Lait et colère : Une cinquantaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne ont mené ce vendredi une opération de grève à la laiterie Lactalis de Retiers, en Ille-et-Vilaine. Ils ont investi la scène pour dénoncer le désengagement du géant laitier, qui a décidé de réduire sa collecte et de se séparer de certains de ses fournisseurs.
« Lactalis nous fume » ou même « Fumier Besnier, on va te composter » les slogans sur les banderoles sont forts et parlants, pour cette opération de grève, menée ce vendredi 18 octobre 2024, à la laiterie Lactalis de Retiers, dans le sud-est de l’Ille-et-Vilaine.
Une cinquantaine de producteurs de lait de la Confédération paysanne ont repris les lieux. Ils sont mécontents de la décision du géant laitier d’arrêter la collecte de 450 millions de litres de lait dans les régions de la Loire et du Grand Est, ainsi que de l’arrêt de la collecte par 26 producteurs bio en Bretagne.
Il n’est pas possible aujourd’hui en France pour Lactalis de concevoir le paysage agricole, celui de l’élevage. Il faut avoir collectivement une vision de l’agriculture, mais ce n’est pas aux industriels de concevoir ce paysage !
Stéphane Galaissecrétaire national de la Confédération Paysanne
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Opération punch à Lactalis Retiers
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©Valérie Chopin et Thierry Bouilly – France Télévisions
Toujours selon la Confédération Paysanne, «Il est inacceptable que des collègues soient sacrifiés sur l’autel de la politique de concentration laitière et de rentabilité industrielle.»
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Gilles et Riwan, père et fils, sont originaires de Plouray dans le Morbihan, où le premier est implanté depuis 23 ans comme producteur de lait biologique. Ses deux fils travaillent désormais avec lui, qui pourront bientôt faire valoir leurs droits à la retraite. Ils sont « abasourdi et encore sous le choc depuis deux semaines »disent-ils, après l’appel téléphonique qu’ils ont reçu, à l’heure du déjeuner, pour leur dire qu’ils devaient trouver une nouvelle laiterie bio et que d’ici deux ans sinon, s’ils n’étaient pas passés au conventionnel, leur contrat avec Lactalis allait prendre fin.
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« Lors de cet appel, ils nous ont proposé, même si notre lait est certifié bio, de le collecter dans le circuit conventionnel et de nous payer au tarif conventionnel, un tarif bien inférieur » explique Riwan. « Nous avons du mal à comprendre le processus, ajouta son père, alors qu’aujourd’hui, nous essayons plutôt de promouvoir une agriculture plus vertueuse et plus verte. » Des producteurs surpris par la méthode, inquiets aussi, et qui attendent désormais des réponses, même s’ils envisagent des investissements sur 15 à 20 ans pour moderniser leur exploitation.