« On peut lire la décision comme un moyen de faire pression sur le Qatar, principal pays médiateur »
Bonjour,
C’est une très bonne question. Cette décision était dans l’air, sans être exécutée, depuis des semaines. Une loi dite « loi Al-Jazeera », même si elle ne nomme pas la chaîne, a été votée à une très large majorité par la Knesset le 1er avril. Son objectif est d’arrêter la diffusion en Israël de tout média étranger qui serait considérée comme portant atteinte à la sécurité de l’État. C’est Al-Jazeera qui a été prise pour cible. Sa couverture de la guerre dans la bande de Gaza, où il est le seul média international présent, et dans les territoires palestiniens, est depuis des années le principal élément du conflit.
Mais c’est une première dans l’histoire de l’État juif et une très mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse. Israël rejoint les régimes autoritaires qui limitent la liberté de la presse, notamment les autocraties arabes qui ont attaqué cette chaîne.
Mais nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger sur le sens du timing. Pourquoi maintenant ? Il s’agit aussi sans doute de faire pression sur le Qatar, propriétaire de la chaîne. Israël et le Hamas semblaient proches d’un accord sur la cessation des hostilités et la libération des otages il y a quelques jours, mais les déclarations de Netanyahu annonçant son intention d’envahir la ville de Rafah, quelle qu’en soit l’issue, ont conduit le Hamas à durcir ses exigences pour garantir que les Israéliens les forces n’entreraient pas dans la ville. On peut lire la décision de fermer la chaîne qatarie comme un moyen de faire pression sur le Qatar, principal pays médiateur dans ces négociations, pour qu’il mette fin à cette médiation ou fasse pression sur le Hamas.