« On sort enfin la tête de l’eau », les Bassins des Lumières enregistrent des records de fréquentation

Choisi par la Ville à l’été 2018 pour exploiter la base sous-marine, Culturespaces propose depuis 2020 des expositions immersives dont le succès ne cesse de croître. Le rapport technique et financier de l’exercice 2023, présenté lors du dernier conseil municipal du 17 décembre, détaille ainsi une fréquentation des Bassins des Lumières dépassant les 806 000 visiteurs, en progression de 21 % par rapport à l’année 2022. Conséquence logique : le chiffre d’affaires a progressé de 6,2 à 10,8 millions d’euros sur cette période. Et, pour la première fois, permet au délégataire de dégager un résultat net positif. Retour sur cette année exceptionnelle avec Humbert Vuatrin, directeur des Bassins des Lumières.

La fréquentation des Bassins des Lumières a connu en 2023 un seuil jusqu’alors jamais atteint. Comment expliquez-vous un tel succès ?

Les différentes programmations de l’année ont énormément plu. On a démarré avec les programmes « Dali, l’énigme sans fin » sur des musiques des Pink Floyd et « Gaudi, architecte de l’imaginaire » (NDLR 602 909 visiteurs) pour finir en apothéose avec l’exposition spéciale « Tintin » (153 273 visiteurs). Malgré un contexte économique difficile, on a bénéficié de pas mal de jours fériés ouvrants des ponts et une météo maussade qui ont fait venir beaucoup de monde aux Bassins. Ils sont aujourd’hui le site culturel le plus visité de Bordeaux et même de la Gironde.

Ça y est, les années Covid sont enfin derrière vous ?

Oui, enfin ! Avec cette petite nuance que les visiteurs étrangers les plus éloignés, comme les Chinois, ne sont pas encore de retour. Même si leur nombre a quand même augmenté cette année, la fréquentation reste à 75 % assurée par des Français.

Les Bassins des Lumières sont aujourd’hui le site culturel le plus visité de Bordeaux et même de la Gironde. »

Au regard de cette courbe évolutive, peut-on s’attendre à un record de visites en 2024 ?

Non, la fréquentation devrait se rapprocher de celle de 2023, avec plus de 750 000 visiteurs. L’été a mis beaucoup de temps à démarrer avec des vacanciers et des touristes qui ne sont arrivés que fin juillet. L’effet Jeux olympiques, peut-être ? Et même si depuis octobre « Le Petit Prince » cartonne, on ne rattrapera pas ce moment important que reste l’été.

Prolongation pour « Le Petit Prince »

Plébiscitée, l’exposition immersive autour de l’œuvre la plus emblématique de Saint-Exupéry, présentée depuis le 18 octobre sera prolongée jusqu’au 29 janvier 2025. Durant les vacances d’hiver, le programme long sera diffusé tous les après-midi et à partir du 6 janvier 2025, toute la journée les samedis, et les après-midi les mercredis et dimanches.

Ces bons chiffres vous permettent pour la première fois d’afficher dans les comptes 2023 un résultat net positif.

En effet, cela nous permet de sortir la tête de l’eau. Après un investissement initial très lourd de quelque 15 millions d’euros.

164 000 euros de résultat net pour un chiffre d’affaires de près de 11 millions d’euros en 2023, cela semble peu toutefois.

Nous avons beaucoup d’entretien sur un site complexe. Auquel s’ajoute le renouvellement des vidéoprojecteurs — on en compte plus d’une centaine — et des enceintes. C’est de la très haute technicité. Il y a aussi une part importante dédiée à la production même qui, pour chaque programme, nécessite plus d’un an de travail. Sans compter les redevances à verser aux ayants droit pour les images et les musiques.

Ainsi que la redevance due à la Ville de Bordeaux qui s’élève, en 2023, à 803 000 euros.

Oui, c’est le principe de la délégation de service public. Mais c’est un lieu exceptionnel et atypique qui nous permet une totale immersion et offre à sublimer les images avec sa mise en eau permettant de jouer avec les reflets. Dans le groupe, la base sous-marine reste un des sites les plus visités (NDLR, Culturespace déploie un réseau de neuf sites dans le monde).

Quelles seront les orientations de 2025 ?

Une nouvelle programmation est annoncée à partir du 21 février autour de l’Égypte. Un programme long sur les trésors géographiques et culturels de l’Égypte des pharaons, avec des fresques, des sculptures, des bijoux balayant trois millénaires de civilisation. Le programme court sera, lui, dédié aux peintres orientalistes du XIX^e siècles, avec une mise en scène des tableaux de Gérôme, Ingres, Delacroix…
À partir de cette nouvelle programmation, les tarifs adulte, sénior et groupe vont aussi augmenter de 1 euro.

Vous aviez en projet un Festival des arts numériques. Pourquoi a-t-il été abandonné ?

L’idée était d’inviter différents studios d’art numérique à produire de nouveaux contenus et en faire une exposition autour d’un thème donné ; comme une compétition. Nous l’avons testé à Paris et il s’est révélé trop complexe à mettre en œuvre. Trop peu de studios maîtrisent ce gigantisme nécessaire au lieu, avec des fichiers extrêmement lourds à générer. Au final, le rendu était peu qualitatif. De plus, cela demandait énormément de tests préalables nous contraignant à restreindre l’accès au public. Cela devenait trop compliqué, même si, sur le papier, cela semblait une bonne idée.