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On vous explique ce que sont les « China files », qui révèlent un scandale de dopage impliquant des médaillés olympiques chinois

Vingt-trois athlètes chinois, dont certains pourraient participer aux Jeux olympiques de Paris 2024, ont été contrôlés positifs à une substance dopante quelques mois avant les Jeux de Tokyo en 2021. L’Agence mondiale antidopage en avait néanmoins été informée.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Le nageur chinois Zhang Yuei lors des Jeux Olympiques de 2021 le 31 juillet 2021 à Tokyo (Japon).  (DU YU/XINHUA)

Une enquête publiée samedi 20 avril par le New York Times et la chaîne allemande ARD a révélé des tests positifs concernant 23 nageurs chinois, à sept mois des Jeux olympiques de Tokyo 2021. Les autorités chinoises ont blanchi ces athlètes et l’agence mondiale antidopage aurait choisi de ne pas enquêter ni intervenir. Près de la moitié de l’équipe de natation envoyée par la Chine aux Jeux de Tokyo est concernée, dont Zhang Yufei, double médaillé d’or à Tokyo, et plusieurs autres athlètes médaillés. Ils sont nombreux à être attendus aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

De quoi sont accusés les athlètes chinois ?

Les 23 nageurs chinois ont été testés positifs à la même substance, la trimétazidine (surnommée TMZ), lors d’une compétition de natation à Shijiazhuang organisée par l’Association chinoise de natation, entre décembre 2020 et janvier 2021. La trimétazidine est un médicament prescrit aux personnes souffrant de pathologies cardiaques, qui aide augmenter l’endurance à haute intensité cardiaque et la récupération. Cette substance est formellement interdite, et donne lieu à un test positif et à une suspension temporaire immédiate quelle que soit sa concentration dans l’échantillon prélevé, sauf de très rares exceptions.

Pourquoi n’ont-ils pas été suspendus ?

La contamination accidentelle des aliments est l’une des seules circonstances qui peuvent empêcher la suspension d’un athlète dont le test est positif à la trimétazidine. C’est justement la conclusion de l’enquête menée par l’agence antidopage chinoise (Chinada), à l’origine des contrôles positifs lors de la rencontre. Dans un rapport interne, elle déclare que « les nageurs ont ingéré la substance interdite à leur insu et en très petite quantité », ne justifiant aucune action à son avis. La Chinada affirme que des traces de cette substance ont été trouvées dans les cuisines de l’hôtel où séjournaient les nageurs.

World Aquatics, le nouveau nom de la Fédération Internationale de Natation, a également affirmé sa confiance dans les processus de surveillance, l’organisation affirmant qu’elle « satisfait que ces résultats d’analyse anormaux aient été traités avec diligence et professionnalisme, et conformément à toutes les réglementations antidopage applicables, y compris le Code mondial antidopage » proche New York Times.

Pourquoi l’Agence mondiale antidopage n’a-t-elle pas enquêté ?

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a été informée de ces contrôles positifs en juin 2021, comme en témoigne un échange de mails entre un haut responsable de la natation mondiale et un représentant chinois de la lutte antidopage, « ce qui semblait indiquer qu’une violation avait pu avoir lieu et qu’elle devrait, au minimum, être publiquement reconnue »indique le New York Times. L’AMA pourrait alors contester les conclusions chinoises en faisant appel. Mais elle a invoqué « l’absence de toute preuve crédible ». Une position qu’elle a conservée malgré le fait que les responsables antidopage nationaux et internationaux « ont fourni à plusieurs reprises (…) rapports suggérant une dissimulation et un dopage de la part de nageurs chinois ».

L’agence prétend avoir « a conclu qu’il n’y avait aucune base concrète pour contester la prétendue contamination », après avoir consulté des scientifiques et des conseillers juridiques externes. Selon les médias à l’origine de l’enquête, le rapport chinois « ne contient aucune preuve de l’origine de la substance ».

Existe-t-il des précédents ?

En 2014, le célèbre nageur chinois Sun Yang, double champion olympique aux Jeux olympiques de Londres 2012 (400 mètres nage libre et 1 500 mètres nage libre), a été testé positif à la trimétazidine. Il a ensuite été suspendu pour trois mois. Il purge actuellement une suspension de quatre ans et trois mois pour avoir évité un contrôle antidopage.

Moins d’un an avant les tests positifs des 23 nageurs chinois, à l’approche des Jeux d’hiver de Pékin 2022, la patineuse russe Kamila Valieva a été testée positive à la trimétazidine, « des niveaux relativement faibles de la substance ». L’agence antidopage russe avait tiré la même conclusion que son homologue chinoise : une contamination alimentaire accidentelle. L’Agence mondiale antidopage a alors fait appel avec succès de la décision d’exonérer le patineur. Kamila Valieva a finalement été suspendue pour quatre ans de toute compétition internationale le 29 janvier.

Quelles sont les conséquences pour la lutte contre le dopage ?

Le cas de la patineuse Kamila Valieva avait déjà mis en lumière les limites du système antidopage mondial, fondé sur le principe de l’autorégulation. L’agence mondiale s’appuie sur un réseau d’agences nationales qui contrôlent leurs athlètes. Elle doit intervenir lorsqu’un doute existe sur la rigueur des contrôles ou des enquêtes menés par une agence nationale, ou lorsqu’une de ces entités est soupçonnée de favoriser ou de protéger ses sportifs.

« Tous ceux qui ont les mains sales et qui enterrent ces conclusions positives et étouffer les voix de lanceurs d’alerte courageux doivent être tenus responsables dans toute la rigueur des règles et de la loi. »déclaré à New York Times le directeur général de l’agence antidopage américaine, Travis T. Tygart, qui a reconnu avoir fourni à l’AMA des allégations de dopage dans la natation chinoise à plusieurs reprises depuis 2020. Au-delà de la remise en cause du système basé sur les agences nationales, la légitimité de la lutte antidopage mondiale – L’agence antidopage pourrait être en jeu.

Cammile Bussière

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