en privatisant notamment le secteur audiovisuel français et en réduisant la contribution au budget de l’UE – les coupes les plus importantes concernent l’immigration et la réduction des dépenses sociales. En même temps, il souhaite « refaire de la France un pays producteur ».
Le principal conseiller financier du parti, le député sortant Jean-Philippe Tanguy, considéré comme un prétendant au poste de ministre de l’Economie, était également en opération séduction aujourd’hui. Il a déclaré dans une interview à Reuters qu’il respecterait les objectifs d’économies du gouvernement actuel ainsi que les règles européennes en matière de déficit. « Nous ne laisserons pas le déficit s’envoler à l’été 2024. (…) Ce que je dis aux entrepreneurs et aux marchés, c’est que, de toute façon, le Rassemblement national n’a pas d’autre choix que de réussir. »
« La France est d’une importance capitale, deuxième économie de la zone euro mais aussi quatrième marché obligataire au monde.explique l’économiste Neil Shearing de Capital Economics. Le fait que la BCE dispose désormais d’une boîte à outils élargie pour soutenir les marchés obligataires et empêcher la contagion de se propager à l’ensemble du système euro limite le risque d’une crise financière plus large. Cependant, la situation est délicate et les risques d’une mini-crise budgétaire sont élevés. » BNP Paribas indiquait, la semaine dernière, que la meilleure issue pour la Bourse serait un gouvernement de technocrates ou une impasse politique (sachant qu’une majorité relative conduirait à un gouvernement fragile qui tomberait bientôt sous l’emprise d’une motion de censure) . Jordan Bardella a déclaré aujourd’hui qu’il ne voulait pas y aller » 15 jours » à Matignon par « gloire personnelle » pour ensuite être contraint de démissionner rapidement.
Ce lundi, presque toutes les composantes du Cac 40 ont clôturé dans le vert. Eurofins Scientific s’est démarqué à la baisse en chutant de 16% (-25% au plus bas). Le leader mondial de la bioanalyse (tests de dépistage pour la santé, l’agroalimentaire et l’environnement) est accusé par la société de vente à découvert Muddy Waters d’avoir truqué ses comptes et le fondateur et actionnaire de l’entreprise, le Dr Gilles Martin, est accusé de « siphon » le fonds pour acheter un bien immobilier.