Arrêter de boire, c’est réservé à ceux qui boivent beaucoup ? Comment se passe le fait d’arrêter de boire quand on vient d’une famille où il est normal de consommer de l’alcool, même dès le plus jeune âge ? C’est l’histoire de Corine, 63 ans, qui nous raconte sa relation avec l’alcool dans ce nouvel épisode de Sobre.
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Je viens d’une famille où il était normal de faire boire les enfants.
Quand j’étais petite, mon père versait un peu de liqueur de pêche dans mon biberon le matin pour l’aromatiser et il disait que cela nous détendait. Nous étions certainement plus calmes !
Plus tard, à l’adolescence, il était normal qu’à table, avec mes frères et sœurs, en famille ou lorsque mes parents recevaient des amis, on boive.
C’était un verre de vin, et cela n’a choqué personne, car mes parents buvaient aussi beaucoup. Mais comme aujourd’hui, certaines personnes boivent de l’eau ou du café.
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Prendre conscience
Je viens du Berry, près de Châteauroux, et c’est en quittant ma ville natale pour faire mes études en région parisienne que j’ai compris que tout cela n’était pas normal. Aujourd’hui, je pense que c’est une question de génération. Mes parents et ma famille avaient cette habitude, et il n’y avait rien de mal à cela à leurs yeux.
En arrivant en région parisienne, j’ai compris plusieurs choses. La première est que je n’aime pas trop le goût de l’alcool. Ayant moins d’occasions de boire, j’ai naturellement réduit ma consommation.
Chez mes parents, il y a encore des caisses de vin dans la cuisine, c’est normal. Chez moi, on ne trouve pas d’alcool. Plus tard, j’ai rencontré mon mari qui, contrairement à moi, vient d’une famille qui ne boit pas d’alcool ou en boit très peu. Il a été très surpris de voir la consommation d’alcool de ma famille, et m’a fait comprendre que ce n’était pas normal.
Nous avons eu 3 enfants, aujourd’hui adultes, à qui nous avons essayé de montrer qu’on pouvait s’amuser sans boire, être heureux sans boire.
Surtout, on leur a rapidement expliqué que la consommation de leurs grands-parents et de certains oncles et tantes n’était pas la norme, qu’elle appartenait à une manière de faire d’un autre temps.
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Aider les personnes qui souffrent d’addiction
Rencontrer mon mari et pouvoir m’éloigner de mon environnement m’a vraiment aidé à prendre conscience des problèmes d’addiction, c’est pourquoi je n’ai jamais fumé de cigarettes non plus. Et je n’ai jamais eu d’addiction, comme celle au jeu.
Cela dit, cela m’a aussi donné envie de m’impliquer dans des associations qui viennent en aide aux personnes aux prises avec une addiction.
Il y a une sorte de pudeur dans ma famille, ce qui fait que je n’ai jamais confronté mes parents et mes frères et sœurs à propos de leur consommation d’alcool. Je ne pense pas que j’oserais.
D’ailleurs, ils nous « reprochaient » souvent de ne pas boire, en nous disant que nous étions trop rigides. Ce qui prouve que je n’aurais pas pu leur dire quoi que ce soit. Ma mère m’a même reproché un jour d’être devenue « trop parisienne ». Aujourd’hui, mes parents ont 93 et 96 ans et ils boivent encore régulièrement, mais seulement un petit verre. Ils n’ont pas eu de problèmes de santé en particulier, ce qui ne me prouve pas que l’alcool ne soit pas un problème, bien au contraire.
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